Blogging au Burkina Faso : « Ce n’est pas un métier à plein temps mais c’est une passion à plein temps », (Ange Gabriel Kambou)

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L’Association des blogueurs du Burkina (ABB) a un nouveau président, en la personne de Ange Gabriel Kambou, élu le 30 janvier 2021 au cours d’une assemblée générale. Il a ainsi succédé à Bassératou Kindo qui a passé quatre ans à la tête de l’ABB. En attendant la passation de service entre les deux, ce vendredi 5 février 2021, Burkina 24 est allé à la rencontre du nouveau président. 

Burkina 24 : Vous venez de prendre les rênes de l’ABB, dites-nous le blogging est-il un métier à part entière ou un passe-temps pour vous ?

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Gabriel Kambou (G.K) : Le blogging pour moi, c’est une passion. C’est depuis 2006-2007 que j’ai commencé à blogguer parce que le blog venait répondre à une attente que j’avais. Etant jeunes, nous avions et nous avons toujours des positions, des opinions souvent jugées radicales ou jugées très tranchées. Du coup, il n’y avait pas cette possibilité, d’exprimer aisément ce que je ressentais, ce que je pensais dans un journal comme il se doit.

Quand j’ai découvert le blog c’était vraiment une aubaine pour moi de pouvoir enfin m’exprimer sans censure, écrire ce que je pense avec force et rigueur, et exprimer au monde entier cette passion. Je continue à la vivre à ma manière. Et je dirai donc ce n’est pas un métier à plein temps, mais c’est une passion à plein temps.

B24 : L’ABB compte combien de membres ?

GK : Pour vous donner une idée, l’année 2020 par exemple, nous avons reçu 38 demandes d’adhésion à l’association des bloggeurs.  Et ces 38 demandes ont été validées à la dernière assemblée générale que nous avons eu durant laquelle, nous avons procédé aussi au renouvellement du bureau. A ce jour, nous sommes à plus d’une cinquantaine des membres à travers le pays qui adhèrent aux idéaux de l’association des blogueurs du Burkina.

B24 : Quels sont les préalables pour intégrer la famille des blogueurs du Burkina ?

GK : Le premier préalable, le plus fondamental c’est d’avoir un blog. Parce que si on dit association des blogueurs, cela signifie que ce sont tous ceux et toutes celles qui ont des blogs qui y sont appelés à être membres. Il faut d’abord créer le blog.  Et d’ailleurs un des critères c’est d’aller vérifier l’existence de votre blog et avant donc d’accepter votre demande d’adhésion.

Il y a aussi le paiement des droits d’adhésion qui s’élèvent à 5000 FCFA seulement et la cotisation annuelle qui est de 6000 FCFA. C’est vraiment des conditions modestes pour adhérer à l’association et toutes ces occasions et opportunités que nous avons pour former nos membres sur diverses thématiques.

B24 : Quels sont les types de formation que vous donnez aux membres ?

GK : Il y a le management, l’animation du blog, le management des réseaux sociaux et nous avons plusieurs thèmes de développement. Par exemple le samedi 6 février  2021, nous aurons une formation sur le genre. Nous avons des formations sur la redevabilité de comment faire la veille citoyenne des politiques publiques.

Nous avons aussi des formations sur les autres médias sociaux comme le Community management. Pour nous, c’est d’habiliter les membres  à répondre aux questions existentielles, à répondre aux attentes de notre population.

B24 : Quelle est votre lettre de mission à la tête de l’ABB ?

GK : L’association des bloggeurs, c’est une maison que je connais très bien pour avoir participé à sa mise en place dès les premiers moments. C’est une maison que je connais très bien. Pour moi, c’est une forme de continuité parce que nous avons travaillé ensemble avec les camarades qui ne sont plus dans le bureau directement mais ce sont des gens avec qui nous avons travaillé pendant les quatre ans de 2016 à 2020.

Pour moi, c’est une poursuite de ce que nous avons commencé ensemble, ce que nous avons fait ensemble. Poursuivre dans cette lancée et faire en sorte que notre association continue d’avoir le crédit qu’elle  a auprès des organisations de la société civile et des organisations non gouvernementales et au niveau des institutions étatiques.

Nous avons ensemble fait face aux difficultés, nous avons combattu ensemble. C’était indispensable que nous puissions continuer après 4 ans de présidence de la présidente Bassératou Kindo. Il fallait que ces sacrifices qui ont été consentis pendant ces 4 ans puissent se consolider, puissent être d’avantage améliorés pour que nous puissions être opérationnels et disponibles.

