Ici Au Faso : Djénébou, l’amazone des galettes en face de Orange Burkina
Le mois de jeûne musulman est le mois de la galette par excellence. Durant cette période, beaucoup de femmes s’adonnent à cette activité pour soulager les jeûneurs. Très souvent, après le mois de pénitence, les vendeuses de galettes improvisées rangent leurs matériels de galettes pour vaquer à d’autres occupations. Par contre, certaines en ont fait leurs métiers, et à Ouagadougou, l’un des précurseurs dans le domaine est Djénébou Thiombiano. Elle officie avec d’autres femmes en face du siège de la compagnie Orange Burkina à Ouagadougou et cela, depuis plus de deux décennies…
Rares sont les personnes qui arpentent la voie de Koulouba passant devant le siège de Orange Burkina Faso à partir de 15h sans apercevoir une marée humaine. Toutes ces personnes n’apparaissent pas par hasard. Elles sont là pour une cause. Se procurer les galettes de Djénébou Thiombiano. En effet, la vente de galettes est devenue son métier à part entière et elle vit de cela.
A écouter son histoire, la vente de galettes est une histoire familiale car chez eux, depuis des générations jusqu’à maintenant, toutes les femmes de la famille vendent des galettes. Cela leur permet d’être indépendante financièrement.
« C’était le travail de mes grands-mères. A l’époque pendant le jeûne, elles faisaient les galettes et distribuaient à des personnes âgées pour rechercher la bénédiction. C’est de là que tout est parti. C’est devenu une histoire familiale. Toutes les femmes de la famille font cela, que ce soit ici ou à Abidjan, nous faisons toutes », fait-elle savoir.
Djénébou Thiombiano explique être dans la vente de galettes depuis plus d’une vingtaine d’années. A l’entendre, son activité date depuis que le gaz n’était pas si vulgarisé, était donc un luxe. Pour se défendre, elle faisait ses galettes avec le bois de chauffe. Aussi vendait-elle ses galettes à 5F et 10F.
Toujours dans le même emplacement mais à la seule différence que l’urbanisme n’avait pas atteint ce paroxysme. Dame Djénébou gère une entreprise. Eh oui ! Ordinairement, elle affirme vendre au moins trois sacs de mil dans la journée et environ cinq à six sacs pendant le mois de jeûne musulman.
Étant une entreprise, Djénébou a des employés et aussi des membres de sa famille qui l’aident. Mine de rien, le travail de galettes est assez complexe. Il faut suivre une procédure et cela n’est pas donné à n’importe qui. « Il faut d’abord rendre propre le mil, ensuite enlever le son avant d’écraser pour avoir la patte et frire », détaille-t-elle.
Tout travail mérite un salaire
La problématique de la vie chère entrainant son corollaire d’augmentation du prix des denrées de première nécessité a mis à mal le rendement de beaucoup de commerçants qui se plaignent de jour en jour. Et dame Djénébou ne fait pas l’exception. Pour survivre malgré les difficultés, elle affirme avoir augmenté le prix de ses galettes et diminué aussi le volume.
« Certaines personnes disent que c’est petit. Mais ceux qui connaissent le marché ne se plaignent pas vraiment car ils connaissent les réalités. Actuellement nous achetons le sac de mil à 37.500F, on enlève le son à 2.500F, le transport fait 500F par sac, le sucre 30.000F, l’huile de 20l à 22.500F. Tous est devenu cher, même le tamarin. Les gens disent que c’est petit mais ce n’est pas de notre faute. Raison pour laquelle je fais l’unité à 25F. Quand tu fais un travail, c’est pour obtenir un bénéfice en retour et non le contraire », argue-t-elle.
Comme toute entreprise, celle de Djénébou Thiombiano essuie des difficultés et non des moindres. En effet, l’entreprise de notre amazone est dépourvue de local et cela pose d’énormes difficultés pendant la saison pluvieuse. En plus, elle relate être victime de jugement, voire de diffamation concernant ses activités.
Le travail bien fait est un médicament en soi
Ceux qui empruntent régulièrement la voie de l’entreprise de dame Thiombiano n’ignorent pas le monde qui y afflue pour les galettes. Cela devrait être un motif de satisfaction pour elle. Mais à travers ses dires, c’est comme si elle était victime de son succès. Ainsi, elle relate avec amertume que certaines personnes interprètent sa dévotion pour le travail bien fait au mysticisme.
« Les gens ne peuvent pas s’attrouper de telle sorte devant une vendeuse sans pour autant que cette dernière n’ait recours au maraboutage et autres ; voilà en substance ce que j’entends très souvent. Mais les gens font ce qu’ils veulent, moi je rends grâce à Dieu ». Et d’ajouter que lorsqu’on choisit de faire un travail, il faut le faire avec amour, dans le respect et surtout dans un cadre hygiénique approprié. « Cela est un médicament en soi », fait-elle savoir.
Grâce à ce que son entreprise génère, Djénébou assure qu’elle a investi dans divers domaines mais préfère garder ses acquisitions sécrètes. A noter qu’en plus des galettes, Djénébou vend également de la bouillie et du jus local. Et le tout en détail, mais aussi en gros pour les cérémonies. « Par exemple quand les gens ont des funérailles ou des douas, ils commandent les galettes et les gâteaux avec moi », ajoute-il.
L’entreprise de dame Djénébou, vu son emplacement qui en pleine bordure, n’est pas sans conséquence. En effet Ouagadougou est une ville en pleine mutation et toutes les voies sont beaucoup empruntées surtout pendant les heures de pointe et de descente.
Et les clients de Djénébou ne facilitent pas non plus la fluidité de cette voie. Etant très souvent acculée par rapport à cela, notre entrepreneure envisage aménager un local dans les alentours pour permettre à ses clients de stationner sereinement leurs engins pour ne pas troubler davantage le trafic…
Aminata Catherine SANOU
Burkina 24
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