Le genre, les jeunes et les communautés, au centre de la réponse contre le VIH et de la Conférence AIES 2022
Le temps est à l’action, aux engagements financiers et à une réponse concertée. À quelques semaines de la 7ème Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, le Partenariat qui fête cette année ses 20 ans, tire la sonnette d’alarme en matière de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Montréal – Ouagadougou – Dakar, mardi 2 aout 2022 – Plus de 9 500 personnes se sont donné rendez-vous, en personne à Montréal au Canada, du 29 juillet au 2 aout 2022 pour participer et assister à la 24èmeConférence internationale sur le VIH/Sida, première plateforme globale en matière de réponse contre la maladie.
Communautés, personnes vivant avec le VIH/Sida, décideurs politiques, médias, activistes et organisations de la société civile, sont unanimes, les progrès réalisés en matière de lutte contre le VIH/Sida sont au point mort. À l’échelle mondiale, le nombre d’infections s’est stabilisé à 1,5 million en 2021, soit le même chiffre qu’en 2020. À qui la faute ? La pandémie de la COVID-19 ? Certainement, mais avant même que celle-ci ne frappe tous les continents, le monde s’était déjà écarté de la trajectoire des objectifs de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
« Les progrès dans la réduction du nombre de personnes nouvellement infectées par le VIH ralentissent. Entre 2020 et 2021, le monde a connu la plus faible baisse annuelle des nouvelles infections à VIH depuis 2016. En 2021, les femmes et les filles représentaient la majorité des nouvelles infections en Afrique subsaharienne et plus de 3 nouvelles infections sur 4 chez les jeunes concernent des adolescentes et des jeunes femmes », a dit Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA.
Il est urgent d’agir. À cet effet, et peu après la cérémonie d’ouverture de la Conférence VIH, le Fonds mondial a organisé un session satellite, le 29 juillet 2022 intitulée « Lutter pour ce qui compte : maximiser l’équité pour la santé, l’égalité des genres et les droits humains dans la lutte contre le VIH ».
Ouvert par Peter Sands, Directeur exécutif du Fonds mondial, ce symposium est revenu sur les résultats obtenus, après 20 ans de mises à l’échelle des programmes et interventions du Fonds, mais également sur les défis restants et émergents. Deux panels, modérés par Maelle Ba, Responsable de la communication stratégique chez Speak Up Africa ont mis en évidence les partenariats probants mais aussi l’importance du leadership communautaire.
Farida Tiemtore, jeune activiste de 23 ans, Présidente des Héroïnes du Faso et récipiendaire du Fonds Voix EssentiELLEs, s’est également joint aux discussions sur le premier panel « 20 ans d’impact, qu’est-ce qui a marché et pourquoi ? », en ligne de son Burkina natal : « Face à l’urgence d’éradiquer le VIH/Sida, les Voix EssentiELLES du Burkina luttent pour ce qui comptent en sensibilisant, en informant, en renforçant le plaidoyer pour une meilleure prévention et riposte des jeunes filles et femmes face à la maladie et je suis convaincue que nous parviendrons à l’éliminer d’ici 2030 ».
Lancée en 2021 et forte de 35 organisations à bases communautaires dirigées par des femmes au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, l’initiative Voix EssentiELLEs, mise en œuvre par Speak Up Africa en partenariat avec le Fonds mondial et la Fondation CHANEL, vise à soutenir et stimuler l’impact des politiques et programmes de santé en assurant l’engagement des femmes et des filles, dans toute leur diversité, dans les espaces de prise de décision.
Cette initiative rentre en droite ligne avec la nouvelle stratégie du Fonds mondial « Combattre les pandémies et bâtir un monde plus sain et plus équitable », qui place les personnes et les communautés au cœur de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Lors du second panel « Quelles sont nos prochaines étapes et comment pouvons-nous nous assurer d’atteindre les Objectifs de développement durable ? ».
Grace Ngulube, Fondatrice de Youth Health Connect 360 et Ambassadrice du Fonds HERVOICE pour le Malawi, a réaffirmé l’importance d’un Fonds mondial entièrement financé « Le Fonds mondial nous invite toutes et tous à lutter pour ce qui compte. Je compte, vous comptez, les jeunes femmes comptent. Il est maintenant temps de le prouver. Financer le Fonds mondial, c’est montrer que nos vies ont de la valeur. J’espère qu’avec un financement significatif, nous pourrons faire plus pour lutter contre les inégalités de genres, défendre les droits des adolescentes et des jeunes femmes et veiller à ce que les filles soient exemptes du VIH. »
En 2021, l’augmentation du nombre de personnes sous traitement anti-VIH a été la plus faible depuis plus de dix ans. Bien que les trois quarts de toutes les personnes séropositives ont accès à un traitement antirétroviral, ce n’est pas le cas pour environ 10 millions d’autres, et seule la moitié des enfants séropositifs ont accès à des médicaments vitaux. La même année, la pandémie de sida a été responsable en moyenne d’un décès par minute, soit 650 000 décès dus au sida malgré l’existence d’un traitement efficace du VIH et d’outils pour prévenir, détecter et soigner les infections opportunistes.
Autour de Peter Sands, Farida Tiemtore et de Grace Ngulube, le Fonds mondial a également réunis les avis, expertises et commentaires de Son Excellence Stéphanie Seydoux, Ambassadrice pour la santé mondiale de la France, Dr Joe Phaahla, Ministre de la Santé de l’Afrique du Sud, Winnie Byanyima, Directrice exécutive d’ONUSIDA, Joshua Tabah, Directeur Général de la Santé et de la nutrition aux Affaires Globales du Canada, Dr. AngeliAchrekar, Coordonnatrice Adjointe principale au Programme Global VIH des États-Unis, Javier Hourcade Bellocq de la Délégation des communautés au Conseil d’Administration du Fonds mondial et enfin Lindsay Glassco, Présidente et CEO de Plan International Canada.
2022 est une année cruciale et marque un tournant dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Alors que les communautés ont fait preuve d’une résilience remarquable et ont modifié leurs programmes pour s’assurer que les personnes vivant avec le VIH et les populations clés ne soient pas laissées pour compte, leur engagement et détermination a clairement montré à quel point un soutien soutenu et accru de la part du Fonds mondial est nécessaire.
Le Fonds mondial a également fait preuve d’une flexibilité remarquable, et a agi rapidement pour aider les pays à renforcer leurs systèmes de santé, à accéder aux intrants d’urgence, à répondre à la COVID-19 et à ajuster leurs programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. L’avenir est incertain mais l’objectif est clair : le Fonds mondial doit être entièrement financé, avec au moins 18 milliards de dollars pour la période 2023-2025, « Si ce n’est pas nous alors ce sera qui ? Si ce n’est pas maintenant, alors ce sera quand ? », a ainsi conclu Peter Sands, Directeur exécutif du Fonds mondial.
Correspondance particulière
Pour Burkina 24
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