Cinéma : Zoom sur Abdul Aziz Diallo, un grand bosseur dans l’ombre !

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Le métier de directeur en photographie est l’un des métiers qui est en boom avec l’essor du numérique. La demande est de plus en plus forte, et ils sont nombreux à s’y intéresser. Etant un travail dans l’ombre, certains arrivent à rompre le silence et tendent à traverser les frontières de l’Afrique. Abdul Aziz Diallo, ce nom n’est pas un secret pour ceux qui ont suivi les films Cacao, Invisibles, Les trois Lascars et bien d’autres. Avec ses bijoux que sont les caméras, il n’a pas tardé à s’imposer dans le secteur de la photographie. Aujourd’hui, les caméras de Abdul sont entre deux films, ce qui fait de lui un directeur de la photographie xxl dans la sous-région. Venu dans le cadre d’un tournage au pays des Hommes intègres, Abdul s’est prêté au micro de Burkina 24. Dans les lignes qui suivent, il décrit son amour inconditionnel avec les caméras.


Burkina 24 : C’est quoi le métier de directeur de la photographie ?

Abdul : Pour faire simple, le directeur de la photographie, c’est le responsable de l’image et de l’esthétisme d’un film. C’est lui dans la plupart des cas qui va être responsable des prises de vue, donc c’est lui qui est derrière la camera et c’est lui aussi qui va définir un peu les différents systèmes d’éclairage qu’il faudra pour mettre en lumière une scène. C’est un artiste technicien.

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Burkina 24 : Comment s’est passé votre début dans le métier de directeur de la photographie ?

Abdul : J’ai suivi le chemin académique normal. Après le baccalauréat, j’ai intégré une prestigieuse école de cinéma africaine, après mes trois années d’études, j’ai été embauché dans une boite de documentaire et de communication pour le développement. Ces deux années m’ont permis de développer mes compétences de cadreur.

Donc je dirai que  j’ai passé deux ans  d’apprentissages, deux ans d’exercices qui m’ont permis d’être quand même un cadreur qui n’a peur de rien maintenant. Après ce passage, j’ai travaillé beaucoup dans la fiction notamment ici avec des longs métrages comme La Villa Rouge avec Boubacar Diallo. Ici, j’ai fait beaucoup de fictions, quelques publicités, quelques documentaires. J’ai pratiqué, pratiqué et voilà, ce qui m’a permis d’être où je suis.

Burkina 24 : Pourquoi avoir choisi d’embrasser ce métier ?

Abdul : Je ne vais pas vous raconter un conte de fée, dire que depuis tout petit je voulais faire le cinéma, non, ce n’est pas ça. C’est vrai que moi j’adorais les images, depuis tout petit, mon papa aimait acheter des appareils photos, des caméras et tout.

C’était le temps de la pellicule et moi j’aimais vraiment gaspiller la pellicule. Je passais mon temps à prendre en photo des gens qui sont en train de manger, pas des photos normales où on va dire souriez et tout, non.

Moi j’étais tout le temps le petit qui se cache pour prendre les photos. J’avais un oncle qui était cameraman et j’étais impressionné à chaque fois quand il tenait la camera. Je te parle d’un truc que j’avais 8, 7, 9 ans. Pour moi, la camera était un outil magique qui te permettait de revivre des évènements passés à n’importe quel moment.

Burkina 24 : Depuis combien de temps exercez-vous dans ce domaine ?

Abdul : Je suis le genre de personne qui avance, qui avance, mais je vais dire que ça fait 10 ans. Je pourrais dire un peu plus encore mais ça fait 10 ans parce que pour moi, ta carrière professionnelle commence après les études, mais c’est sûr que quand j’étais à l’école, on faisait des stages pratiques, souvent on avait des petits jobs pendant les vacances mais je préfère dire que ça fait 10 ans aujourd’hui.

Burkina 24 : Est-ce qu’on peut dire que le métier nourrit son homme ?

Abdul : Moi je répondrai rapidement en disant oui. Oui, parce que moi je vis de mon métier, je ne fais rien d’autre. Je suis directeur de la photographie, je travaille dans le cinéma et l’audiovisuel et j’arrive à vivre de ça, j’arrive à faire des choses, j’arrive à monter d’autres business juste avec cette base. Donc oui pour répondre à la question.

