Théâtre : « Le Crépuscule des temps anciens », le « Bwamu[1] » se joue et se regarde
Pour sa toute dernière création, le Carrefour International de Théâtre de Ouagadougou (CITO) a choisi de faire voir au public une pièce inspirée du roman Le Crépuscule des temps anciens de Nazi Boni, l’un des premiers écrivains de la Haute-Volta (aujourd’hui Burkina Faso). Dans une mise en scène de Luis Marques et une adaptation de Aristide TARNAGDA, musique, danse et actions théâtrales nous font revivre le pays des Bwa[2].
Joël, jeune Bwaba, est tombé amoureux d’une fille de la même ethnie que lui : un amour idéal qui doit aboutir à un mariage endogamique qu’un grand nombre de personnes voit comme une priorité. Les choses se compliquent pour Joël quand sa mère lui dévoile que ce mariage est impossible pour des raisons qu’elle-même ignore. Le jeune homme qui ne s’avoue pas vaincu, entreprend un voyage initiatique au plus profond de son Bwamu natal. Sur les pas de ses Ancêtres, Joël se découvre et découvre l’œuvre de l’un d’entre eux : Nazi Boni (Le Crépuscule des temps anciens).
Dans ce monde qui lui est étranger, le jeune homme apprend, entre autres, que le Bwamu est (ou était) composé de plusieurs castes et était régi par les lois du Dô[3] . Au-delà de Joël, cette mise en scène se veut une initiation de tous les jeunes issus de la région à l’ensemble des hauts faits du Bwamu en les faisant jouer des rôles des personnages de l’œuvre Le Crépuscule des temps anciens comme Hakani, Téré, Lowan, Kia, etc. Ainsi, y a-t-il un va et vient entre les origines du monde des Anciens et le nôtre qui ne sait plus à quel saint se vouer ; une génération actuelle déboussolée qui ne sait même plus l’importance des traditions comme le Tinbwani[4]. Dans son évolution, le Bwamu verra l’arrivée des colons avec à leur tête, Binger. Une perte des valeurs va s’accélérer dans ce monde bien structuré au lendemain de la mort de Téré dont la disparition symbolise aussi la déchéance et la chute du Bwamu.
Vu comme le Moïse du Bwamu, la vie de l’auteur est intimement liée à son œuvre. Les hauts faits de l’écrivain et de l’homme politique se mêle intimement. Héro national, Nazi Boni a été, comme le souligne certains passages de la mise en scène, un homme engagé, tant sur le plan social que politique.
D’aucuns ne verront pas en cette création un lien profond avec l’œuvre originelle. Mais il faut retenir que le passage d’une œuvre romanesque à une action scénique demande un travail de dramaturgie approfondie qui doit faire appel, parfois, à l’actualité. Et cette création a réussi cela. Ce que l’on pourrait reprocher à ce travail scénique est que le travail des comédiens doit de plus en plus s’approfondir et éviter que certains empiètent sur le texte de leurs camarades sur scène. Certains rôles, comme celui du peuhl[5] pourraient être mieux approfondis. Une mention spéciale peut être faite au vieux Bakary KONE qui a interprété le rôle de Lowan, père de Kia (rival de Téré). Musicien dans ce spectacle, il a transcendé cette activité pour se fondre dans ce personnage.
Rialé
[1] Pays des Bwaba
[2] Bwa ou Bwaba : Habitants et natifs du Bwamu
[3] Divinité
[4] Tambour sacré
[5] Parent à plaisanterie des Bobo et des Bwaba
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