Quel que soit ce qui sera fait ou ce qui sera dit, l’essentiel, c’est de rester irréprochable. En tout cas, pour ce qui concerne la gestion. Dans tous les cas, comme on le dit, on ne peut pas plaire à tout le monde. Nous ne sommes pas là pour plaire à tout le monde et nous ne serons pas là pour plaire à tout le monde. L’essentiel, c’est de plaire à nos idéaux et nos convictions pour lesquelles nous vivons.

Burkina 24 : Vous venez d’affirmer que vous connaissez bien la maison.  Alors quels sont les défis auxquels fait face votre structure aujourd’hui ?

GK : Les défis, c’est comme vous savez pour toutes les associations, c’est le financement pour mener les activités. Nous avions eu la chance dès notre création de bénéficier de l’accompagnement de l’ONG DIAKONIA pour suivre les politiques publiques.

Nous espérons que ce merveilleux travail qu’on avait commencé avec l’ensemble des partenaires du programme Présimètre va continuer. C’est en même temps un appel aux bailleurs à continuer à nous aider en tant qu’organisation de la société civile, continuer avec cette force de vérification, de pression, de proposition pour une meilleure gouvernance dans notre pays.

Aujourd’hui, on peut dire qu’on a l’impression qu’il n’y a pas d’opposition politique au pouvoir en place parce que l’opposant principal est aujourd’hui dans la majorité. Si la société civile n’est pas là pour contrôler, pour vérifier, pour proposer, pour donner souvent un autre fond d’approche…. Nous ne sommes pas des opposants politiques. Nous faisons notre travail d’amélioration et de vérification.

C’est un défi pour nous de rester toujours impartial et indépendant de tous bords politiques.

Le troisième défi va être la formation des bloggeurs et le recyclage pour certains. Parce que pour nous, c’est bien les réseaux sociaux mais il ne suffit pas d’aller juste souvent profiter de la connexion gratuitement offerte pour juste insulter des gens, dire n’importe quoi et disparaitre. Non. Nous voulons que les réseaux sociaux puissent contribuer à produire du sens, à produire du contenu pour le référencement de notre pays.

Beaucoup de jeunes aujourd’hui à travers le monde gagnent leur vie à travers les réseaux sociaux. Il n’est pas normal que nous jeunes burkinabè, nous continuons juste à aller faire des polémiques stériles sur les réseaux sociaux sans les utiliser pour aussi produire de la richesse pour notre pays. C’est très important.

Nous allons par la grâce, travailler à former, à habiliter davantage les jeunes pour que nous puissions prendre d’assaut les réseaux sociaux pour d’avantage créer, proposer et aussi faire avancer notre intelligence. Nous sommes très intelligents donc il n’est pas normal que nous puissions mettre cette intelligence sous le boisseau.

B24 : Est-ce qu’aujourd’hui le blogging intéresse encore les jeunes ?

GK : Oui, sans équivoque, puisque je viens de vous dire que pour  2020, nous avons eu droit à 38 demandes d’adhésion à l’association des blogueurs. 38 demandes d’adhésion. C’est seulement ceux qui sont à Ouagadougou. Pourtant nous sommes dans les régions. Il y a des jeunes qui blogguent dans les régions sans forcément adhérer à l’association. Il y a de l’intérêt pour les jeunes.

S’il faut dénoncer, on dénonce. D’ailleurs nous avons des blogueurs parmi nous qui sont des lanceurs d’alerte ou en tout cas des dérangeurs, comme un peu vous les journalistes (…). Il faut déranger souvent, déranger pour faire avancer les choses. Pour faire cesser les pratiques qui ne sont pas honorables pour notre pays. Il y a de l’intérêt des jeunes.

B24 : Un mot à l’endroit de vos collaborateurs ?

GK : D’abord je voudrai rendre grâce à Dieu qui nous donne la vie gratuitement pour que nous puissions être là, qui nous donne la santé pour travailler et le courage aussi pour affronter les difficultés, qui en réalité sont des opportunités pour nous dans la vie.

Je voudrais remercier l’ensemble des camarades qui ont porté leur choix sur ma modeste personne pour diriger cette association et les encourager à rester toujours dignes et à travailler comme le disent les saintes écritures, «une maison divisée contre elle-même court à sa propre ruine ».

J’appelle à l’unité, à la fraternité, afin que nous soyons unis d’abord dans notre famille ABB. Que nous soyons soudés. Il y a des difficultés, il y aura des situations difficiles mais toutes ces situations-là ont besoin d’être débattues, on besoin d’être réglées en famille et avant même que nous puissions donc ouvrir nos portes pour regarder le soleil se lever. C’est important de nous entendre, de nous encourager. C’est aussi inviter les membres à nous donner main dans la main pour avancer, parce qu’une des tares la jeunesse burkinabè, c’est cette absence de soutien mutuel pour avancer.

Propos recueillis par Willy SAGBE et retranscris par Déborah BENAO

Burkina 24

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