Ici Au Faso | Gaël Kaboré, un fabricant de machines à laver made in Burkina
Gaël Kaboré est un jeune burkinabè qui, après une courte expérience non concluante à l’Université de Ouagadougou, dans la faculté des sciences économiques et de gestion, a préféré se lancer dans l’entrepreneuriat. Ambitieux avec un ardent désir d’impacter sa génération, il surfe dans l’univers de l’innovation. Dans sa tentative de se démarquer, il saisit chaque petite opportunité qui s’offre à lui afin d’implémenter son entreprise. Dès lors naquit « Leracheté », une entreprise dédiée à la fabrication des machines à laver. De ses débuts difficiles marqués par l’adversité dans le milieu entrepreneurial, Gaël Kaboré ne vise que le sommet. Il dit vouloir faire du pays des Hommes intègres une plaque tournante en matière de recherche et d’innovation grâce à ses machines à laver. Découverte !
L’État seul ne peut pas tout faire ! C’est ce que ne cessent de dire les gouvernants burkinabè pour inciter la population et surtout la frange jeune à entreprendre. Gaël Kaboré semble avoir compris la « chose », et avoir capté le message. N’ayant pas obtenu de diplôme universitaire pour prétendre à certains postes de responsabilité, il crée sa propre entreprise : Leracheté.
Avant de créer cette entreprise, il met en place une petite structure avec une dizaine de femmes déplacées internes. En effet, exposées aux aléas de la vie après avoir quitté leurs localités de résidence à cause de l’insécurité, ces femmes sillonnent les différents quartiers de la capitale burkinabè pour faire la lessive moyennant quelque chose pour leur service. Ce, pour gagner leur pitance journalière. Une occupation qui, selon Gaël Kaboré, préserve la dignité de ces femmes afin qu’elles ne se retrouvent dans les rues pour mendier.
« J’avais recruté des femmes déplacées internes pour les former, pour qu’elles puissent laver le linge dans les domiciles, et puis avoir des revenus pour subvenir à leurs besoins au lieu de mendier. C’est dans cette lancée que j’avais recruté des femmes, une trentaine environ. J’avais mis en place une agence dénommée Agence Pègb-service. Nous intervenions dans une douzaine de quartiers et nous travaillions avec les ménages », relate-il.
Une machine pour travailler sans effort et de façon efficace
Mais Gaël nous révèle qu’il constatait que ces femmes déployaient beaucoup d’efforts pour faire ce job. Ce qui les puisait, dit-il. C’est ainsi que pour leur faciliter la tâche, il aura à l’esprit l’idée de concevoir un outil qui puisse leur permettre non seulement de faire rapidement leur travail mais sans grand effort et de façon efficace. Ainsi, grâce à son esprit de créativité, il conçoit un premier prototype d’une machine à laver.
Cette première expérience, explique-t-il, était constituée d’une bassine munie d’un tambour. Il décide de donner à cette machine le nom de « Manilinge », car fait-il savoir, la machine fonctionnait à l’aide d’une manivelle. Après des premiers essais réussis, il remet la machine (Manilinge) aux femmes qui travaillent avec lui pour commencer à l’utiliser.
Bicyclinge, Manilinge et solinge
De cette première machine est née LAVATOR. La marque de machine à laver 100% burkinabè pensée et mise au point par Gaël Kaboré. Cette machine sera vite adoptée par les utilisateurs. En un laps de temps, nous renseigne Gael Kaboré, il écoule plus d’une quinzaine de machines « Manilinge ».
Gaël ne se prélasse pas sous ses lauriers. Il pousse ses recherches. Il parvient à fabriquer deux autres machines à savoir « Solinge » et « Bicyclinge ». À ce jour, confie-t-il, LAVATOR dispose de trois types de machines à laver : Manilinge, Solinge et Bicyclinge.
« Solinge fonctionne avec une double batterie incorporée qui fonctionne automatiquement avec une autonomie de 3h. Vous pouvez travailler sans charger. Bicyclinge est doté d’une bicyclette. Vous mettez vos habits et vous pédaler. En même temps, vous faites le sport, en même temps vous laver vos habits. Manilinge est manuel. Vous mettez les habits dans la machine et vous tournez avec la main simplement », explique-t-il.
Il vante que ses machines sont résistantes. Elles sont faites à base de fer. Et cette matière, de l’avis du jeune inventeur, est accessible sur le marché. Cependant, il avoue que le prix est assez exorbitant sur le marché local par rapport aux autres pays de la sous-région.
Gaël Kaboré note que le prix du fer, la principale matière première ne cesse de galoper sur le marché. Ce qui fait qu’à son niveau aussi, les prix de ses machines grimpent aussi. « Solinge se vend à 192.750 FCFA y compris l’installation, l’équipement avec une garantie d’un an. Bicyclinge fait 147.500 FCFA avec une garantie d’un an aussi. Manilinge coûte 97.500FCFA », précise-t-il.
