Projet de construction d’un établissement d’enseignement dans le quartier Bonheur-Ville de Ouagadougou : La missive des habitants au Capitaine Ibrahim Traoré
Ceci est une lettre ouverte adressée au Président de la transition, Président du conseil des ministres, son excellence le Capitaine Ibrahim Traoré.
Excellence Monsieur le Président de la Transition,
Par la présente lettre ouverte, Nous voudrions, avant d’entamer notre propos, vous traduire toute notre reconnaissance pour ce que le gouvernement, sous votre magistère, fournit comme efforts dans la lutte contre le terrorisme.
En effet, depuis maintenant près de neuf ans, le Burkina Faso est confronté aux attaques lâches et barbares de groupes armés terroristes dont les conséquences sont aussi multiples que multiformes.
Quand bien même cette guerre qui nous été imposée continue d’endeuiller nos populations civiles et nos soldats vaillamment engagées sur les théâtres d’opération, nous sommes tous témoins de la montée en puissance de notre armée depuis votre avènement au pouvoir.
En témoignent l’acquisition en quantité et en qualités de nouveaux armements en tous genres, la réorganisation de l’appareil militaire et sécuritaire, la création et la multiplication des Brigades d’intervention rapide (BIR).
Toutes ces actions ont eu comme effets, la reconquête de nombreuses localités qui, depuis longtemps, étaient sous l’emprise des terroristes, le retour de populations dans leurs villages d’origine, la réouverture de nombreuses écoles, lycées et collèges, le ravitaillement de plusieurs provinces en produits de première nécessité, le retour de l’administration dans plusieurs zones.
Excellence Monsieur le Président de la Transition, Président du conseil des ministres,
Nous mesurons donc toute l’étendue de la mission qui vous incombe aujourd’hui et nous sommes consciente de ce que cela vous impose comme charge.
Mais si malgré tout cela, nous nous permettons de vous adresser la présente lettre, c’est dans l’intention de partager avec vous une profonde préoccupation qui affecte depuis quelques jours une bonne partie des habitants du quartier Bonheur-Ville de Ouagadougou.
Nous voudrions, par la même occasion, porter à votre connaissance des éclairages sur ce dossier qui a fait l’objet d’une délibération du conseil des ministres du mercredi 8 mai 2024.
En effet, en cette séance ordinaire, au titre du ministère de l’Economie, des Finances et de la Prospective, le gouvernement a adopté un rapport « relatif à un projet de décret déclarant d’utilité publique urgente, le projet de construction d’un établissement d’enseignement post-primaire et secondaire général à Bonheur-ville au secteur 31 dans l’arrondissement n°7 de la commune de Ouagadougou au profit du ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales…
L’adoption de ce décret permet l’expropriation dudit terrain pour cause d’utilité publique en vue de la construction d’un établissement post-primaire et secondaire général à Bonheur-ville ».
Monsieur le Président,
En adoptant ce projet de décret, nous savons que l’Etat exerce ainsi un droit régalien qui tire sa source des dispositions de la loi portant « Expropriation pour cause d’utilité publique et indemnisation des personnes affectées ».
Suite à cette décision, nous venons très respectueusement vers vous pour vous exposer succinctement les faits qui ont été à l’origine de la crise savamment orchestrée par un groupe d’individus dans l’intention de faire déposséder une honnête citoyenne de sa propriété.
La promotrice du projet de construction dudit établissement a bénéficié d’un terrain en 2017 suite à une cession provisoire suivant un arrêté du ministère de l’Economie et des Finances sur la base d’un dossier pour la réalisation d’un complexe scolaire privé.
Après avoir accompli toutes les formalités administratives aussi bien auprès des autorités communales que centrales (tous les documents sont à notre possession), elle a été confrontée au refus de certains riverains de voir démarrer le chantier de construction. Les topographes et les maçons ont été menacés de mort et les premiers travaux, vandalisés.
Organisé au sein d’un comité dit de veille citoyenne, le même groupe d’individus, représenté par son secrétaire général, a saisi la justice pour connaître de l’affaire. Mais au cours de la procédure, il a fini par se désister comme le confirme l’extrait de jugement No 045 du mardi 13 février 2024 du tribunal administratif de Ouagadougou et il a été condamné aux dépens.
A la suite de l’autorisation de construire délivrée par la commune de Ouagadougou le 23 octobre 2023 après paiement de frais à la BNSP, au CEFAC, à la DGAHC et à la mairie, elle a obtenu le 20 février 2024 l’autorisation pour la création du complexe scolaire délivrée par le gouverneur du Centre.
Malgré toutes ces autorisations dument accordées par les pouvoirs publics pour l’érection de l’établissement, le même comité de veille citoyenne a continué de s’illustrer par des actions de sabotage du chantier en cours. Obligeant ainsi la promotrice, qui a déjà investi plusieurs dizaines de millions, à recourir à l’intervention des forces de l’ordre.
Certains meneurs du comité de veille citoyenne, se vantant de leurs relations avec des membres du gouvernement, ont même prédit que le terrain sera retiré. Et ils ne s’en cachaient pas. Avec ce qui vient de se passer, faut-il croire qu’ils ont réussi leur pari ? Faut-il croire qu’ils ont fait jouer leurs relations pour que le dossier soit introduit en conseil des ministres ? Faut-il croire qu’ils sont parvenus à induire en erreur leurs relations en tronquant la réalité des faits ?
Cette dernière question, nous nous la posons d’autant plus que, contrairement à ce qui est ressorti du conseil des ministres, le quartier Bonheur-Ville dispose bel et bien d’un établissement public d’enseignement secondaire général, en l’occurrence le CEG de Bonheur-Ville. Constitué d’abord d’un bâtiment de trois classes, il a été agrandi récemment de deux autres bâtiments de trois classes sur un site de 26 641 m2. C’est dire donc qu’il y a encore de l’espace pour réaliser d’autres infrastructures scolaires publiques.
Ce sont-là autant de questions que bon nombre d’habitants de Bonheur-Ville se posent lorsqu’ils ont appris la décision d’expropriation pour utilité publique.
Monsieur le Président du Conseil des ministres,
Voici donc les éclairages que nous avons estimés nécessaires de porter à votre connaissance dans l’espoir qu’étant le garant de la cohésion sociale et détenteur de la magistrature suprême, vous donnerez de nouvelles instructions afin que le dossier soit réexaminé sous un jour nouveau.
Dans l’espoir que vous aurez connaissance de la présente lettre ouverte et que vous lui accorderez une attention particulière, veuillez recevoir, Excellence Monsieur le président de la Transition, Président du Conseil des ministres, l’expression de nos profonds respects.
Mamounata Kaboré/Zongo
Présidente de la fédération des femmes battantes du Faso
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