« Nous Vaincrons » | Le transfert de technologie, clé d’une industrialisation qui ne soit pas un mirage (Erick Telimsein)
Pour l’économiste Erick Telimsein, président du Réseau africain des jeunes chercheurs (section Burkina Faso), l’industrialisation nationale ne peut se construire que sur une volonté politique forte, assumée et portée par l’État. Il rappelle que, dans l’histoire, les grandes transformations économiques ont presque toujours été précédées par une révolution agricole, génératrice de surplus capables d’alimenter les premières industries. Erick Telimsein est l’invité du jour de l’émission « Nous Vaincrons ». Son intervention en vidéo ici👇🏿
Dans son analyse, plusieurs freins structurels ralentissent encore la dynamique industrielle du pays. La maîtrise des coûts de production, notamment ceux de l’énergie, demeure un défi majeur pour la compétitivité à l’international.
L’absence d’infrastructures adaptées ; routes, réseaux d’approvisionnement, accès à l’énergie ; limite la capacité des producteurs à s’insérer durablement sur les marchés.
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Mais, selon l’économiste, le véritable point d’achoppement reste le transfert de technologie. Lorsque les investisseurs étrangers viennent produire et repartent « sans former les nationaux », prévient-il, « vous n’avez pas évolué ».
Dans ces conditions, l’investissement devient un « mirage » : capitaux et compétences repartent aussitôt, laissant derrière eux un pays qui n’a pas progressé. Le manque de ressources consacrées à la recherche universitaire accentue le phénomène, poussant les chercheurs les plus talentueux à s’expatrier.
Pour sortir de ce cercle stérile, Erick Telimsein propose deux axes majeurs. Le premier vise à rendre le pays « très attirant » par des réformes ambitieuses et des politiques fiscales incitatives, notamment des exonérations ciblées. Les partenariats industriels doivent intégrer des clauses de transfert de compétences et de technologie, garantissant qu’après quelques années, les nationaux puissent prendre le relais.
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Le second axe repose sur une agriculture intensive et moderne, capable de produire toute l’année. Cette modernisation nécessite l’adoption de technologies de pointe : smart farming, drones d’arrosage, outils de gestion automatisée.
Les startups ont un rôle « très important » dans cette transition, tandis que les coopératives agricoles, mieux organisées et préfinancées, doivent sécuriser l’approvisionnement des usines.
Enfin, pour bâtir une économie innovante, l’État est appelé à renforcer la recherche universitaire et à créer des programmes d’incubation pour les jeunes : compétitions d’idées, soutien financier et suivi rigoureux de startups de qualité, notamment dans l’agriculture et la défense.




