Hydrocarbures : A Bobo-Dioulasso, à bâtons rompus avec la SONABHY
La Société Nationale Burkinabè d’Hydrocarbures (SONABHY) veut jouer la carte de la redevabilité et du contrôle citoyen. Considérée comme une poule aux œufs d’or, la société détenue à 100% par l’Etat burkinabè a décidé de dévoiler ce qui pourrait se cacher sous ses plumes, à une trentaine de journalistes, rédacteurs en Chef, responsables de médias, de la ligue des consommateurs, du Groupement Professionnel des Pétroliers et Indépendants (GPPI) dont la société Prime Oil SA et du ministère du commerce… En tout cas, ce qui ressort des échanges et de l’incursion dans le dépôt de Péni situé à une trentaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, tout n’est pas si rose que ça à la SONABHY. La maison mère des Hydrocarbures fonctionne presque à crédit, afin de soulager les Burkinabè !
De loin, difficile d’apercevoir grand-chose. Un poste de sécurité, des bâtiments, deux gigantesques infrastructures composées d’un bac à eau de couleur bleue et d’une sphère à gaz blanche…
A l’entrée, tout visiteur est soumis à des règles de sécurité, notamment le port de casque. Là, on tolère quelques habitudes, mais pas pour longtemps. Vendredi 2 septembre 2022, nous sommes au dépôt SONABHY de Bobo délocalisé à Péni avec une superficie d’environ 70 hectares et situé à une trentaine de kilomètres de la ville de Sya, sous la houlette de Jean Claude Sédégo, premier responsable dudit dépôt.
Le site inauguré le 29 juillet 2017 par Roch Marc Christian Kaboré, Président du Faso d’alors, a une partie qui est en cours de finalisation. Selon les prévisions, il y aura, entre autres, des chambres pour le personnel de veille, l’administration, un restaurant pouvant accueillir 100 personnes, des espaces de détente et de sports, une salle personnalisée pour le service marketing et commercial, deux parkings (principal et secondaire), …
Après avoir franchi le premier poste de sécurité sans grande exigence, un deuxième poste se présente à une centaine de mètres un peu devant. Là, l’on va devoir se soumettre à d’autres consignes de sécurité beaucoup plus strictes. Le surnom de la SONABHY, « Entreprise dangereuse, incommode et insalubre (EDII) », a tout son sens. Pas de briquet, d’allumette, ni de camera ou de téléphone… Le risque d’incendie, d’explosion, d’intoxication, de surdité ou d’électrocution est imminent.
Des milliers de bouteilles de gaz sont entassées en face d’une salle de supervision munie de systèmes de détection de compression de gaz, de flamme, permettant de déclencher l’alerte et/ou activer la réponse au cas où. C’est un travail d’équipe ici. Tout est minutieux, personnalisé, vérifié et contrôlé à divers niveaux. Environ 180 bouteilles de gaz sont remplies par jour.
Stéphane Couturier est le superviseur de la construction du dépôt d’hydrocarbures liquides de Péni. Les travaux sont à 70% d’avancement, dit-il. La livraison du site est prévue en fin février 2023. Celui qui affirme qu’aucun incident n’a été enregistré à ce jour se dit déjà très satisfait de ce qu’il voit.
Il faut noter que le dépôt SONABHY Bobo était situé dans la zone industrielle à proximité d’un camp militaire. En l’an 2000, pour faire face à la demande en pleine croissance, l’option d’une délocalisation s’est imposée. Ainsi, naquis le projet du dépôt de Péni dont la phase de construction d’un dépôt de gaz est opérationnelle depuis 2017. La capacité de stockage a quadruplé.
Le défi actuel de la nationale des hydrocarbures est de bien se positionner sur le plan sous régional. C’est l’essentiel des informations partagées avec la presse et les partenaires de la SONABHY du 31 août au 2 septembre 2022 à Bobo-Dioulasso.
Daniel Bassolé, Directeur commercial et marketing de la SONABHY, explique que cette rencontre à Bobo-Dioulasso a été voulue notamment compte tenu de certaines informations non vérifiées ou erronées diffusées à propos de la SONABHY ou des questions ayant trait aux hydrocarbures surtout sur les réseaux sociaux.
Ce cadre, dit-il, s’avère une belle opportunité pour partager avec les journalistes et l’opinion publique les informations justes et vérifiables, par ricochet, renforcer la collaboration avec les médias, améliorer la communication sur les activités de la SONABHY et faire découvrir les missions de la société.
