Procès Thomas Sankara : « De la parodie », selon Maître Moumouny Kopiho
Suspendu le 3 mars 2022, le procès Thomas Sankara a repris ce mardi 22 mars 2022 après la réponse du Conseil Constitutionnel sur l’exception d’inconstitutionnalité soulevées par des avocats de la défense. Les plaidoiries de la défense ont donc débuté.
Avant l’entame des plaidoiries, les avocats de la défense ont tenu à faire part de leur constat sur le déroulement de la procédure depuis l’instruction du dossier. Les avocats de la défense s’interrogent sur la notion de l’ultime conviction, la question de preuve et la valeur des témoignages.
Des doutes ont été exprimés du fait que « les souvenirs de beaucoup de témoins se sont effrités au fil du temps dû à la durée des faits qui remontent au 15 octobre 1987 ». Pour maître Abdoul Latif Dabo, l’ultime conviction ou l’appréciation personnelle doit être prouvée par la preuve. Comme pour dire la majorité ne fait pas la vérité, pour maître Abdoul Latif Dabo, « la vérité ne réside pas dans le nombre de témoignages ».
Maître Issiaka Ouattara a ouvert le bal des interventions au compte de son client Diébré Alidou Christophe, poursuivi pour les faits de faux en écriture publique pour avoir délivré un certificat de décès au nom de Thomas Sankara en 1988 en y mentionnant mort naturelle comme cause de décès.
L’accusé a été acquitté par le Ministère public. Son avocat a donc plaidé pour la libération de son client pour l’infraction non constitué. « Jean Alidou voulait juste rendre service à des dames qui sont venues lui demander de l’aide. Donc il n’avait pas d’intention coupable », a-t-il indiqué.
Après Issiaka Ouattara, maître Moumouny Kopiho et Aliou Diakité ont plaidé pour le médecin militaire Kafando Hamado, aussi qui était poursuivi pour faux en écriture publique pour avoir établi l’acte de décès de Compaoré Bonaventure en y mentionnant mort accidentelle.
Pour le conseil de Kafando Hamado, les faits sont prescrits et l’infraction non constitué. Il demande alors d’acquitter définitivement leur client. Maître Mamadou Coulibaly, avocat de Belemlilga Albert, maitre Olivier Somé, avocat de Deme Djakalia et maitre Nébié Victoria, avocate de Tibo Ouédraogo ont successivement demandé d’acquitter définitivement leur client, tous déjà acquittés par le parquet.
Maitre Moumouny est revenu à la charge au compte de son client Palm Mori Aldjouma Jean-Pierre, dont le parquet demande une condamnation de 11 ans de prison avec sursis pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat. Mais pour l’avocat il n’y a aucune preuve matérielle ni morale contre son client. Maitre Kopiho tout comme maitre Niébé doute que le procès ne puisse apporter la vérité afin d’apaiser les familles des victimes.
« Il n’y a ni d’élément matériel ni moral dans ce dossier contre les accusés. Je suis outré, je suis plein de colère que j’ai envie de déverser sur vous si j’en avais les moyens », s’est-il adressé au président du tribunal qui selon lui a la lourde tache de rende la dernière décision.
Pour Moumouny Kopiho, le dossier est devenu un fonds de commerce pour certains. L’avocat crie à la manipulation et traite le procès de comédie. « C’est de la parodie. Le dossier Thomas Sankara a fait sortir des gens de leur maison à Bilibambili pour les mettre dans des duplex », a-t-il lancé.
Akim KY
Burkina 24
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