Gaël poursuit son bonhomme de chemin avec son innovation, grâce à son courage et à sa détermination. Il ne bénéficie d’aucun accompagnement extérieur même pas de l’État, fait-il savoir. C’est avec ses petites économies qu’il parvient à tout faire pour la conception de ses machines.
Le seul et premier Africain à concevoir une machine à laver
Il soutient mordicus être le seul et premier Africain à concevoir une machine à laver jusqu’ici. « Pour le moment, je n’ai pas de concurrence non pas ici, non pas en Afrique. Je peux dire que nous sommes les premiers. Les premiers à faire ces choses », insinue-t-il avec fierté. Des machines à laver importées, il en existe sur le marché burkinabè : Neuve ou occasion. Mais Gaël Kaboré rassure les Burkinabè que ses machines sont économes et faciles d’usage.
« Les machines importées consomment tellement de l’énergie. Mais celles que nous avons développées par exemple Bicyclinge, non seulement que ça permet aux gens de faire le sport, les personnes âgées qui sont toujours malades, avec ça, avec le sport qu’ils vont faire, ils vont se préserver de beaucoup de choses. Tous les types d’habits peuvent être lavés par les machines sans risques », soutient-il.
Il a des clients même en dehors du Burkina Faso. Pour susciter plus d’engouement autour de sa « chose », il dit faire de la participation à des rendez-vous tels que des foires en vue de se faire connaitre davantage du grand public. « À la rencontre État-secteur privé, l’année passée à Bobo, nous avons été là-bas et ça été très bien. Le Premier ministre nous a reçus, on a bien expliqué la chose, l’importance de la chose. On a aussi exposé au FRSIT à l’université et c’était très bien aussi », s’en réjouit-il.
Tout travail a ses réalités et ses difficultés surtout un domaine comme celui-ci. Et pour Gaël, il fait face aux mêmes réalités que tous les jeunes entrepreneurs. À savoir le manque de moyens pour faire valoir leur savoir-faire.
« Nous qui sommes des innovateurs, je peux dire qu’il n’y a pas de financement sans garantie. Et c’est ce qui bloque les innovateurs au Burkina Faso. On s’est approché de beaucoup d’institutions, mais la plupart demande une garantie. Ça fait que ça bloque beaucoup de choses.
On a été sélectionné aussi lors du Programme d’Appui à l’Inclusion Financière (PAIF) en partenariat avec la banque mondiale qui avait lancé une campagne pour subventionner les entrepreneurs. Le dossier a été sélectionné mais bon, c’est au Burkina, et nous sommes toujours dans l’attente », avance-t-il avec un brin de sourire ironique.
Pour lui, le Burkina peut rivaliser avec beaucoup de pays en termes d’innovation. Le talent y est. Il suffit juste de revoir la politique de financement des projets, poursuit-il. C’est ce qui explique, avance-t-il, le départ vers d’autres cieux de certains jeunes détenteurs des projets innovants.
« Des gens ont des talents ici, mais pourquoi beaucoup fuient pour aller à l’extérieur, pour donner de ce qu’ils ont et ça nous revient cher ici. Mais si on revoit ce que nos jeunes talents font ici, je crois qu’on n’aura pas besoin de tendre la main à l’extérieur pour faire quoi que ce soit.
L’extérieur n’est pas mieux que nous ici, tout ce qu’ils ont, nous en avons. Mais c’est que nous ne puisons pas ce que nous avons et nous avons l’œil de l’autre côté alors que nous avons l’or devant nous. C’est ça qui est le seul problème ici », déplore-t-il.
Conquérir le marché africain avec LAVATOR
Gaël Kaboré est un optimiste hors pair. Il vise grand ! Il souhaite envahir le marché africain avec ses machines à laver dans les années à venir. « LAVATOR, c’est un lave-linge de l’Afrique ; c’est conçu spécialement pour être adapté à nos réalités. C’est pourquoi nous voulons que ces machines puissent voyager et aller partout », nourrit-il comme espoir.
Pour réaliser son rêve, il crie au secours de l’État pour l’accompagner financièrement surtout. « Nous traversons réellement une situation très difficile, donc le président a demandé la contribution de tout un chacun. Et si nous, jeunes, arrivons à faire quelque chose, nous demandons à nos autorités de nous accompagner pour que nous puissions donner le meilleur de nous-mêmes.
Afin que le combat qu’eux ils mènent soit un combat pour tout le monde. Chacun à son niveau peut combattre pour que nous puissions avoir une vie paisible, pour que chacun puisse se réjouir d’être Burkinabè », émet-il comme doléance…
Aminata Catherine SANOU et Flora KARAMBIRI
Burkina 24
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Bonjour Burkina 24 , j’aimerai entre en contact avec le fabricant de lavator merci d’avance