« L’Alliance des États du Sahel (AES), c’est l’embryon des États-Unis d’Afrique » (Freddy Mulumba, écrivain et journaliste congolais)

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Journaliste, ancien directeur général de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC) et du groupe de presse privé Le Potentiel, politologue et chercheur congolais, Freddy Mulumba, en séjour au pays des Hommes intègres a accordé une interview à Burkina 24. La guerre à l’Est de la RDC, son pays, la lutte contre l’impérialisme, la lutte pour l’indépendance réelle de l’Afrique et la création de la Confédération Alliance des États du Sahel (AES) sont les principaux sujets qui ont été abordés au cours des échanges. 

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Burkina24 (B24) : Quelle est la raison de votre séjour au Burkina Faso ?

Freddy Mulumba (FM) : C’est d’abord la curiosité, parce qu’à Kinshasa, je suis toujours, à la télévision burkinabè, les attaques contre les terroristes. Et puis j’ai dit quand même, il faut s’y rendre pour savoir ce qui se passe réellement. Et puis en dehors de ça, c’est ma première fois d’arriver ici. J’ai lu aussi beaucoup de livres, des livres sur Thomas Sankara. J’ai beaucoup appris, mais c’était la première fois que je ne vienne au Burkina Faso.

Cette fois-ci, j’ai décidé que je vienne pour voir un peu ce qui se passe, mais surtout la position prise par le président Ibrahim Traoré et les autres notamment les présidents Tiani du Niger, mais aussi Assimi Goïta du Mali pour faire, je dirais peut-être, l’embryon d’un État fédéral africain avec la mise en place de la confédération Alliance des États du Sahel.

B24 : Quelle appréciation faites-vous de la trajectoire prise par les autorités de l’AES ?

Freddy Mulumba : Je pense que nous sommes dans un tournant historique aujourd’hui. Beaucoup d’Africains n’en sont pas tellement conscients. Il y a tout un cycle dominé par le monde occidental, qui est arrivé à la fin. Donc ça fait cinq siècles que l’Occident a dominé le monde. Cinq siècles que l’Occident a dominé l’Afrique. On a commencé avec l’esclavage, la traite négrière, et puis la colonisation. Et jusqu’à aujourd’hui, nous sommes sous domination occidentale. Donc ce cycle est arrivé à la fin.

Donc, ça augure une nouvelle ère où les Africains vont prendre leur destin en mains dans le sens que jusqu’aujourd’hui, généralement, on disait qu’on était indépendant, mais en réalité, on ne l’était pas parce que les décisions venaient toujours du monde occidental. Je pense que maintenant, c’est un processus de libération qui s’est déclenché où nous serons capables, nous, Africains, de gérer nos propres richesses au profit de nos peuples, des peuples africains. 

B24 : Y a-t-il des Congolais qui admirent ce qui se passe au Burkina aujourd’hui ? 

FM : Oui ! Il faut dire que la jeunesse est fanatique du président Ibrahim Traoré. Et ça, on voit en lui une nouvelle race d’hommes qui sont capables d’affronter l’Occident. Vous savez, chez nous par exemple, on est en guerre. Une guerre qu’on dit contre le Rwanda et l’Ouganda. Mais en réalité, ce sont les Occidentaux qui tiennent à contrôler, à exploiter nos minerais, mais en utilisant le Rwanda et l’Ouganda.

Freddy Mulumba, écrivain et journaliste congolais
Freddy Mulumba, écrivain et journaliste congolais

Quand on projette les images d’Ibrahim Traoré à Kinshasa, les gens disent : Ah vous voyez, au moins là-bas, le président et son gouvernement prennent des décisions courageuses contre l’Occident. Il faudrait aussi qu’on fasse chez nous. Donc, c’est cette image-là qui apparaît beaucoup plus chez les jeunes. 

Mais ce que vous devez savoir c’est que l’histoire burkinabè est différente de l’histoire congolaise. Nous avons des histoires très différentes. Le Burkina Faso était sous domination occidentale, domination française. Mais le Congo n’était pas une colonie. C’était d’abord un Etat indépendant, si l’on peut dire. Une entreprise internationale créée à partir de 1885 à Berlin. Donc on a des histoires particulières.

B24 : Avez-vous une recommandation particulière à faire au président capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement ?

FM : Oui. J’ai observé. J’ai fait le tour des librairies. J’ai constaté qu’en dehors des images qui passent dans les médias, il n’y a pas un document, pour nous qui vivons à l’étranger, qui devrait quand même nous servir pour comprendre ce qui se passe réellement au Burkina Faso. Et savoir quelle est la vision du président Ibrahim Traoré ? Il faudrait peut-être dans l’avenir qu’il y ait des publications, des ouvrages en anglais, en français, en swahili et d’autres langues.

