Ici Au Faso | Tourou Selaboy, styliste par amour et artiste musicien par passion
Goulla Azouma, plus connu sous le pseudonyme Tourou Selaboy, qui signifie (Esprit jeune dans l’évidence) en hébreu et en bissa, est un styliste modéliste, spécialiste en coupe et découpe. Avec sa marque et son showroom « Selah Design » situé à Kalgodin non loin de la pharmacie Katra, il propose une variété de vêtements en prêt-à-porter sur mesure pour hommes. Marié et père de trois enfants, ce jeune homme dynamique et passionné a la particularité d’allier le stylisme à la musique. Styliste par amour et artiste musicien par passion, Tourou Selaboy rêve grand pour son pays. S’inspirant de l’Ivoirien Gilles Touré, les grandes scènes du Burkina ne lui sont pas inconnues de même que celles internationales. Dans les lignes qui suivent, il nous parle mode et musique. Découvrons-le davantage !
C’est son amour pour la sape qui le conduit dans le métier de styliste. Grand sapeur de son état, Tourou Selaboy s’intéresse depuis très jeune à la couture. Dans un milieu où la concurrence est rude, il s’arme de courage pour vaincre l’adversité. Il va même à l’encontre de son géniteur qui, de prime abord, s’oppose farouchement au fait qu’il veuille apprendre un métier manuel. Il reçoit, par contre, le soutien sans faille de sa génitrice qui lui a même offert une machine à coudre.
« Je n’ai pas reçu de formation dans une école mais avec un couturier dans le quartier où je vivais. C’était un grand frère à moi que je visitais de temps en temps et c’est à partir de là que je me suis intéressé. Il m’a dit que ce n’est pas une chose facile mais si je tenais à apprendre vraiment il fallait que j’ai une machine à coudre. C’est comme ça que j’ai avisé ma mère qui me l’a offerte et j’ai commencé à appendre », explique-t-il.
Après deux ans d’apprentissage approfondi, il se rend à Abidjan afin de se perfectionner dans un atelier de prêt-à-porter. Plus tard, il est de retour au Burkina où il ouvre son atelier et commence à exercer de manière autonome et indépendante. Depuis maintenant dix ans, Tourou Selaboy mène son bonhomme de chemin dans l’univers de la mode dans sa terre natale et est le promoteur de la marque Selah Design.
Spécialisé dans la couture masculine, Selah Design propose des tenues pour hommes « ready to wear » dans toutes les tailles. Des pantalons, des chemises, des T-shirts, des ensembles tuniques, des ensembles 3 pièces, les gros boubous… Il offre par ailleurs la possibilité, à ceux qui le veulent, de se faire confectionner des tenues sur mesure et sur commande. Également, il est spécialisé dans les coupes garçonnes pour les dames.
Les particuliers, les hommes politiques, les personnalités publiques en passant par les artistes musiciens ou animateurs, chacun y trouve son compte à travers les réalisations de selah design. Ce féru de la mode laisse entendre qu’il s’inspire de la nature en laissant libre cours à son inspiration pour la création de ses collections.
« Moi je travaille beaucoup avec le coton glacé, le lin cassé, le tissu oxford, et j’utilise parfois les Kôkô Dunda, le pagne ordinaire et le Faso danfani. Le Faso danfani, je l’utilise pour des mixages. Je n’ai pas l’habitude de concevoir des tenues entières en Faso danfani. Ça va venir mais je suis toujours en train de réfléchir sur comment arriver à concevoir quelque chose qui sort du commun », notifie-t-il.
Tourou Selaboy explique d’ailleurs que ses vêtements sont accessibles à toutes les bourses car assure-t-il, avoir étudié les prix sur le marché afin de satisfaire le maximum de personnes.
« Les prix vont de douze mille cinq cent F CFA jusqu’à vingt-cinq mille pour les chemises. Pour les ensembles, les prix vont de vingt-cinq mille jusqu’à quatre-vingt mille et plus, cela dépend du client », détaille-t-il.
Avoir du cœur pour percer
Comme tout métier, Tourou Selaboy assure qu’il faut être animé de l’amour de la chose pour espérer obtenir le succès escompté. C’est ainsi que sa persévérance et son abnégation lui permettent en cette année 2022, de présenter ses œuvres à l’international. Une belle expérience selon notre créateur.
« En matière de qualité pour être styliste, il faut d’abord la vocation et l’amour de la chose. On peut dire que la couture c’est de l’art et doit représenter le beau. Pour représenter le beau, il faut pouvoir dégager un certain amour en faisant cette chose. Pour le faire, il faut le cœur. Il faut beaucoup de persévérance surtout. Le défilé Dakar-Ouaga est l’une des plus grandes expériences que j’ai vécu en matière de défilé de mode et j’espère découvrir d’autres d’expériences dans ce domaine », assure-t-il avec fierté.
