Litige foncier à Roumtenga : Un terrain oppose des habitants à El Hadj Moussa Kouanda

Des habitants de Roumtenga, localité située dans l’arrondissement 4 de Ouagadougou réclament un terrain « volé », selon eux, par la famille Dera et vendu à El Hadj Moussa Kouanda, opérateur économique. Déboutés de leur demande d’interruption des travaux sur le site, ces habitants ont protesté contre l’accaparement de leur terrain le dimanche 06 août 2023. Burkina 24 a pu entrer en contact avec El Hadj Moussa Kouanda, l’acheteur du terrain. Si pour la famille Sanfo, ce dernier ne dispose pas de documents à part ses matériaux de travail sur le terrain, l’intéressé n’a pas répondu par des mots, mais plutôt par des documents. La famille Dera s’est également prononcé dans cette affaire… 

Il s’agit d’un terrain appartenant à la famille Sanfo mais vendu par la famille  Dera, selon Sanfo Salfo, membre de de la famille Sanfo. À l’écouter, le terrain a été offert à la famille Dera pour exploitation agricole, mais dit-il « Dera Yacouba, Dera Madi, Dera Hamidou, Dera Assami, Dera Souley ont vendu le terrain à El Hadj Moussa Kouanda qui a commencé les travaux de clôture du terrain« .

« Le terrain là c’est pour nous. La famille Dera a volé pour vendre avec Kouanda Moussa. Il sont venus nous forcer pour nous forcer prendre notre terrain mais nous ne sommes pas d’accord. Nous nous voulons qu’ils prennent leur matériel de travail, aller à Ouaga, nous laisser avec notre terrain », a renchéri Boukary Sanfo, également membre de la famille Sanfo.

Si l’affaire est allée en justice, la famille Sanfo dit ne rien comprendre de la procédure. Ils ont été déboutés de leur demande d’arrêt des travaux sur le site qui selon eux continue d’abriter les tombeaux de leurs grand-parents.  Le verdict n’a donc pas été du goût  des habitants de Roumtenga qui disent voir impuissamment les travaux continuer sur le terrain. Mobilisés le dimanche matin, ils n’entendent pas céder leur terrain. Les plaignants demandent à El Hadj Moussa Kouanda de céder le terrain. Pour Salfo Sanfo, la famille Dera se doit de trouver un autre terrain.

A cause de plusieurs tentatives d’interruptions des travaux, des gendarmes sont déployés pour sécuriser les travaux en cours. Il faut noter que la famille Sanfo et les siens ont déjà observé des protestations groupées sur le site et ont également eu des déboires avec la gendarmerie. Mais ils disent  implorer la compréhension de El Hadj Moussa Kouanda afin de leur céder leur terre mais également ils s’en remettent aux autorités du pays. 

Burkina 24 a pu entrer en contact avec Moussa Kouanda, opérateur économique et acheteur du terrain. Si pour la famille Sanfo, Moussa Kouanda ne dispose pas de documents à part ses matériaux de travail sur le terrain, l’intéressé n’a pas répondu par des mots.

C’est plutôt un lot de documents qui a été mis à notre disposition. Il s’agit d’un « Acte de cession du terrain », « Un récépissé de demande de terrain », « une attestation de cession provisoire de terrain », « un croquis du terrain acquis », « une ordonnance de justice datant de 2022 qui déboute la Famille Sanfo de sa demande de suspension des travaux sur le terrain en question ».

Il faut savoir que l’affaire concerne Moussa Kouanda et ne concerne en rien la communauté musulmane. Des copies de quelques documents reçus de Moussa Kouanda pour illustration. ⤵️

    C’est en présence du chef du village présenté comme témoin des faits que Souleymane Dera a donné la version de la famille Dera accusée par la famille Sanfo d’avoir volé leur terrain pour vendre. La contradiction est totale. Le terrain a été donné à la famille Sanfo. « Mais pas pour cultiver. Ils leur ont précisé que si un jour il y a conflit, ils n’ont pas le droit de revendiquer quoi que ce soit », insiste-t-il.

Concernant El Hadj Moussa Kouanda, « ce sont nos grands-parents qui lui ont donné ces terres, il y a 21 ans de cela. Donc les étrangers (famille Sanfo, ndlr) se sont levés pour dire que le coin les appartient. Donc on est allé voir le Yaang Naaba. Et celui à leur a signifié qu’il leur n’a pas donné de terres et ils ont nié. Donc on est allé en justice. La justice nous a donné raison et ils ont fait appel et là encore on a gagné encore et on a même récupéré le document qui le prouve. Ils sont venus devant le Yaang Naaba donner même leur accord ». La mairie, un huissier et le domaine sont même témoins et tout a été signé ici même ».

Toujours selon Souleymane Dera, quand El Hadj Moussa Kouanda a commencé la construction de la clôture après avoir obtenu ses papiers Sanfo Salif et le Saab yarga ont opposé un refus. « Derrière cela, Saab yarga a fait venir des promoteurs immobiliers qui ont construit pour rentrer même dans la parcelle de El Hadj. Celui-ci les a convoqués à la gendarmerie. Là le CB a fait sortir les documents attestant la légitimité de El Hadj et lui signifier qu’il doit arrêter les travaux.

Le promoteur lui a également déclaré qu’il a des documents attestant cela, et la gendarmerie a demandé ces documents et jusqu’aujourd’hui on ne l’a plus vu pourtant la construction se poursuit.

Donc El Hadj leur a encore fait convoquer en justice où il a encore eu raison. Donc c’est là l’autre partie a cherché des loubards et machettes pour nous empêcher d’aller sur les lieux et la gendarmerie nous a dit de ne plus aller là-bas, qu’ils allaient s’en occuper. Sinon le coin appartient à El Hadj depuis 21 ans », déballe la famille Dera.

Akim KY  

Burkina 24