Laurentine Moni Sona, une Congolaise à plusieurs casquettes à Ouagadougou
Venue au « Pays des Hommes intègres » par la simple curiosité de découvrir d’autres nouveaux cieux, autre que la République démocratique du Congo (RDC), Laurentine Moni Sona vit au Burkina Faso depuis plus de dix ans. Cette dame, mère d’une fille et détentrice d’un master en lettres et sciences humaines à l’Université de Kinshasa, s’est convertie en confectionneuse des colliers de femmes, des sandales et des sacs. Un talent hors pair que Burkina24 a dépisté pour ses nombreux lecteurs à travers le monde.
Originaire de la RDC, Laurentine Moni Sona est devenue presque une « Burkinabè », si on peut le dire ainsi. Elle vit au Faso depuis 2012. Laura, car c’est comme cela qu’on l’appelle ici, a été prise au piège de l’hospitalité légendaire des Burkinabè. Cette Kinoise (habitant de Kinshasa) ne se voit plus retourner dans son pays. Bien qu’elle y va de temps en temps, le Burkina est devenu son deuxième pays, pour ne pas dire son premier pays.
Elle a même tenté un processus de sa naturalisation qui tarde encore. Mais ce n’est pas l’objet de notre reportage. Ensemble découvrons comment, cette Congolaise a pu réussir son intégration en devenant confectionneuse de colliers, des sacs et des sandales pour dames.
Laura nous révèle que l’art, c’est quelque chose qui coule dans ses vaines. Et qu’elle a toujours été attirée par celui-ci. Passionnée, arrivée à l’Université de Kinshasa, Laura s’intéressera à l’histoire culturelle de son pays, la RDC. Raison pour laquelle, elle a opté pour le département des lettres et sciences humaines.
Ses colliers en perles lui manquaient
L’amour de Laura pour les perles et les colliers date de longtemps. Lorsqu’elle arrivait au « Pays des Hommes intègres », elle ne se retrouvait pas vraiment. Ses colliers en perles lui manquaient pour compléter son look…
N’oublions pas que les Congolais sont réputés pour aimer la sape, et tout ce qui va avec. Comme c’était rare de trouver ce genre de colliers, un jour, une de ses connaissances l’emmène à un coin où elle pensait trouver des colliers.
Mais que dalle ! Néanmoins, elles trouveront des perles avec lesquelles l’on se sert pour concocter des colliers. C’est ici que l’idée de façonner des colliers effleurera l’esprit de Laura. Ne sachant que faire, un jour, elle sera orientée vers un formateur pour s’affiner. Sans tarder, elle se lance. Pour l’instant, Laura ne veut que se faire plaisir et ne se voit pas en train de faire de la fabrique des colliers une activité génératrice de revenus.
« J’ai rencontré quelqu’un qui était dans le domaine qui a accepté de me former. Là, j’ai fait une formation de trois mois. Vraiment au début, c’était pour moi-même que je le faisais. Mais quand je sortais et que je mettais ça (collier, Ndlr), les gens me demandaient où j’en avais trouvé. Et quand je leur disais que c’est moi-même qui le faisais, on ne me croyait pas. C’est comme ça que les intéressées demandaient d’en faire pour elles », élucide-t-elle.
La demande s’accentuait !
La demande s’accentuait ! Les gens, les femmes en particulier en demandaient. C’est ainsi que Laura va s’impliquer à produire des colliers. A ce jour, elle ne fabrique plus que des colliers, mais aussi des sacs et des sandales pour dames. Elle dispose d’une boutique où elle vend ses articles au quartier Dassasgho de Ouagadougou.
Les prix des colliers chez Laura commencent à 3000 francs CFA. Il y a des colliers de 10 000 FCFA ou plus. Mais les prix, justifie-t-elle, se discutent en fonction du modèle. Les femmes savent un peu plus de ce que nous parlons, car c’est leur domaine.
« Au début, ce qui m’avait attirée, c’était la confection des colliers. C’était aussi ça la formation que j’avais bénéficiée. Là où je faisais ma formation, il y avait deux modules. Suivant la modalité de paiement, on pouvait travailler avec le matériel du formateur ou par votre propre matériel.