La mode burkinabè est très représentative. Pour ce qui sont des rapports entres stylistes, Selaboy a laissé entendre qu’ils essayent de cheminer ensemble même s’il y a quelque fois de la rivalité. Une rivalité jugée positive selon lui car c’est tout cela mis ensemble qui fait avancer les choses dans le monde de la mode. Il ajoute qu’ils essayent au maximum de se donner des conseils entre eux.
Tourou parle de l’évolution de la mode au Burkina ? (Vidéo)
Plus d’une décennie qu’il exerce ce métier, Tourou Selaboy révèle que le métier nourrit plus que son homme car il nourrit des familles entières. A Selah Design, ce sont 10 personnes qui y sont employées de manière permanente et qui arrivent à subvenir aux besoins de leurs familles respectives.
L’œuvre humaine n’étant pas toujours parfaite, notre styliste révèle qu’il lui est parfois arrivé de faire des ratés dans sa carrière. Il explique que cela arrive lorsqu’ils n’arrivent à bien comprendre les désirs du client pour les reproduire. Raison pour laquelle, il dit maximiser sur les coutures en prêt-à-porter. Autre difficulté dont Tourou Selaboy dit être confronté est la complexité pour lui à quelques moments de respecter les délais de livraisons aux clients.
Il fait par ailleurs savoir que c’est un domaine très porteur, la mode. La seule condition, selon lui, c’est de travailler et accepter faire des sacrifices pour espérer évoluer. Aussi, qu’il faut s’entourer des bonnes personnes et côtoyer surtout ceux qui sont dans le domaine.
« Ce n’est pas aussi facile que l’on le pense parce qu’il faut faire des sacrifices et il y a certaines choses dont tu vas devoir te priver pour investir dans ton domaine. Mais il y a une certaine aisance parce que quand tu as l’amour de la chose, tu ne sens pas de fatigue, d’angoisse ou de frustration… », soutient-il.
L’artiste a de grandes ambitions pour ses jeunes frères…
Tourou Selaboy rêve grand pour son pays. En effet, son désir ardent est de parvenir à aider les jeunes qui veulent se lancer dans le domaine de la mode. Il songe à faire de Selah Design une grande entreprise qui ira au-delà des frontières du Burkina Faso.
« Moi ma vision, ce n’est pas seulement atelier de couture mais c’est une grande marque que je vise et pour ça, il faut beaucoup d’engouement et beaucoup de vocation. Mon plus grand projet actuellement, c’est de recruter le maximum de jeunes, d’offrir du travail aux jeunes, parce ce n’est pas vraiment évident actuellement, vu la situation du pays d’avoir un boulot dans la fonction publique. J’espère que Dieu va m’apporter son aide pour que je puisse atteindre mes objectifs », espère-t-il.
Styliste mais aussi, artiste musicien
En dehors de la couture, Tourou Selaboy a un talent caché. Il s’agit de la musique. Il se lance dans la musique avant même de se lancer dans la couture. Il dit par contre être plus styliste qu’artiste musicien même si la musique demeure sa passion. En effet, c’est en 2001 qu’il dit avoir commencé à écrire ses premiers textes et à chanter.
Aujourd’hui il dispose d’au moins 15 titres en maxi et en single mais pas d’album. Cependant, ce n’est pas l’envie qui lui manque de faire un album mais faisant de l’autoproduction, il dit prendre son temps et avancer à son rythme.
« La musique c’est aussi une entreprise à part entière, mais vu qu’elle n’est pas aussi développée ici moi je la prends comme une passion. J’exerce et je me dis qu’un jour ça va porter fruit mais je suis plus encré sur la couture. Là au moins, j’arrive à donner du boulot aux gens mais dans la musique ce n’est pas évident que je donne du travail à d’autres.
Moi j’exerce la musique uniquement que pour la passion parce que j’aime chanter. Je vote un budget. Quand le budget atteint le minimum que je peux miser dans la musique je le fais, donc c’est pourquoi je peux faire six mois à un an avant de sortir un nouveau son. Je ne suis pas dans la concurrence, je suis juste passionné de la chose et je l’exerce comme je l’entends ». Conclut-il tout en souhaitant que la paix revienne au Burkina Faso pour le fleurissement de toutes les activités.
Un A cappella de son titre à succès en vidéo ⤵
Flora KARAMBIRI
Burkina 24
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