Justice : Après un vol, il se retrouve « miraculeusement » en prison
Le sieur Gouama (nom d’emprunt) a comparu le 18 juillet 2023 au Tribunal de Grande instance de Ouagadougou pour vol aggravé, accompagné de coups et blessures.
Gouama est accusé de vol d’engin, de trois téléphones portables, de 5.500 et de coups et blessures sur la personne de Rasmané (nom d’emprunt). Après la lecture des chefs d’accusation qui pèsent sur lui, naturellement le juge lui a demandé s’il reconnaissait les faits.
« Oui c’est moi qui ai commis », a-t-il reconnu dans une articulation langagière lourde et pénible. À peu près 1m75 de taille, la barbe fournie, bien bâti, le gaillard à la barre laissait transparaître un semblant d’indifférence face à ce procès contre lui. On aurait dit un Meursault dans le roman « L’Étranger » d’Albert Camus. Il a reconnu les faits et facilement d’ailleurs, mais procédure judiciaire oblige, le juge lui demande : « dites-nous comment vous avez fait ».
« J’étais assis à la maison, un ami est venu me chercher pour aller me payer de l’alcool. On a bu, quand on rentrait, on a vu le monsieur arrêté devant sa cour avec sa moto, il m’a demandé de prendre un fer, de taper le monsieur et de prendre sa moto. J’ai pris le fer, j’ai tapé le monsieur, j’ai pris sa moto.
Après, je ne sais pas comment ça s’est passé et je me suis retrouvé en prison. Quand je me suis réveillé, je me suis retrouvé en prison », a relaté Gouama. Une histoire aussi brève que dramatique qui a laissé la salle presque en rire, tant l’accusé a raconté les faits de façon banale et dans une articulation digne d’une personne qui n’est pas en possession de toutes ses capacités mentales.
« Qui vous a demandé de taper le monsieur? » lui demande le juge. « C’est Papa (surnom de son ami, NDLR) qui m’a demandé de le taper », a répondu l’accusé. « Vous voulez dire quoi en disant que vous vous êtes réveillé en prison. C’est quelle prison ? À la police ou à la MACO ? », a rétorqué le juge. « À la police de Nongr-Masson », répond l’accusé d’un ton et d’une manière dont lui seul a le secret. Le juge passe la parole au procureur pour ses questions à l’accusé.
Visiblement, celle-ci puisque c’est une dame, n’a guère apprécié l’attitude de l’accusé depuis le début de l’audience. « Monsieur (Gouama), vous êtes aux arrêts depuis longtemps et vous voulez toujours jouer à l’homme qui est saoul ici », a parlé de vive voix le parquet pour recadrer l’accusé, mais visiblement celui-ci est resté de marbre. Le procureur poursuit alors avec ses questions
« Vous avez dit à la police que vous êtes spécialisé dans le vol de moto, que vous en avez volé 3 fois et que c’est la 4e fois qu’on vous a mis la main dessus ». « Effectivement c’est ce que je leur ai dit, c’est la 4e fois qu’on m’a attrapé », acquiesce le mis en cause dans un calme qui frise l’indifférence.
Le procureur sort de ses gonds : « dans votre éducation c’est comme ça on vous a appris à chercher de l’argent ? C’est taper les gens prendre leurs biens ? La victime est aussi vigoureuse et jeune que vous et vous au lieu de travailler et gagner l’argent comme lui, vous avez choisi de taper les gens et prendre l’argent. Vous voulez qu’on vous fasse quoi ? ».
Sans doute pour mieux caractériser l’infraction, le juge revient avec un deuxième tour de questions sur le lieu où il a bu ce jour, les boissons consommées et leurs nombres… Selon les dires de l’accusé, il a bu une dizaine de bouteilles ce jour. A écouter les différentes explications, après leur vol, sous l’effet de l’alcool, ils auraient été rattrapés puis conduits au Commissariat. L’accusé lui-même ne s’en est pas rendu compte…
« Qui vous a donné la barre de fer ? », insiste le juge. « C’est Papa (prénom de son ami, NDLR) », répond Gouama dans un calme olympien. « Donc vous voulez dire que c’est l’alcool qui vous a poussé à faire ça? », lui demande encore le juge sans doute pour mieux définir les circonstances de l’infraction. « Je ne sais pas », dira Gouama droit dans ses bottes avec un visage qui laisse transparaitre difficilement la moindre émotion.
La victime présente à l’audience a effectivement indiqué que c’est devant sa porte que Gouama accompagné de son ami l’ont frappé à la tête avant de disparaître dans la nature avec sa moto et son sac contenant trois portables et la somme de 5500. Le juge demande alors au ministère public de faire sa réquisition.
« Il s’agit d’un vol aggravé monsieur le juge. Cela est puni par l’article 611-11 du Code pénal. C’est une personne dangereuse qui est devant vous, même s’il n’avait jamais fait l’objet d’arrestation, il a avoué qu’il a l’habitude de voler des motos. Qu’il vous plaise de le maintenir dans les liens de la prévention et de le condamner à 10 ans de prison avec une amende de 10 millions, le tout ferme.
L’accusé ayant reconnu les faits, le président et les deux autres juges qui l’assistent après quelques minutes de concertation délivrent leur sentence. Gouama écope de 6 ans de prison et une amende de 1 million de francs, le tout ferme. Il est aussi condamné à reverser à la victime plus de 500 000 F CFA.
Hamadou OUEDRAOGO
Burkina 24
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I do agree with sentence plus way accused was managed. Was questioning made under qualified « hunt would would you you… hunt would would » questioning?
Judge should also have ordered criminal to attend school while in prison unto prisoner have achieved world class high school graduate degree. Criminal should in addition be required to take trade school classes where he learn trade that will enable him to find work earning wage that provide for him to pay victim as ordered by judge. This is essential to having justice. Where these conditions are not fulfilled justice is not performed but temporary safe measures for community are employed by keeping criminal out out of community.
Henry Author Price Jr. aka Kankan