Quand les gens arrivent au Burkina Faso, première chose à faire, ils ont des livres sur le président lui-même. Comme ça, on peut rentrer avec un document. Et aussi pour former l’opinion, il faut que les gens apprennent à lire des ouvrages. Parce qu’un journal, un article, on peut l’écrire, on le lit un certain jour et puis on le jette.

Mais les livres, dès qu’on les lit, on peut les garder pendant 1000 ans. Donc il y a toujours possibilité d’envisager les publications sur lui, d’abord, sa vision, la position de l’Occident avant qu’il ne soit au pouvoir pour que les gens comprennent ce qu’il a amené comme changement.

B24 : Que pensez-vous de la création de la confédération Alliance des États du Sahel (AES) ?

FM : L’Alliance des États du Sahel (AES), c’est l’embryon des États-Unis d’Afrique. On peut dire que la situation des frontières héritée de la colonisation, donc de Berlin, sont remises en cause aujourd’hui, pas par les étrangers mais la conférence de Berlin est remise en cause par les Africains.

Nos frontières sont maintenant revues selon nos propres intérêts. C’est un début qui est auguré par les trois États ce qui est une bonne chose. Je pense que d’autres vont suivre. On n’a pas d’autres choix à faire. Ça fait partie de la roue de l’histoire.

Mais moi je crains que si nos peuples ne sont pas conscientisés, ne sont pas éduqués, ne sont pas informés, aujourd’hui l’occident part, nous risquons de tomber sur une domination étrangère n’importe laquelle. Il faut former les gens, les informer au moins sur le plan idéologique et leur parler de la renaissance africaine par exemple, du panafricanisme pour donner plus de valeur pour essayer de réconforter un peu la culture burkinabè.

Donc il faut à tout prix proposer une alternative. L’Occident part. C’est vrai nos amis russes, chinois arrivent, mais qu’est-ce que nous, nous proposons ? C’est ça la question maintenant. Que propose l’Afrique dans ses mutations ? Parce que quand vous parlez avec les Chinois, les Russes, on vous parle de civilisation. 

On peut poser la question aux Africains où se trouve la civilisation africaine ? Mais il faut dire que beaucoup d’Africains ont travaillé sur ce sujet. Nous avons Cheikh Anta Diop qui a laissé une grande littérature, une littérature abondante qui peut nous permettre aujourd’hui d’introduire à l’université aussi dans les écoles primaires et secondaires pour qu’on forge un peu une mentalité panafricaine, une mentalité liée à la renaissance africaine.

B24 : Que faut-il faire, selon vous, pour rendre l’AES forte et puissante pour sortir l’Afrique une fois pour toute du carcan occidental ?

FM : Je pense qu’il faut vraiment maintenant produire une pensée, la pensée est déjà produite, une pensée panafricaine. Il y a beaucoup de panafricains qui ont écrit. Mais maintenant il faut que cette pensée soit intégrée dans la culture burkinabè. Moi, je dirais qu’aujourd’hui, nous sommes au Burkina Faso et vous avez Thomas Sankara qui est maintenant la voie que le président suit, on étudie un peu ce que Sankara a fait.

Et ce que le président est en train de faire mais en le connectant à d’autres penseurs panafricains. On peut parler de Lumumba, Modibo Keita… Il y en a beaucoup qui ont fait et qui travaillent, et qui ont résisté à la domination occidentale ou européenne. Mais que ça sera écrit. Il faut produire une pensée africaine autonome par des penseurs africains, des philosophes tout comme des penseurs indépendants.

Et là quand on va construire déjà cette pensée à travers la publication des ouvrages, et ça passe par l’école, ça passe par l’université, je pense que ça pourra donner un bon résultat qui sera durable. Mais au fond de tout ce qu’on peut faire comme travail s’il n’y a pas un fond, je dirais culturel, panafricain, un fond de la renaissance africaine en tout cas, ça sera très difficile que l’action du président Ibrahim tout comme ses homologues d’AES puissent perdurer.

B24 : Qu’est-ce que les Africains doivent faire aujourd’hui pour se défaire des occidentaux ? 

FM : C’est d’abord libérer l’imaginaire des Africains. Nous avons un imaginaire d’esclave dans le sens qu’on accepte toute domination venant de l’extérieur. Donc la première chose à faire c’est libérer l’imaginaire du peuple africain en produisant une nouvelle pensée mais il faut aussi récupérer nos richesses. Parce que depuis 1885, toutes nos richesses sont contrôlées par le monde occidental.

B24 : Comment la lutte pour la souveraineté à laquelle le Burkina Faso s’est engagé est perçue en RDC ?

