Procès Sankara l Un témoin menace de révéler des secrets de Diendéré : « Vous vous amusez avec la vérité »

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Le procès sur l’assassinat du Capitaine Thomas Sankara et ses 12 compagnons le 15 octobre 1987 se poursuit ce jeudi 16 décembre 2021. A la barre, le témoin Louis Yaméogo a terminé sa déposition.

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Face aux questions des différentes parties, Louis Yaméogo a souligné que c’est le manque de constance et de préparation de l’armée burkinabè qui a entrainé l’insécurité que connait le « pays des Hommes intègres ».

Revenant sur les évènements du 15 octobre, le témoin a souligné qu’il y a eu une préparation. Un autre fait marquant de sa déposition a été la confrontation avec le Général Gilbert Diendéré.

Si le témoin affirme que le Général l’a informé que le Caporal Koné a été fait, l’accusé lui soutient le contraire. Pour ce dernier, c’est le témoin qui a émis des inquiétudes qui ont conduit à l’arrestation du Caporal Koné puis son transfert à la MACO. C’est de là qu’il est décédé, selon les propos du Général.

« Je ne sais pas grand-chose. J’ai été surpris comme tout le monde »

A l’endroit du Général Gilbert Diendéré, le témoin a déclaré : « Vous vous amusez avec la vérité ». Il faut noter que le témoin a menacé de révéler des secrets du Général avec le RSP avant que le juge ne mette fin aux échanges entre les deux hommes.

A la suite de Louis Yaméogo, c’est le Soldat de 1ère Classe à la retraite Sacré Sinaré qui est passé à la barre. Il faut noter que le tribunal n’a pas tiré grand-chose de sa déposition. Une situation qui a conduit le juge à attirer l’attention du parquet qui l’avait cité comme témoin car « il ne sait rien », selon ses propos.

Même situation avec le prochain témoin. « Je ne sais pas grand-chose. J’ai été surpris comme tout le monde », a laissé entendre l’Adjudant à la retraite Karim Sankara. Selon ses explications, il a été arrêté le 17 octobre pour n’être libéré qu’en aout. En 1989, il part en exil quand il était recherché pour tentative de coup d’Etat. Sur sa détention, il a affirmé avoir subi des tortures morales.

Il a fallu attendre le passage de Fidèle Kidienga à la barre pour avoir un témoignage consistant. Selon l’administrateur civil à la retraite et chef du cabinet des affaires politiques du président Sankara à l’époque, des rumeurs courraient dans toute la capitale.  

« On n’est pas là pour s’amuser »

Il a même signifié à la cour qu’un de ses parents l’a conseillé de ne plus aller travailler car des évènements devraient se produire à la présidence. Et ce, une semaine avant les faits. Il a précisé qu’à l’issue des évènements du 15 octobre, son parent en question s’est retrouvé proche du Général Diendéré.

Sur ses relations avec le Capitaine Thomas Sankara, le témoin a souligné qu’elles étaient bonnes. « La seule fois où je me suis ouvert à Sankara (ndlr sur les rumeurs et les menaces), il m’a demandé si j’avais peur (…) Il m’a demandé que qu’est-ce qu’on croyait quand on disait le point fermé, la patrie ou la mort, nous vaincrons », a-t-il dit.

Il a aussi signifié que le président Sankara a dit qu’il ne se voyait pas vieillard dans les rues de la capitale en tant qu’ancien président. Revenant sur sa localisation exacte, le jour du 15 octobre Fidèle Kidienga a indiqué qu’il était vers Barsalagho pour voir une vielle femme avec des pouvoirs mystiques.

A une question du parquet de savoir si le coup d’Etat du 15 octobre aurait pu être motivé par des raisons régionalistes, le témoin a répondu par l’affirmative. Il confirme alors les propos du parquet qui cherchait une instrumentalisation de Blaise Compaoré par les autorités coutumières. Fidèle Kidienga a aussi reconnu qu’ils sont allés un peu fort lors de la révolution.

Pour se démarquer du lot, le témoin suivant ne se souvient même plus de son grade au moment des faits. Entre Sergent et Sergent-Chef, l’Adjudant-Chef à la retraite Bomori Ouattara a reçu une mise au point du juge qui lui a signifié qu’ « on n’est pas là pour s’amuser ». Sur les évènements du 15 octobre, le témoin a souligné qu’ils étaient à la base de l’ETIR (l’Escadron de Transport et d’Intervention Rapide) à Kamboinsé.

« Le président est mort le point fermé »

Informé qu’il y avait des tirs à Ouagadougou, le Lieutenant Elysée Sanogo selon les propos du témoin a instruit les équipes de se changer et de prendre position à Pabré. Il affirme que c’est au petit matin de retour à la base qu’ils ont appris la nouvelle. Sur la mort du commandant de l’ETIR, Bomori Ouattara affirme ne rien savoir. « Je ne sais pas comment il est mort », a-t-il martelé.

A sa suite, c’est le Capitaine à la retraite Adama Nacro qui s’est présenté face au juge. Pour lui, les rumeurs d’une attaque du conseil de l’attente par l’ETIR, sont fausses.

La dernière déposition reçue par le juge avant la pause a été celle d’un ancien détenu de la MACO. Le témoin Kouma Ilboudo faisait partie des détenus qui sont allés inhumer les corps du Capitaine Sankara et ses camarades. « C’est nous qui les avons enterrés à Dagnoën », a-t-il martelé. Un détail marquant dans sa déposition a été quand il a annoncé que : « le président est mort le point fermé ».

Il a ensuite expliqué que les chaussures et les objets personnels du Capitaine Sankara ont été enlevés le jour-là. « Les chaussures, c’est Kouakou qui les a enlevées. Moi j’ai enlevé la bague et la ceinture », explique-t-il. Le juge s’est alors interrogé sur le fait qu’il n’ait pas été poursuivi pour avoir volé la bague du président Thomas Sankara.

Basile SAMA

Burkina 24

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