Cohésion sociale à travers le conte : Un arbre à palabre pour rappeler le vivre ensemble ancestral dans les Hauts-Bassins

publicite

La promotion des valeurs endogènes et ancestrales est un moyen connu pour faire renaître la cohésion sociale au Burkina Faso dans ce contexte de reconquête du territoire national. Plusieurs chemins mènent à cette promotion. Dans la région des Hauts-Bassins, le conte en fait partie. Pour preuve, une nuit y est dédiée, depuis maintenant 10 ans. Cet éveil de conscience passe par un arbre à palabre et fait revivre des anecdotes et des histoires pour la jeunesse de la région.   

Le grand Ouest du Burkina Faso, en l’occurrence la région des Hauts-Bassins est l’un des greniers des valeurs ancestrales du pays. De sa richesse culturelle en passant par celle de sa végétation, cette partie du pays démontre avoir de plus en plus de la ressource en la matière.

Nous sommes dans un contexte social où l’éveil de cette richesse est prônée de tous notamment des plus hautes autorités. Dans la réponse à cet appel se tient une nuit dans la ville de Sya, pour conter et rappeler des anecdotes culturelles pour la promotion du vivre ensemble.

Nous sommes en mais 2025, dans l’enceinte d’une architecture verdoyante avec plusieurs réalisations teintées d’indications traditionnelles. Ici c’est la villa rose de Bobo-Dioulasso. L’intérieur de ces lieux fait oublier la canicule, tant par les espèces d’arbres présentes que par le nombre d’animaux y vivant.

Sur les lieux, les portes sont nommées par des appellations d’arbres comme le baobab, le manguier, le néré, le cocotier, tous avec une histoire particulière. Quoi de plus normal, ces espèces d’arbres rarement vues par plusieurs jeunes de la dernière génération sont présentes dans les lieux et leurs histoires sont racontées par le promoteur, devant les portes des chambres.

C’est ici que se passe cet arbre à palabre. Toutes les générations confondues tendent l’oreille pour revivre des moments passés et recueillir des conseils. Comment ça se passe ? À tour de rôle, les participants dans un noir total accompagné d’un silence des lieux, racontent des histoires et anecdotes beaucoup plus axées sur des vécus des ancêtres comme à l’ancienne. D’autres ajoutent des expériences vécues, surtout le deuxième et le troisième âge. Tous dans une ambiance de fou rire.

« C’est l’histoire d’un corps armé qui a perdu son papa étant sur le champ des opérations. Toute la troupe était bouleversée. La question qui se pose, comment annoncer la triste nouvelle à son fils ? Son supérieur hiérarchique, officier, n’a pas pu le faire. Il demande à un caporal de le faire. Celui-ci, à son tour demande à la troupe de se réunir. Tous ceux qui ont toujours leurs papas à droite et les autres à gauche. Naturellement l’officier s’est mis à droite. Au caporal de lancer, et toi va à gauche. C’est ainsi qu’il apprend la nouvelle », conte H.O, participant à cette nuit.

Une douce mélodie des balafons et des éloges des « djéli » (Ndlr, Griots) accompagnent ces instants de partage. En dehors même des histoires, ce cadre permet à R.O de lancer un message à la nouvelle génération. Ce message est qu’il faut impérativement conserver nos valeurs, nos coutumes.

« Celles qu’on peut toujours préserver là, il faut le faire. Même dire bonjour, c’est traditionnel, avec beaucoup de sens. Mais aujourd’hui, les gens ne disent même plus bonjour. Quand j’étais au village, on n’osait pas passer devant quelqu’un sans lui dire bonjour », rappelle dame R.0, dans la cinquantaine.

Les deux promoteurs de l’événement

Ces anecdotes ont tous leurs sens lorsque les tenants de cette séance rappellent leurs objectifs. Ils servent, selon Hassan Ouattara, l’un des promoteurs, à perpétuer et mettre en lumière nos valeurs traditionnelles, ancestrales à travers des contes, des citations et des partages d’expériences.

« L’Afrique traditionnelle était comme ça. On se retrouvait les soirs et ensemble on partageait des expériences. Aujourd’hui, nous traversons des moments où il faut impérativement travailler sur la cohésion. La parenté à plaisanterie en est aussi un moyen », explique-t-il.

Retour aux sources pour une cohésion sociale au Burkina Faso, une initiative louable

Cette table ronde est accompagnée par des verbes sortis des slameurs notamment de la bouche de Adama Macalou alias Mack la gâchette. Il est un artiste malien né au Burkina Faso. Depuis plusieurs éditions, il ne manque pas ce rendez-vous, qui, à ses dires, est un moyen efficace de non seulement la promotion des artistes mais aussi d’éducation sur les valeurs traditionnelles en Afrique.

« Je suis là parce que c’est un festival riche en culture, en racine et de nos sources. La parole est née ici en Afrique et ce festival parle de tout ce qui peut envoyer l’Homme à s’éveiller. Je suis né au Mali, mais pour moi, on est tous les mêmes, l’AES et les autres pays d’Afrique. C’est une seule entité en fait », se justifie-t-il.

Lire aussi la parenté à plaisanterie ici 👉 FESCUSAN 5 : La tête de chien qui va réconcilier les cousins Samo et Bissa !

Le propriétaire des lieux, Moctar Salamatao, par ailleurs promoteur de la SOGEA FASO, prétexte également ce choix de mise en valeur pour accepter accueillir cette nuit dans sa résidence (villa rose). « Ce genre de nuit, chacun de nous doit la promouvoir parce que c’est ça notre racine. Il faut qu’ensemble on fasse la promotion de cela. Surtout par la parenté à plaisanterie. Avec elle si on doit regarder loin, on voit que Dieu aime l’Afrique », appelle-t-il.

Ces retrouvailles se tiennent dans le cadre de la 10ème édition du festival international Art’Dougou . L’événement, lui est placé sous le thème « Art plastique et numérique pour le renforcement du respect mutuel entre citoyen ».

Sa découverte a été possible grâce à la sortie de sensibilisation, sur la fortification alimentaire du Club des journalistes et Communicateurs pour la Nutrition et la Sécurité Alimentaire (CJCN-SA) en collaboration avec la coopération allemande.

Abdoul Gani BARRY

Burkina 24 

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page