FM : Le Burkina Faso aujourd’hui à travers Ibrahim Traoré, il y a l’image de Thomas Sankara directement. Les gens savent ce que Thomas a fait pour le pays, ce que Thomas a fait pour l’Afrique. Donc c’est cet imaginaire qui marque beaucoup plus les Congolais. À travers ces discours du président Ibrahim Traoré, on voit Thomas Sankara en personne. Donc ça devient Ibrahim, pour la jeunesse c’est un modèle.

Au-delà des images qui passent à la télévision, beaucoup de Congolais ne regardent pas la télévision burkinabè, pas les médias parce que c’est un problème d’abord de communication, ils suivent seulement ce qui se passe ici à travers les médias occidentaux (France 24, RFI). Ces médias travaillent contre nous. Ils ne peuvent pas donner une image positive ni du Burkina Faso ni de la lutte que mène actuellement le capitaine Ibrahim Traoré.

Il faut qu’il y ait des passerelles, qu’il y ait des liens. Entre le Burkina Faso et le Congo nous sommes 120 millions, nous sommes au cœur de l’Afrique, imaginez-vous que la pensée de Thomas Sankara revue par le président Ibrahim Traoré arrive chez nous, c’est une grande révolution.

Kinshasa seulement c’est 20 millions d’habitants, donc si on voudrait que cette révolution perdure aussi, il faut cibler de grands États dans chaque sous-région. Je pense qu’en Afrique de l’Ouest, il n’y a pas de problème, tout marche bien. En Afrique de l’Est, il n’est pas très connu, qu’est-ce qu’il pense, qu’est-ce que Thomas Sankara a fait, ils ne connaissent pas.

En Afrique centrale, australe et orientale également. Donc il faudrait à un certain moment qu’on produise la pensée, et là s’il y a des publications, qu’on distribue à travers toute l’Afrique. Je pense que même au Congo les gens pourront avoir des références exactes.

B24 : La RDC vit une situation sécuritaire difficile, tantôt on parle du Rwanda, de l’Ouganda. Qui réellement fait la guerre à la RDC ?

FM : Ceux qui font la guerre à la RDC, c’est l’Occident. Quand je dis l’Occident, les capitalistes prédateurs qui étaient à Berlin en 1885. Je viens de vous dire ici que le Congo est différent des autres pays. Par exemple, ici vous avez la France qui vous avait colonisé. Mais le Congo c’était les multinationales qui étaient à la base de la création du Congo.

C’est vraiment un cas spécial en Afrique. Et maintenant, ils trouvent que le Congo commence à récupérer ses richesses, ils n’acceptent plus. Qu’est-ce qu’ils font ? Ils vont passer par les Rwandais, les Ougandais par les armes. Allons piller au Congo. Le Rwanda et l’Ouganda ne pillent pas pour le peuple rwandais ni ougandais, mais ils pillent pour l’Occident.

Donc c’est une guerre par procuration. Et je dirais que l’Ouganda, le Rwanda sont des négriens des temps modernes, ils travaillent pour les intérêts étrangers. Mais je pense que ce qui est positif est qu’au niveau de la population congolaise, les gens ont pris conscience et sont prêts à se battre pour libérer le Congo de l’emprise des multinationales occidentales soutenues par leurs puissances. C’est ça la réalité. Le Rwanda est utilisé tout comme l’Ouganda. 

Quand je prends le Rwanda c’est 10 millions d’habitants à peu près. L’Ouganda fait à peu près 25 ou bien 26 millions. Nous, nous sommes 120millions. Est-ce que logiquement le Rwanda et l’Ouganda peuvent nous faire la guerre ? C’est impossible.

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S’ils le font, c’est parce que derrière eux, il y a des multinationales anglo-saxonnes qui sont basées à Kigali (capitale du Rwanda, ndlr). Ce sont eux qui pillent, volent et puis qui vendent les minerais congolais à l’extérieur. Donc la guerre ça devient une guerre de business en quelque sorte.

Donc c’est une guerre de pillage organisée par les capitalistes occidentaux et surtout, ils ont peur de la Chine, peur de la Russie. Ils savent très bien qu’eux, ils n’ont pas d’argent, ils viennent et ils pillent. Mais ils ne sont pas capables d’acheter les minerais. Ils étaient habitués à avoir des dirigeants au pouvoir qui travaillent pour eux qui prennent les minerais gratuitement, mais ce n’est plus le cas. 