Et moi, j’ai opté de faire la formation avec mon propre matériel. Ce qui me permettait de reproduire ce que nous faisions pendant la formation à la maison », confère-t-elle en signifiant que c’est ce qui a facilité sa formation, car elle reprenait tous les travaux, une fois qu’elle était à la maison.
De la confection des colliers à la confection des sacs et des sandales…
Les femmes aiment bien accorder leur habillement. Que le vêtement ait des traits avec le sac et même avec la chaussure. Étant femme, c’est cette vision qui a poussé Laura à s’intéresser à la confection des sacs et des sandales.
« En fait, je me suis lancée dans la confection des sacs car je voyais déjà la combinaison : sac, chaussure et collier. Ça complète votre habillement. Vous paraissez élégante. Et je me suis dit pourquoi, ne pas oser ; et c’était parti », complète-elle.
Laura a appris à jouer avec des perles et ressortir quelque chose de beau et d’attirant. Elle reproduit les couleurs nationales de certains pays à travers les colliers qu’elle tisse. Selon ce que la cliente lui demande. Concernant les matières premières, elle s’approvisionne sur place à Ouaga. Mais les qualités des perles diffèrent. Ce qui fait que les prix des colliers ne sont pas identiques comme, elle l’a dit ci-haut.
« Les prix des colliers dépendent aussi de la qualité des perles. Parce que sur le marché, il y a des perles qui viennent de la chine, il y a des perles traditionnelles qui viennent du Mali et du Niger », éclaircit-elle. Hormis de bouche à oreille, Laura capture ses clientes sur les réseaux sociaux également.
Des sacs avec trousse à 25 000 FCFA
Comme dans les autres secteurs, le covid-19 a impacté son activité. Avec les restrictions, il n’y avait plus d’expositions. Pourtant ce sont des périodes de vaches à lait pour ce genre d’activités. Elle a des clients en Europe et même à Kinshasa qui lui passent des commandes un peu plus souvent.
« Avant la pandémie, nous exposions nos productions. Et quand vous exposez, vous avez assez de clientes nationales comme internationales mais les mesures restrictives qui s’en sont suivies ont eu un impact vraiment négatif sur nos productions », déplore-t-elle.
La grande difficulté pour Laura, c’est au niveau de l’écoulement de ses produits. Mais elle y arrive quand-même. Concernant les sacs, il y a ceux avec une trousse qui coûtent 25 000 francs FCA et les simples sans trousse se vendent à 22 500 FCFA. Pour les sandales également, il y a deux modèles. Les sandales de simple modèle reviennent à 10 000 francs CFA et celles qui sont fermées sont à 12 500 FCFA.
Restaurant, « Moni Faso, la Congolaise » (Contact : +226 77321106)
Laura c’est une femme à plusieurs casquettes. Elle exerce aussi dans le fret où elle fait expédier les colis Ouaga-Kinshasa. En plus de cela, elle a un restaurant, « Moni Faso, la Congolaise ». Elle fait plusieurs spécialités : congolaise, burkinabè et ivoirienne… Le tout à partir de 1000 francs FCA.
Pour la confection des colliers, elle se fait seconder par sa fille, Joyce Ndona. Comme sa mère, Joyce est passionnée de l’art et de la culture. En 2020, elle a été lauréate de la 3e édition de la compétition musicale des jeunes enfants, Star kids. Aider sa mère à fabriquer des colliers est avant tout un plaisir pour Joyce.
« Ça me fait tellement plaisir parce que j’aime beaucoup tout ce qui implique l’art et la culture. En plus d’être entièrement fait à la main, j’aime surtout l’aspect toujours plus créatif qui peut devenir additif lorsqu’on innove sur les mélanges des couleurs de différents types de perles », ajoute-t-elle en concluant que son rêve c’est de voir les colliers de sa mère envahir les coups des femmes burkinabè en particulier et africaines en général…
Willy SAGBE
Burkina24
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