Attention à ne pas enterrer le cadavre et laisser ses pieds dehors !

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La rencontre historique entre les anciens chefs d’État et le Président Paul-Henri Sandaogo Damiba aura finalement eu un Acte I et un Acte II. L’on se rappelle que le rendez-vous du 8 juillet avait été quelque part gâché par l’absence de Roch Marc Christian Kaboré, Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida, chacun pour des raisons diverses.

Ce jour-là, Blaise Compaoré, qui revenait pour la première fois au pays après 8 ans d’exil, avait quitté Kossyam sans prononcer publiquement le moindre mot. Mais l’on a désormais la certitude que l’enfant terrible de Ziniaré dont le retour au pays divisait à plus d’un titre ses compatriotes, avait préparé une déclaration à leur intention. Un document qu’il a dû sûrement ranger et ramener à Abidjan parce que les choses ne s’étaient pas passées comme prévu.

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Un peu plus de deux semaines plus tard, c’est une délégation ivoirienne conduite par le ministre-conseiller spécial de la Présidence ivoirienne, Ally Coulibaly, qui a apporté le 26 juillet au chef de l’État le message de l’ancien Président du Faso.

Cette lettre lue par le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, est un véritable Acte de contrition de celui qui a été condamné par contumace à la prison à vie pour l’assassinat du capitaine Thomas Sankara.

Une affaire personnelle et évolutive

« Je demande pardon au peuple burkinabè pour tous les actes que j’ai pu commettre durant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël Sankara. J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m’accorder leur pardon », peut-on notamment lire dans ce message qui date du 8 juillet.

Si celui que beaucoup rêvent de voir croupir derrière les barreaux, malgré sa méforme visible, espérait avec cette confession publique être absous de tous ses péchés, l’on peut dire que ce n’est pas encore le cas. Certes, il y a des Burkinabè qui apprécient le fait que l’ancien chef de l’Etat ait accepté de faire amende honorable et sont prêts à accepter sa demande. Ils sont tout aussi nombreux à émettre des réserves.

En plus de douter de l’authenticité de cet écrit, bien qu’on aurait pu penser que la présence de sa fille aux côtés du lecteur servait de caution d’authenticité, ils ne sont pas encore prêts à accepter sa repentance. Sont de ceux-là, les membres des familles des victimes du 15 octobre 1987 qui ont pour la plupart dénoncer la manière dont la demande de pardon de l’illustre exilé a été réalisée.

Mais le pardon étant une affaire personnelle et évolutive, rien n’exclut que le demandeur obtienne ce qu’il souhaite, s’il adopte la démarche conseillée par certains, à savoir se rendre dans les familles des victimes pour faire son mea culpa.

Enterrer aussi cette fameuse réconciliation ?

Mais pour l’heure, notamment les ayant-droits de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons d’infortune ont le sentiment que le pouvoir veut leur forcer la main en leur imposant une réconciliation au forceps avec, éventuellement à la clé, une amnistie ou une grâce présidentielle pour Blaise Compaoré.

Pour ne rien arranger à leur ressenti, l’on a appris que le gouvernement voudrait organiser l’inhumation des corps, lesquels avaient été exhumés pour les besoins de l’autopsie, le 4 août prochain au cimetière municipal de Gounghin. Une date, certes symbolique, mais qui n’aurait pas obtenu l’assentiment des familles qui préfèrent attendre le jugement en appel avant d’enterrer dignement leurs proches.

Mais s’il est vrai que les autorités veulent effectuer un « passage en force », l’on peut se demander ce qui se cache derrière cette précipitation. Le bon sens commande de faire les choses dans les règles de l’art pour ne pas enterrer le cadavre et laisser ses pieds dehors.

Et déjà qu’on accuse les militaires aux affaires de vouloir marcher sur des corps pour aboutir à la réconciliation nationale, ce serait tout simplement enterrer cette fameuse réconciliation, si d’aventure les restes de Thomas Sankara et de ses compagnons étaient remis sous terre sans l’accord des familles.

La Rédaction

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Rédaction B24

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Un commentaire

  1. Un aveu d’impuissance. Honte à tous ces gens qui ne connaissent que le principe de la violence. Certes ils sont entrain d’écrire une page de l’histoire du Burkina. Mais alors ce serait la page la plus lugubre que le pays des hommes intègres ait jamais connue.

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