En rappel, le 9 octobre 1985 marque la naissance officielle de la Société Nationale Burkinabè d’Hydrocarbures (SONABHY) par Kiti (décret) n°85-035/CNR/PRES/PRECO par apport des actifs de deux sociétés de stockage d’alors à savoir la Société d’Entreposage de Bobo (SEB) créée le 15 janvier 1979 et la SEBHY (Société d’Entreposage Burkinabè d’Hydrocarbures créée en 1980), dont les actionnaires ont été expropriés pour cause d’utilité publique et indemnisés par l’Etat.
La SONABHY dispose de dépôts de transit (Cotonou, Lomé, Côte d’Ivoire, Ghana, Niger, etc.) et de dépôts intérieurs (à Bingo à 32 kilomètres de Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso délocalisé à Péni).
En outre, la SONABHY dispose d’un monopole de droit pour l’importation et le stockage des hydrocarbures liquides et gazeux. L’approvisionnement des produits pétroliers conformément aux missions de la SONABHY s’effectue sur le marché international selon des modes d’achat : contrat de longue durée ; appel d’offres ; consultation restreinte ; achats spots ou d’opportunités. Le mode d’achat le plus privilégié de la SONABHY, selon Daniel Bassolé, est l’appel d’offres.
La facture pétrolière du Burkina Faso à l’instar des autres pays importateurs de produits pétroliers d’Afrique est fonction de deux grandes variables déterminantes : le cours du baril et le cours du dollar. Et les cinq difficultés en relation avec l’approvisionnement de la SONABHY sont la Hausse des prix (Baril et Dollar), le stockage extérieur, le stockage intérieur (stock de sécurité), la situation du transport et le paiement de la subvention et des clients, toujours selon le directeur marketing.
Des solutions et perspectives ont été répertoriées par la société. En termes de défis, la SONABHY veille à la sécurité énergétique du Burkina Faso, avec un objectif permanent de 0 rupture; recherche en permanence pour le consommateur burkinabè une énergie au moindre coût et un produit de qualité préservant son environnement et ; garantit à l’Etat sa contribution d’entreprise citoyenne.
Le système d’approvisionnement en produits pétroliers est, cependant, fortement perturbé par la crise ukrainienne depuis le mois de mars 2022 occasionnant une hausse actuelle du cours du baril et la non disponibilité de produits pétroliers sur le marché mondial.
Il faut également savoir que les transports des hydrocarbures sont ouverts à des milliers de transporteurs et la SONABHY, selon ses responsables, ne peut être tenue pour responsable de la manipulation ou de l’usage des bouteilles de gaz. « L’Etat burkinabè paye énormément de subventions pour que la population puisse avoir le gaz ou le carburant à un prix raisonnable. Mais ces efforts sont toujours insuffisants », informe M. Bassolé, comparant la situation à plusieurs pays de la sous-région.
A noter qu’au 30 juin 2022, le portefeuille des clients de la SONABHY comprenait quatre-vingt-quatorze (94) clients actifs dont cinq (05) distributeurs membres du Groupement Professionnel des Pétroliers (GPP) ; sept (07) consommateurs constitués des institutions étatiques et d’une société BTP et mines ; et quatre-vingt-deux (82) indépendants.
En termes de chiffre d’affaires (539 675 601 579), les cinq plus grands clients au 30 juin 2022 par ordre décroissant sont TOTAL BURKINA avec 109,240 milliards soit 20,25% des ventes totales ; VIVO ENERGIES BURKINA avec 63.915 milliards correspondant à 11,85% des ventes totales ; ORYX BURKINA avec 33,472 milliards correspondant à 6,20% des ventes totales ; SONABEL avec 27,465 milliards soit 5,09% des ventes totales ; OTAM avec 22,483 milliards correspondant à 4,17% des ventes totales.
Noufou KINDO
Burkina 24
Encadré : Autres infos utiles
- Toutes les sociétés minières passent par la SONABHY pour leur approvisionnement.
- Le Burkina ne disposant pas de raffinerie n’est pas en relation avec les pays producteurs de pétrole brut dont le Nigéria.
- La SONABHY, elle-même, est soumise à un contrôle de qualité chaque année.
- La SONABHY fonctionne presque à crédit actuellement grâce aux établissements financiers. Elle investit toujours à perte en gaz.
- Chaque consommateur a la possibilité de prélever par exemple du carburant acheté et le soumettre à la SONABHY pour vérification de la qualité, en cas de doute.
- La couleur (carburant) et l’odeur (gaz) n’ont pas un impact direct sur la qualité des produits. Ce sont des mesures de prévention/protection et de lutte contre la fraude.
- Le syndicalisme existe à la SONABHY. Mais grâce au dialogue, les crises sont gérées sans grand bruit.
Source : SONABHY
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