Burkina 24 : Quelques films sur lesquels vous avez travaillé

Abdul : On peut citer Les trois lascars, Les coups de la vie, Une vie de rêve, Un président au maquis, Le prix de la séduction, Hakilitan, mais les films qui m’ont vraiment marqué, il y a eu Fabiola je pense que Fabiola c’était la première série que je faisais en tant que directeur photo.

Il y a eu Invisibles, qui a été la première grosse série compliquée physiquement, émotionnellement parce que c’était la série la plus longue que la majeure partie de l’équipe technique ait eu à faire dans leur carrière professionnelle. Il y a eu Cacao, c’est une série que je ne peux pas oublier parce qu’on a traversé plein de choses là-bas.

Burkina 24 : Quelles sont vos stratégies d’attraction de la clientèle ?

Abdul : Il y a plein de chefs operateurs qui vont dire qu’ils sont très actifs sur les réseaux sociaux, ils ont leurs pages professionnelles et tout ; c’est normal, mais moi je suis un peu fainéant là-dessus. C’est vrai que ça peut jouer contre moi.

Moi, honnêtement je pense que c’est mon travail qui fait ma publicité, parce que quand j’analyse tout ce que j’ai eu à faire comme boulot, c’était soit j’avais été recommandé par quelqu’un, avec qui j’avais travaillé avant. Je travaille avec X aujourd’hui, après il connait Y, il va dire : Y écoute j’ai bossé avec Aziz, il est sympa, il est bon, essaie-le, tu vas voir ».

Ça se passe comme ça de fil à aiguille, tu bosses comme ça avec des gens. Les gens sont mieux placés pour le dire mais je le dis tout le temps, si tu veux progresser, si tu veux avoir plein de contacts, si tu veux avoir un réseau bien costaud, il faut être techniquement et humainement bon, parce qu’être bon techniquement, je pense que ça ne suffit pas.

Ça va suffire à te faire bosser sur un film avec une production donnée, mais si humainement tu n’es pas bon, c’est sûr que la personne ne va pas rebosser avec toi.

Burkina 24 : Quels conseils vous prodiguez à quelqu’un qui veut embrasser cette profession ?

Abdul : Le premier conseil, je vais lui dire de chercher un autre boulot. Mais sérieusement si je sens qu’il a la volonté je vais lui dire de tout faire pour nourrir cette volonté, de ne pas laisser éteindre cette volonté. Le chemin, il est parsemé d’embuches, il est parsemé d’épines, donc il faut avoir la volonté et pour avancer, il faut avoir le courage, il faut avoir le courage d’apprendre, la volonté d’apprendre. 

Pour moi, ce sont deux mots différents, si tu as la volonté d’apprendre quelque chose et que tu n’as pas le courage, tu peux baisser les bras à un moment. Faut avoir la volonté, faut avoir le courage, il faut être gourmand en connaissance. Il faut regarder beaucoup, beaucoup de films, à la limite il faut avaler les films comme on boit de l’eau.

C’est tout ça qui va t’aider à bâtir une base. Si vous avez la possibilité, la première des choses c’est de vous inscrire dans une école ou dans un centre de formation pour apprendre, parce que c’est vraiment, vraiment important.

Burkina 24 : Vos projets ?

Abdul : Mes projets dans le milieu, c’est de faire de la meilleure des manières possible mon travail pour impacter sur tous ceux qui aspirent à faire le même boulot que moi, le même métier que moi.

Pour moi, je me dis qu’on est des exemples à suivre, même si on n’est pas des vieux et tout, on est encore jeune, quand tu as ça dans la tête, tu te dis que tu n’as pas droit à faire d’erreurs en fait.

Parce que si tu fais une erreur, tes petits frères ou petites sœurs vont regarder ça et ils vont se dire il a fait une erreur donc c’est  normal et nous aussi on doit faire. Non ! Donc je me bats pour ca, je me bats pour que mes collègues techniciens surtout encore mes petits frères et petites sœurs aient à l’avenir des meilleures conditions de travail, qu’ils soient respectés.

Burkina 24 : Votre dernier mot ?

Abdul : Mon dernier mot, je veux qu’on soit soudés, par exemple à travers certaines associations comme l’ACCAB, à travers aussi la fédération des cinéastes burkinabè.

Il faut qu’on arrive à être soudés, il faut qu’on arrive à fédérer toutes les énergies de tout un chacun pour briller encore plus, pour que la lumière du cinéma burkinabè brille encore plus. Il faut qu’on arrive à éblouir le monde entier, on a les compétences, on a tout ce qu’il faut.

Interview réalisée par Sié Frédéric KAMBOU

Burkina 24

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