Abdoul Karim Sango : « Quand j’ai parlé des génies du FESPACO, les gens ont ri! »
Le Ministère de la culture, des arts et du tourisme a organisé un panel sur la « Promotion des valeurs culturelles pour la paix et la cohésion sociale » à Bobo-Dioulasso le jeudi 20 juin 2019. L’appel à la valorisation de l’identité identité culturelle était au cœur des échanges.
« Comment vaincre le terrorisme à travers la promotion culturelle ? ». Cette réflexion a mobilisé les autorités et les différentes couches sociales dans la commune de Bobo-Dioulasso.
D’emblée, « l’histoire nous enseigne que ce pays s’est construit de façon pacifique », a rappelé Monseigneur Anselme Titianma Sanou. Il est revenu sur certains concepts socio-culturels comme le « Moguoya ». Il le définit comme la reconnaissance mutuelle de l’humanité d’autrui et de soi. Car dit-il, « celui qui ne reconnait pas l’humanité de l’autre sera lui-même inhumain ».
Et ce sont ces valeurs qui sont prônées au cours de ce panel qui a pour thème « promotion des valeurs culturelles pour la paix et la cohésion sociale ».
De nouveaux types de conflits
Une question plus que jamais d’actualité. Car, « on n’a jamais autant parlé de cohésion sociale et de paix plus que ces 5 dernières années », rappelle le Gouverneur de la région des Hauts-Bassins Antoine Atiou. Il peint un tableau peu reluisant de la cohésion sociale dans sa région où 6 préfets sont entrain de résoudre des dossiers de conflits.
Il évoque notamment des nouveaux types de conflits qui se sont greffés aux tensions entre agriculteurs et éleveurs. « De plus en plus, on assiste à la naissance de conflits entre autochtones et migrants, des conflits entre coutumiers et religieux et aussi des conflits entre les autochtones eux-mêmes. Ce dernier cas est généralement causé par des points de divergence autour de la chefferie coutumière. Le cas le plus récent est celui de Banfora qui a causé deux morts », regrette le gouverneur.
D’où la nécessiter de doter ces structures de moyens adéquats pour leur meilleure participation à la lutte pour la préservation de la paix. A l’en croire, l’importance de leur intervention est telle que 60 à 70% de leur travail consiste à apaiser les conflits. Souvent, la justice même leur renvoie certains dossiers de litiges.
Ce qui illustre les observations du Ministre de la culture, des arts et du tourisme Abdoul Karim Sango qui témoigne que nos institutions ne sont pas toujours en phase avec nos réalités. C’est-à-dire un développement qui devrait se fonder sur nos valeurs culturelles et africaines. Malheureusement, ces enjeux ne semblent pas être bien mesurés jusque-là, dit-il. Pour preuve, « quand j’ai parlé des génies du FESPACO, les gens ont ri. Alors que tout Africain a déjà entendu parler des génies ». Un point de vue largement partagé par les panélistes.
Le retour aux sources comme alternative
Néanmoins, « quand on se rend compte qu’on est perdu, la sagesse voudrait qu’on revienne sur ses pas », dira l’historien Bruno Doti Sanou. Un participant s’est alors demandé pourquoi les rites traditionnels qui permettaient de protéger certains villages ne sont pas mis à profit dans ce combat contre les forces du mal. L’intégration de l’enseignement des valeurs culturelles dans le cursus scolaire et universitaire de notre pays s’est aussi invitée au débat.
Le panel intervient dans le cadre du centenaire du Burkina Faso qui sera également marqué par « la grande nuit de la diversité et la fête de la musique » le vendredi 21 juin à Bobo-Dioulasso.
Aminata SANOU
Correspondante de Burkina 24 à Bobo-Dioulasso
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