Maintenant la population veut bénéficier des richesses de son pays. Et le président Tshisekedi est très clair là-dessus. On doit revoir tous les contrats miniers signés pendant la première guerre menée par le Rwanda et l’Ouganda que M’zée Kabila avait signés. On doit tout revoir. Et là ils ne veulent pas accepter. Ils ont tenté des coups d’État, ça n’a pas marché, ils n’ont pas baissé les bras. Donc nous sommes dans ces conditions là, mais je pense que ce processus de libération qui est déclenché, ça prendra du temps mais on sera libre.

B24 : Comment les Congolais comptent-ils mettre fin à cette guerre qui n’a que trop duré ? 

FM : Il n’y a que le peuple qu’il faut mobiliser. C’est le peuple qui fait la guerre. Si vous voulez gagner la guerre, c’est vrai qu’il y a des aspects militaires mais il faut qu’il y ait le soutien de la population. Expliquer à la population que ce qui se passe, c’est la guerre de la libération. Nous voulons avoir notre indépendance, notre liberté et contrôler nos richesses et qu’on puisse répartir cela à toute la population.

Mais si l’information ne circule pas, le peuple est ignorant, là ça va être difficile même si vous faites une guerre militaire. Ça va être difficile de gagner. Il faut associer les peuples pour qu’on puisse gagner cette guerre.

B24 : On a vu le président Tshisekedi qui affirmait pendant la campagne présidentielle de 2023 qu’à une moindre tentative du Rwanda, il réunirait le parlement puis il réagirait aussitôt. Mais on ne voit rien. On a vu la ville de Goma touchée plusieurs fois sans aucune réaction. Etait-ce un discours électoral ?

FM : Non. Ce n’était pas un discours électoral. Il était décidé d’en découdre, de terminer cette guerre. Mais je viens de vous dire ici qu’on ne fait pas la guerre au Rwanda, pas à l’Ouganda, la guerre on la fait contre l’occident.

Donc c’est l’occident qui nous fait la guerre pour piller nos richesses. Quand le président a déclaré que s’il y a une bombe qui tombe sur Goma il va faire une guerre contre le Rwanda, la patronne du service des renseignements américains était venue à Kinshasa, demandant au président Tshisekedi de ne pas attaquer Kigali. Parce qu’ils savent très bien que si nous mettons 500 mille militaires, même sans armes, nous sommes à Kigali dans quelques minutes. 

Mais comme ce sont eux qui nous font la guerre, ils ne veulent pas connaître l’humiliation. Voilà pourquoi, ils insistent pour qu’on puisse négocier avec le Rwanda. Et on leur dit, on va négocier d’abord quoi ? Le Rwanda et l’Ouganda occupent nos territoires avec la complicité des multinationales occidentales qui exploitent les matières premières. Ils occupent, comment voulez-vous qu’on négocie avec quelqu’un qui a occupé une part de votre territoire ? Donc on demande à ce que le Rwanda retire ses troupes avant d’arriver aux négociations.

Or nos amis occidentaux n’acceptent pas ça, ils veulent qu’on négocie la partition du pays, ça signifie que là où il y a des richesses : Les deux Kivu, l’Ituri et le Nord Katanga qu’on annexe à Kigali et peut être dans 10, 20 ans qu’on construise un État fédéral d’Afrique de l’Est sous domination des Anglo-saxons, donc de puissances occidentales. 

C’est ça l’enjeu. Donc vous qui êtes à l’extérieur vous ne pouvez pas comprendre que l’enjeu qui se joue actuellement c’est de faire imposer le Congo. Le couper en 4 morceaux, donc on remet Berlin selon leurs propres intérêts, et les Congolais ne veulent pas.

Et comme les Congolais résistent, ça fait déjà 10 millions de morts. Un génocide oublié. Les médias occidentaux n’en parlent pas parce que nous sommes Noirs, on n’a pas de valeur. Notre peuple est conscient et se prépare et je pense que la guerre sera longue et populaire mais on finira par gagner.

B24 : Est-ce que vous ne pensez pas que cette guerre dépasse le président Tshisekedi ? 

FM : Oui. Mais c’est normal. Ce n’est pas une guerre d’un individu, il l’a trouvée. C’est une guerre qui date, ça fait 30 ans, Tshisekedi n’était pas président. Il est venu trouver une situation difficile. Il est en train de travailler pour qu’on puisse s’en sortir mais ce n’est pas facile parce qu’en face nous avons les Occidentaux, les multinationales occidentales qui nous font la guerre.

Donc gagner, ce n’est pas une affaire du président seul. C’est une affaire de tout le peuple congolais. Il faut que les Congolais s’organisent et aident le président pour remettre ces multinationales occidentales pilleurs de nos richesses hors d’état de nuire. Donc, il faut mobiliser la population, ce n’est pas seulement un problème du président Tshisekedi.

Interview réalisée par Willy SAGBE

Burkina 24

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