Conseil supérieur de la communication (CSC) : Un Gendarme sans armes !
Le Conseil supérieur de la communication (CSC) est désormais sur cale. La bataille politico-judiciaire engagée en a fait un champ de ruines institutionnel.
Tout est parti du décès du conseiller Zoumana Wonogo le 28 mars 2021, auquel s’ajoutent les démissions, d’abord en septembre 2021 de son président Mathias Tankoano, lequel rejoindra le gouvernement sous Roch Kaboré, deux mois plus tard, ensuite du conseiller Victor Sanou en janvier 2022.
Débute alors un long intérim assuré par le vice-président, Abdoulazize Bamogo. A la veille de l’élection du nouveau chef de l’institution, ce dernier démissionne de la vice-présidence et se présente face à Danielle Bougaïre, nouvelle conseillère désignée au titre de la Présidence du Faso.
Le premier remporte le scrutin le 31 mai 2022 par 5 voix contre 4 en présence d’un huissier. Dans un esprit sportif, la perdante, ancienne directrice de la RTB, félicite même le vainqueur. Avec la désignation d’un président investi des pleins pouvoirs, l’on pensait alors que l’instance de régulation des médias allait tourner la page pour enfin se consacrer à son cœur de métier.
Où est passé le bâton de commandement ?
Mais c’était sans compter sur les « démons de la division » qui semblent particulièrement hanter le bâtiment du CSC depuis quelques années. Arguant du fait qu’Abdoulazize Bamogo aurait dû déposer sa démission non pas auprès des conseillers mais devant le Président du Faso, dame Bougaïre, qui croyait sans doute le jeu déjà plié d’avance, décide de contester l’élection de son challenger devant les tribunaux. Le 24 juin, la plaignante est déboutée en référé par le tribunal administratif.
Ce premier obstacle juridique levé, plus rien n’empêchait, en principe, le chef de l’Etat, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, de prendre le décret nommant officiellement Abdoulazize Bamogo à la tête du « Gendarme de la communication ». Mais plus d’un mois après, c’est toujours le statu quo. Le vainqueur attend toujours de recevoir son bâton de commandement.
Ils sont donc nombreux à croire que le Président Damiba a rangé le dossier au fond de ses tiroirs, jouant la montre. De quoi accréditer la thèse qu’ayant échoué à placer sa candidate à la tête du CSC, Kossyam veut saboter le fonctionnement de l’institution sinon carrément la dissoudre, ou tout le moins nommer un (e) intérimaire pour la diriger.
Le CSC mérite mieux que ça !
En tout cas, l’inquiétude est grandissante du côté des organisations professionnelles des médias qui sont montées une nouvelle fois au créneau pour mettre en garde contre les velléités de « formation d’un nouveau collège ou la substitution du CSC par une quelconque autre autorité, quelle que puisse être son appellation ».
Quoi qu’il en soit, le chef de l’Etat gagnerait à lever rapidement les suspicions et rassurer sur le fait qu’il n’entend pas s’immiscer dans les affaires internes d’une institution. Le CSC, fruit de plusieurs années de combat des professionnels des médias et de la communication, mérite mieux que cette « mort programmée » à laquelle l’on se dirige, si le chef de l’Etat ne prend pas le fameux décret de nomination d’Abdoulazize Bamogo.
Ce qu’il faut craindre maintenant, même si une issue heureuse était trouvée à la crise, est que la guerre d’égo et la bataille judiciaire ne laissent de profondes cicatrices au sein du collège des conseillers. Son unité risque alors de voler en éclats. Il ne faudrait surtout pas qu’un an avant sa fin, l’actuelle mandature soit l’ombre d’elle-même…
La Rédaction
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