CODER : « La manière dont ils s’excitent-là, c’est pour quoi ? » (Paul Yaméogo)
Burkina 24 a reçu dans ses locaux le mercredi 26 avril 2017, Paul Yaméogo, Président du Mouvement pour la démocratie et le développement (MDD). Architecte de profession, Paul Yaméogo a rattaché son parti politique, bien que d’obédience Sankariste, à la majorité présidentielle. Il explique cela par le fait que le chef de la majorité présidentielle, Roch Kaboré « est un camarade de gauche » comme lui et que son programme politique était alléchant. Au nom de l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP), le président du MDD et ancien conseiller au Conseil national de la Transition (CNT) est revenu sur les actions de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) sans oublier celles de l’Opposition burkinabè.
Burkina 24 (B24) : Comment se porte l’APMP aujourd’hui ?
Paul Yaméogo (P. Y.) : L’APMP se porte bien. Vous savez que l’APMP ce n’est pas le parti au pouvoir, ce n’est pas le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès). Nous venons en soutien au MPP et à son président lorsque nous sommes sollicités ou lorsque la situation nationale exige que nous puissions rencontrer le MPP. Parfois, c’est eux qui nous sollicitent, parfois c’est nous qui demandons à les rencontrer.
Par rapport à la CODER, nous avons demandé à les rencontrer (le MPP), ils nous ont fait le point de la situation et nous avons décidé d’agir, de répondre à la CODER.
B24 : Depuis la création de l’APMP, il n’y a presque pas eu d’activités. Qu’est ce qui explique ce silence ?
P. Y. : Tout simplement parce que le président Roch Marc Christian Kaboré, ce n’est pas le président Blaise Compaoré. Depuis qu’il est là, il a pratiquement mis l’opposition au chômage. Il s’est concentré sur son programme politique et travaille à le faire avancer. Le programme politique, économique et social avance.
Quand vous faites le point, en 2016, le président Roch Marc Christian Kaboré et son gouvernement, sur les 720 médecins qu’on avait au Burkina Faso, il en a recruté 433. C’est pas mal ça ! Le nombre d’écoles sous-paillote, il en a remplacé 200. Les lycées, il y en a eu 126, les CEG, il y en a eu 122, le nombre de forages en 2016 monte à 1.481 qui ont été consolidés. Quand vous regardez dans la fonction publique, le gouvernement a recruté 1.000 jeunes dans la fonction publique. D’habitude, il y en a 170, 800.
De façon globale, ce qui est prévu dans le programme du président Kaboré, 1.300 milliards de F CFA seront investis dans le développement économique et social de notre pays. Du temps de Blaise Compaoré, c’était 400 milliards, 500 milliards, ça ne dépassait jamais ça. C’est qu’en un an et 4 mois, ce qui a été fait par le Président Roch Marc Christian Kaboré et son gouvernement, c’est quelque chose que nous pouvons comptabiliser comme acquis. Je ne sais pas si ceux qui crient dehors, s’ils étaient à sa place, ils auraient pu faire mieux.
B24 : En donnant tous ces chiffres, n’est-ce pas faire de la surenchère ? En prenant exemple sur les médecins, on ne les forme pas en une année…
P. Y. : Je parle des recrutements de nouveaux médecins. Ils étaient là, ils étaient des chômeurs. Ceux qui ont terminé leurs études depuis le temps de Blaise Compaoré, ils trimaient dans la ville de Ouagadougou et dans les provinces du Burkina Faso. Nous quand on était au CNT (Conseil national de la Transition), nous sommes arrivés pour une année, mais qu’est ce qui s’est passé ? Nous nous sommes retrouvés avec des lois qui devaient être votées depuis les années 1960. Nous avons voté ces lois.
B24 : Parlant de la CODER, la réconciliation nationale est dans l’air du temps, qui doit se réconcilier avec qui ?
P. Y. : Si j’ai assassiné quelqu’un, on m’indexe, je mobilise au sein de ma famille, des gens qui vont m’accompagner, nous sommes des Africains, pour aller demander pardon à la famille de celui-là qui a été assassiné. S’il y a un procès, c’est la famille qui va dire que le monsieur est venu nous demander pardon, nous avons accepté le pardon. Vous pensez que les juges vont dire quoi ? A partir du moment où la famille a donné son pardon, peut-être qu’il y a une amende à payer, mais je n’aurais plus de problème en tant qu’assassin.
Nous ne pouvons pas mettre la charrue devant les bœufs. Quand Blaise Compaoré s’est dépêché à organiser la Journée nationale du pardon, ça a donné quoi ? Un flop ! Qui a pardonné à qui ? On parle toujours de réconciliation. La CODER devrait prendre contact avec les familles des suppliciés, des blessés lors des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d’Etat foireux du 15 septembre 2015. Rien n’en serait sorti parce que tout le monde est d’accord au Burkina Faso qu’il faut d’abord la justice avant que la réconciliation ne s’installe.
B24 : Mais la CODER prône ce processus également.
P. Y. : Mais la manière dont ils s’excitent-là, c’est pour quoi ? Ce n’est pas pour faire différemment de ce que le président Roch Marc Christian Kaboré propose. Le parti au pouvoir prône la justice et ensuite, la réconciliation. Est-ce que la CODER propose autre que ça ou mieux que ça ? Non ! C’est-à-dire qu’il y a des gens au sein de la CODER qui veulent le retour de Blaise Compaoré. On entend même ‘’Blaise Compaoré Président’’.
