Système éducatif au Burkina Faso : « Il urge de repenser au plus vite les conditions d’accès à l’école burkinabè » (Adama  Bayala)

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Ceci est une déclaration du réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) sur le système éducatif au Burkina Faso.

Dans un arrêté ministériel fixant le calendrier scolaire 2023-2024, le ministre en charge de l’Éducation nationale a annoncé que la rentrée pédagogique au préscolaire, au primaire, au post-primaire et au secondaire aura lieu, le lundi 2 octobre 2023 au Burkina Faso.

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C’est une nouvelle qui charrie avec elle une charge de pression et de stress, tant le droit à l’école, consacré par notre loi fondamentale, est démantibulé, dépecé et dévoyé par une nouvelle race d’entrepreneurs qui, jusqu’ici se la coule douce, dans un environnement scolaire pollué, alors que nos espoirs reposent sur le nouvel exécutif qui  cultive  un changement de paradigme.

Cette année encore, en dépit du contexte volatile, marqué par la dégradation continue du pouvoir d’achat, les frais de scolarité ont connu une augmentation innommable par endroit, de l’ordre  20 000 à 110 000 F CFA. Plus grave, un établissement qui a voulu doubler les frais de scolarité, de 300 000 à 600 000 F CFA. Il a fallu une levée de bouclier pour que l’établissement renonce à son projet, non sans appliquer une augmentation de 25 000 F CFA au secondaire et 45 000 F CFA au primaire et à la maternelle.

La spéculation financière se poursuit au niveau des frais APE. Au lieu de prélever le montant de 2 000 F CFA sur la base du volontariat, conformément aux textes en vigueur, les fondateurs d’établissement ponctionnent au forceps, selon leur appétit, des montants variant entre 5 000 et 21 000 F CFA, au premier versement des frais de scolarité. Pas seulement, ils vont  jusqu’à monnayer les feuilles de devoir à 5 000 F CFA, la carte scolaire à 1000 F CFA,  le paquet de rame à 5000 F CFA, les frais de santé à 3000 F CFA,  les kits scolaires à 21 000 F CFA et plus, la tenue scolaire à 15 000 F CFA et plus. En outre, il y a des frais de dossiers à 5000 F CFA, des frais de test d’admission dans les établissements, 5000 F CFA,

Comme on le constate, il y a une transformation boutiquière des écoles et une escroquerie de la vocation sociale de l’école. Une dynamique aggravée par l’absence d’investissements probants de l’Etat dans les plus grands centres urbains. A titre d’illustration, la région du Centre compte 1522 écoles privées contre 508 écoles publiques.

 Le renchérissement des conditions d’accès à l’école, « le vrai bien du pauvre qui lui assure de prendre sa revanche sur le processus historique », intervient dans un contexte où 6149 écoles ont fermées, avec plus d’un million d’élèves en déshérence, à cause des attaques terroristes. Le problème, plusieurs milliers d’élèves risquent de rester sur le carreau, avec le risque que certains, remontés contre le système, n’aillent grossir les rangs des mécontents et des révoltés.

C’est l’occasion pour le gouvernement de Transition de surfer sur cette vague pour poser les bases d’une véritable refonte du système éducatif. Au titre de la présente rentrée, il a décrété l’enseignement de l’Anglais à l’école primaire et le port de la tenue traditionnelle dans quatre zones pilotes. Quoi que l’on dise, c’est une nième mesure qui va renchérir le coût de la scolarité, même si le gouvernement scande que le port de la tenue est volontaire. Il aurait courageusement dû annoncer que le port de ladite tenue n’est pas cumulatif aux tenues prescrites par les établissements d’enseignement. Il aurait courageusement pu nationaliser les écoles privées, construites par les fonctionnaires, les autorités politiques, les élus locaux et nationaux et leurs ayants droits. Il n’est pas superfétatoire de rappeler que le nouveau régime militaire gabonais, inscrit dans cette dynamique, a décrété aussi la gratuité des inscriptions dans les établissements publics et confessionnels.  Même si comparaison n’est pas raison, force est de reconnaitre que comparaison nourrit raison.

Il nous plait de rappeler à l’exécutif burkinabè, présenté comme révolutionnaire, sur les pas de l’éternel capitaine Thomas Sankara, dont nous nous revendiquons tous comme des fils, d’entreprendre des réformes de fond pour sauver l’école burkinabè qui, du reste, est un droit consacré par la Constitution et de nombreux textes nationaux et internationaux. Le pouvoir actuel est fortement attendu sur la question de l’éducation, car l’histoire nous enseigne qu’il n’y a de moments favorables que les périodes de transition pour mener des réformes en profondeur. Il urge de repenser au plus vite les conditions d’accès à l’école burkinabè, l’organisation du système éducatif, les types d’établissement, les programmes scolaires, les processus d’apprentissage, les langues d’apprentissage, les supports d’apprentissage, les modes d’évaluation et l’environnement scolaire.

Le RENCOF, conformément aux conclusions du dernier panel qu’il a organisé, le 6 juillet 2023 à l’Université Joseph Ki Zerbo, appelle le gouvernement à :

  • contrôler et plafonner les frais de scolarité ;
  • uniformiser les tenues scolaires ;
  • évaluer régulièrement les performances des établissements privés d’enseignement ;
  • construire de nouvelles infrastructures scolaires ;
  • améliorer les conditions de vie et de travail des acteurs du système éducatif ;
  • accélérer la gestion décentralisée de l’éducation ;
  • revisiter les modes et les sources de financement de l’école ;
  • rétablir les passerelles entre l’éducation formelle et l’éducation sociale ;
  • établir des passerelles entre les écoles publiques et les écoles privées ;
  • organiser les états généraux des établissements privés d’enseignement.

Le Consommateur, d’abord !

                                                                                                                                             Le Président

                                                                                                                                          Adama BAYALA

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