Libye : Une délégation européenne refoulée par le gouvernement de Benghazi

Une délégation européenne de haut niveau, menée par le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a été déclarée « persona non grata » et sommée de quitter Benghazi, dans l’Est de la Libye, peu après leur arrivée. Cet incident diplomatique souligne les profondes divisions qui persistent dans le pays, où deux gouvernements rivaux revendiquent la légitimité.
La délégation, qui comprenait également les ministres de l’Intérieur grec, Thanos Plevris, et maltais, Byron Camilleri, ainsi que le commissaire européen aux affaires intérieures et à la migration, l’Autrichien Magnus Brunner, avait pour objectif de discuter des politiques migratoires avec les autorités libyennes de l’Ouest de Tripoli et de l’Est de Benghazi. Leur mission visait à renforcer la coopération dans la lutte contre l’immigration clandestine, notamment en amont des traversées maritimes vers l’Europe.
Un « Manquement Flagrant aux Usages Diplomatiques »
Le chef du gouvernement de l’Est libyen, Osama Hammad, a justifié cette décision en affirmant que les responsables européens avaient « contrevenu de manière flagrante aux usages diplomatiques établis ainsi qu’aux conventions internationales » et agi « en mépris manifeste de la souveraineté nationale libyenne et en violation des lois internes du pays ».
Le principal reproche formulé par les autorités de Benghazi est que la délégation n’aurait pas sollicité leur accord préalable après avoir commencé sa mission par une escale à Tripoli, la capitale occidentale et siège du gouvernement internationalement reconnu dirigé par Abdel Hamid Dbeibah. Les autorités de Benghazi exigent que toute délégation étrangère souhaitant circuler entre les deux zones coordonne sa visite avec les deux administrations.
Lire également 👉Libye : Le HCR va évacuer au moins 5 000 réfugiés en 2018
La Libye est plongée dans une sorte de chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 et demeure divisée entre deux pouvoirs rivaux : un gouvernement basé à Tripoli (reconnu internationalement) et un autre à l’Est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar et basé à Benghazi.
Cet incident met en lumière la complexité de toute initiative étrangère dans un pays où chaque camp exerce un contrôle effectif sur des portions distinctes du territoire.