On entend que Ablassé Ouédraogo a rendu visite à Blaise Compaoré à Abidjan et que le président Blaise Compaoré pardonne le peuple du Burkina Faso. Nous n’avons jamais demandé pardon. Il faut être fautif quelque part pour pouvoir demander pardon. Ils sont en train d’aggraver la situation de Blaise Compaoré. Pourquoi ? Blaise Compaoré n’était pas un simple président, c’était un trafiquant d’armes. Il a alimenté la guerre au Libéria. Il a alimenté la guerre en vendant des armes à Savimbi, malgré les embargos.
B24 : Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ?
P. Y. : Celui qui veut m’attaquer en justice qu’il le fasse, c’est la communauté internationale qui va leur tomber dessus. Si ce n’est pas vrai, vous aussi vous êtes des journalistes, vous enquêtez ! Je vais vous donner une preuve. Ablassé Ouédraogo était ministre des Affaires étrangères, il a juré que le Burkina Faso n’avait pas un seul soldat sur le sol libérien. Et pendant ce temps, nos soldats tombaient sous les balles criminelles. On n’a jamais ramené leur corps au Burkina Faso, on les a jetés dans l’océan.
Tout ça, ce sont des éléments qui peuvent aggraver la situation de Blaise Compaoré. Je voudrais que les gens de la CODER se calment. S’ils veulent faire de la politique, qu’ils fassent de la politique. Qu’ils s’attaquent politiquement au Président Roch Marc Christian Kaboré et à son gouvernement. Mais quand il s’agit de faire le couper-décaler qu’ils sont en train de faire-là, la population se demande même ce que ces gens de la CODER veulent.
Nous étions au CNT, nous avons voté la loi sur la magistrature. Nous avons souhaité l’indépendance de la justice. La justice indépendante prendra ses responsabilités et va juger les criminels. Il faut qu’ils soient jugés. Tant qu’ils ne sont pas jugés, ne nous parlez pas de réconciliation. Réconcilier avec qui ? Ce n’est pas la CODER avec la mouvance qui va se réconcilier, la réconciliation, ce sont les assassins et les familles des suppliciés. Ils demandent la réconciliation entre qui et qui et ils n’ont même pas été capables d’aller rencontrer les familles de ces suppliciés.
Les familles veulent que justice soit faite, mais la CODER ne veut pas que justice soit faite. Laissez la justice faire son travail. Ceux qui seront jugés et condamnés, seront sanctionnés conformément à la justice du Burkina Faso. Ce n’est pas plus que ça. Ils sont trop pressés ces messieurs-là. Il faut que justice soit faite.
B24 : Parlant de justice, il sera ouvert ce 27 avril, le procès de Blaise Compaoré en qualité de ministre de la défense et des membres de son dernier gouvernement. Quel commentaire faites-vous ?
P. Y. : Je dirais tout simplement ouf ! C’est nous qui avons mis en examen Blaise Compaoré et son dernier gouvernement lorsque nous étions au CNT. Nous disons ouf, malheureusement, le président Blaise Compaoré a fui. Un capitaine ne fuit pas son bateau. Qu’il revienne répondre devant la justice de son pays. Il n’a qu’à prendre 10 nationalités ajouter, le Burkina Faso, c’est son pays.
Qu’il vienne répondre devant la justice, alors le peuple lui pardonnera. Ce n’est pas dans le procès que les juges vont lui pardonner. Les juges vont prononcer des sanctions, mais s’il veut le pardon du peuple du Burkina Faso, qu’il vienne répondre lui-même.
Vidéo – La CODER est « en train d’aggraver la situation de Blaise Compaoré » (Paul Yaméogo)
Burkina 24
B24 : Parlons de l’Opposition, quelle lecture faites-vous de sa présence une année 4 mois après l’élection de Roch Kaboré à la Présidence du Faso ?
P. Y. : Je suis d’accord avec les critiques de Zéphirin Diabré sauf que ça ne va pas en droite ligne avec les urgences, le calendrier du Président Roch Marc Christian Kaboré et de son gouvernement. Il y a tellement de choses à faire dans ce pays.
B24 : Est-ce que le chef de file de l’Opposition doit suivre le calendrier du Président du Faso ?
P. Y. : Le président du Faso a été élu selon un programme précis. Lui, il suit son programme.
B24 : Donc en critiquant, l’Opposition fait son travail…
P. Y. : Absolument ! Je suis parfaitement d’accord avec la position du chef de file de l’Opposition. Ceux que je critique, c’est la CODER. Nous avons des camarades avec qui nous avons driblé les balles lors de l’insurrection qui sont dans l’Opposition et ils font un travail correct.
Ils auraient pu être du côté du Président Roch Marc Christian Kaboré. Ils font un travail formidable, des critiques constructives. Peut-être dans la 2e ou 3e année, il va prendre en compte les critiques de l’Opposition politique et le Burkina ira de l’avant. Au temps de Blaise Compaoré, nous avons émis des critiques, il n’a pas écouté, mal lui en a pris.
B24 : L’opposition organise un meeting, le 29 avril. L’AMP estime que c’est inopportun. Pourquoi ?
P. Y. : Probablement, ils vont répéter la même chose. Ils vont peut-être réclamer le retour de Blaise Compaoré. Nous on réclame le retour de Blaise Compaoré pour qu’il soit jugé et puni conformément aux lois de la république.
Vous savez, des fois nous sommes critiques à l’endroit du pouvoir par exemple lorsque nous leur disons, vous ne communiquez pas suffisamment. Est-ce que vous savez que l’opposition à l’Assemblée nationale a tenté de faire tomber le gouvernement ?
B24 : Comment ?
P. Y. : Ils ont cherché 43 députés pour pouvoir mettre le gouvernement en difficultés, ils n’ont pas pu le faire. Qu’est-ce qui ne va pas dans ce pays ? Dans la gestion du pouvoir d’Etat ? Qu’est ce qui ne va pas ? Dites !
Propos recueillis par Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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