Tribune : « Les raisons du sentiment anti-français en Afrique de l’Ouest »
Ceci est un écrit de Grégoire Cyrille Dongobada, observateur militaire africain, chercheur en études politiques, sur l’actualité en Afrique de l’Ouest.
Récemment, la présence française sur le continent africain alimente un sentiment de grief de plus en plus répandu, en Afrique de l’Ouest en particulier.
Sur le continent, les scènes d’hostilité à la présence des forces françaises se multiplient. Des manifestations de défiance bien commodes pour certains dirigeants africains, peu enclins à s’interroger sur leur rôle dans l’échec de la lutte contre le djihadisme.
Ce sentiment a été apparu ces derniers temps suite aux échecs consécutifs des Français malgré leur présence militaire massive et soutenue avec plus de 5 000 soldats déployés. La France n’a pas été en mesure de vaincre de manière décisive la menace des djihadistes, dont les attaques contre les communautés locales et les forces de sécurité se poursuivent.
L’ancienne puissance coloniale est accusée pêle-mêle de faire et défaire les pouvoirs en Afrique, de maintenir les pays sous sa tutelle économique via le franc CFA et d’être inefficace, voire complice des djihadistes qui endeuillent le Sahel.
Ces sentiments semblent avoir motivé les manifestants qui ont bloqué le convoi de l’armée française. Le mois dernier, un convoi de troupes françaises se dirigeant vers le nord pour soutenir la lutte contre les militants islamistes a été bloqué à plusieurs reprises par des manifestants alors qu’il traversait le Burkina Faso et le Niger.
La défaillance de la présence française au continent a poussé les autorités et les peuples à manifester le sentiment anti-français croissant en raison de la politique coloniale, et prend de réviser leurs accords arrêter la coopération tels que la RCA, le Burkina Faso, et le Mali récemment.
Dernièrement, le scénario du retrait de la présence française est désormais sérieusement envisagé et le sentiment n’est toutefois pas récent, la région trouve ses racines dans une histoire coloniale tourmentée, et s’est renforcé ces derniers mois après des déclarations incendiaires de leurs gouvernements. A plusieurs reprises, des personnes tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire en français : « La France sort » lors des manifestations contre la présence française et onusienne en Afrique.
En Afrique de l’Ouest, un nombre croissant de jeunes considèrent le bloc régional comme un club de présidents en exercice, trop lent pour critiquer les dirigeants civils qui manipulent les règles démocratiques et peu disposés à reconnaître la force du soutien populaire aux chefs militaires promettant des réformes.
Grégoire Cyrille Dongobada
Observateur militaire, chercheur en études politiques
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