Burkina : Un investisseur veut fermer boutique pour « insécurité judiciaire »
Les 500 travailleurs des Boulangeries au four mixte (BFM) se disent inquiets lors de la conférence de presse qu’ils ont animée ce jeudi 21 juin 2012 à la Bourse du travail à Ouagadougou. En effet, leur patron, Gaetano Santomenna, a pris la décision de fermer ses unités (cinq boulangeries, un restaurant et une pâtisserie) et de les délocaliser dans d’autres pays. La raison, non pas que son entreprise ne marche pas, mais parce qu’il y aurait « une absence de sécurité judiciaire » au Burkina.
La Fédération nationale des boulangers et pâtissier du Burkina (FNBPB) veut prendre l’opinion nationale à témoin sur la l’inquiétante situation dans laquelle se trouvent les 500 travailleurs des BFM. Le Secrétaire général, Konomba Traoré, et ses camarades ont animé une conférence de presse pour expliquer que leur patron, Gaétan Santomenna, leur a signifié par lettre datant du 4 juin 2012, de sa décision de délocaliser ses unités dans d’autres pays et donc, de mettre au chômage les 500 travailleurs. Il a déjà joint l’acte à la parole, car, de l’affirmation de Konomba Traoré, 46 travailleurs de la BFM de Bogodogo ont reçu le 5 juin 2012, leur lettre de licenciement. M ais les négociations entamées ont permis de suspendre ces licenciements.
« La justice de ce pays m’a beaucoup déçu »
Mais pourquoi l’investisseur italien a-t-il décidé de fermer subitement boutique ? Selon les conférenciers, Gaétan Santomenna estime que le climat des investissements au Burkina est devenu malsain. En effet, dans la lettre où il signifiait aux travailleurs son désir de fermer, le boulanger explique que c’est convaincu qu’il « bénéficiera de la protection offerte par la loi sans discrimination aucune » et que ses investissements seront sécurisés qu’il a investi au Burkina et pas ailleurs. Mais aujourd’hui, dit-il, «la justice de ce pays m’a beaucoup déçu et ne me laisse pas le choix de reconsidérer ma position d’investisseur étranger ». Il poursuit en peignant la justice burkinabè avec de pas jolies couleurs : « Cette justice m’a révélé qu’en droit burkinabè, il est permis d’escroquer, abuser de la confiance, faire des faux et en user sans craindre d’être sanctionné ».
Konomba Traoré situe l’origine du désappointement de Santomenna dans l’affaire qui l’a opposé au patron des défuntes Boulangeries 2000, Riskalla Elie. Santomenna a vendu cinq fours à ce dernier qui n’aurait pas payé. L’affaire amenée en justice a donné raison à Riskalla Elie. Raison pour laquelle Gaetan se dit baigner dans une « absence de sécurité judiciaire », une menace pour ses investissements.
Menace d’une pénurie de pain à l’horizon
La FNBPB craint pour ses syndiqués, même si Gaetan Santomenna a pris l’engagement de suivre une procédure qui permettra aux travailleurs de rentrer dans tous leurs droits. Ils en appellent alors au gouvernement, à qui ils ont transmis leur doléance. Ils prennent aussi l’opinion publique à témoin. Enfin, ils font un appel du pied à l’endroit du gouvernement afin qu’une convention collective soit adoptée pour éviter aux travailleurs du secteur le « désordre, l’ anarchie et l’injustice » qui y règnent.
« Nous n’allons plus nous laisser faire ! On est fatigué, fatigué, fatigué ! Nous nous excusons auprès des populations, mais si cette affaire n’est pas résolue, on va encore manquer de pain ! », a prévenu Konomba Traoré.
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