Postes de Santé Avancés à Kaya : Ces sentinelles ô combien importantes !

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À l’image d’un poste de combat avancé, des postes de santé avancés existent à Kaya. Le gouvernement, avec l’appui de son partenaire Médecins sans frontières, y a pris le taureau par les cornes pour l’offre de santé aux populations devenues nombreuses à cause des déplacements internes dus au terrorisme. Nous avons visité le poste de santé avancé de Bagrin, et le poste de santé avancé 38 villas de Karbagué, tous situés à Kaya. Une organisation sanitaire millimétrée pour des besoins spécifiques des personnes déplacées internes de Kaya et du reste de la population. Reportage ! 

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Kaya,18 décembre 2023. Au secteur 6, à 3 km du Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS), un poste de santé avancé. Au milieu des taudis, un conglomérat de petites bâtisses de couleurs blanches se laisse voir au loin. À l’intérieur, des cris de bébé, des chuchotements, des visages crispés, des hommes et femmes en blouse blanche et stéthoscope autour du cou ou tensiomètre en main, font vivre les lieux. C’est le poste de santé avancé de Bagrin.

C’est une structure sanitaire qui vient en appui au district sanitaire de Kaya éprouvé par une population devenue trop nombreuse. « Kaya fait partie des villes qui regorgent de plus de personnes déplacées internes. Avec l’arrivée de ces personnes déplacées, il était difficile de pouvoir prendre en charge toutes ces personnes uniquement dans nos structures sanitaires», nous avoue Dr Lamine Ouédraogo, médecin-chef du district sanitaire de Kaya. Ainsi, dit-il, avec l’appui de Médecins sans frontières, des postes de santé avancés sont érigés.

Dr Lamine Ouédraogo, médecin chef du district sanitaire de Kaya

Selon Albert Essoun, coordinateur projet pour Médecins sans frontières à Kaya, il y a cinq postes de ce genre à Kaya et environnants. Un poste avancé ou un avant-poste dans l’armée est un détachement de troupes placé à une certaine distance en avant du gros des troupes d’une formation militaire. C’est à peu près le même rôle que jouent les postes de santé avancés à Kaya. 

« Ce sont des postes de santé avancés vers la population. Le plus souvent, les personnes qui arrivent (les personnes déplacées internes du fait du terrorisme, NDLR) n’ont souvent pas de repères dans la ville ici. Leur demander de faire 3 à 5 km pour aller demander des soins est un risque pour nous de constater des cas graves. Donc on préfère se rapprocher avec une équipe de santé qui facilite l’accès à la santé à ces personnes déplacées», explique Dr Lamine Ouédraogo.

À l’entendre, l’impact de cette initiative, porté par le ministère de la santé et son partenaire Médecins sans frontières, est énorme sur la population. « Comme je vous l’ai dit, nous avons la ville qui regorge le plus de personnes déplacées. On peut donc s’imaginer la pression qu’il y a sur les structures de santé qui existaient. Avec ces postes de santé avancés, cela allège les soins à tout le monde. Aussi bien aux personnes déplacées internes qu’aux populations hôtes », précise le médecin-chef. Des propos corroborés par les patients eux-mêmes.

En cette matinée du 18 décembre, les cris des bébés, les chuchotements des malades qui prennent le rang se font ressentir dans le poste avancé de Bagrin. Dame Minata (nom d’emprunt) est originaire de Barsalogho. Ce matin, elle est venue au poste de santé avancé pour contrôler sa tension artérielle.  Elle nous dit tout le bien et le soulagement que ce poste de santé avancé lui procurent.

Dame Minata, venue en consultation au poste de santé avancé de Bagrin

« Franchement, ce poste de santé nous fait un grand bien. On arrive à s’y soigner et les soins que nous recevons sont de qualité. Je suis en attente de soins aujourd’hui. J’ai l’habitude de venir ici. Je souffre de la tension. Quand je viens ici, ils font le contrôle et ils me donnent les produits, je pars prendre et je me sens bien», se réjouit elle.

Comme elle, Diallo (nom d’emprunt) est également dans les locaux du poste de santé avancé de Bagrin. Elle habite pas loin du poste, nous confie-t-elle d’ailleurs. Ce matin, ce sont des vertiges et des céphalées qui l’emmènent au poste de santé. « Ici, le travail est impeccable et les soins sont directs. On passe d’abord par la consultation et s’il y a un problème, on est vite soulagé par le personnel soignant», apprécie-t-elle.

Diallo, venue en consultation au poste de Santé avancé de Bagrin

À la question de savoir si les coûts des soins ne sont pas élevés, la réponse de Diallo ne se fait pas attendre : « ici tout est gratuit, même si votre mal nécessite une évacuation sanitaire, ils prennent en charge les soins dans la structure à laquelle tu es évacuée», ajoute-t-elle avec satisfaction.

Pour cette patiente du poste avancé de Karbagué, tous les soins sont bons et la gratuité les soulage, mais elle a demandé à ce qu’on essaie d’augmenter le personnel soignant pour soulager le temps d’attente. Aussi, elle estime qu’on pourrait étoffer la quantité des médicaments qu’on leur propose.

Qu’à cela ne tienne, à Kaya, les deux postes de santé avancés qu’on a pu visiter sont situés au secteur 6. L’un à Bagrin à environ trois kilomètres du district sanitaire de Kaya et l’autre à Karbagué à cinq km du district sanitaire. En avant de la prise en charge sanitaire, les postes de santé avancés, selon Lassané Kaboré, chef de poste au district sanitaire de Kaya et responsable du poste de santé avancé, 38 villas de Karbagué réalisent tous les paquets de soins minimums qu’un district sanitaire peut réaliser en dehors de l’accouchement pour les patients.

Dès qu’un cas nécessite une évacuation, il est immédiatement transféré par ambulance au district sanitaire ou au Centre Hospitalier régional (CHR) ou bien au Centre Hospitalier universitaire (CHU) à Ouagadougou en fonction de la gravité. C’est ce qu’explique Lassané Kaboré qui officie avec du personnel soignant de Médecins sans frontières également.

Lassané Kaboré, responsable du poste de santé avancé de Karbagué

Dans ces postes avancés, le personnel est composé d’agents du ministère de la santé et de Médecins sans frontières. C’est une collaboration comme se plait à nous le rappeler, Albert Essoun, coordinateur projet pour Médecins sans frontières à Kaya. Une collaboration qui permet de soulager les malades qui viennent avec diverses pathologies.

Les pathologies les plus rencontrées dans le poste de santé avancé de Karbagué 

Selon Lassané Kaboré, responsable du poste avancé 38 villas de Karbagué, les pathologies les plus rencontrées dans son poste sont, entre autres, les infections respiratoires, les maladies diarrhéiques, les cas de paludisme, mais aussi, et surtout, les troubles psychiques. « Le service de prise en charge psychologique accueille au minimum 60 patients par mois», souligne Lassané Kaboré.

Nous avons pu voir le box de prise en charge psychologique des deux postes de santé avancés. Pour le moins que l’on puisse dire, c’est que le personnel soignant était bien à l’œuvre. Pour des raisons évidentes, nous n’y avons pas eu accès. Mais Lassané Kaboré nous rassure que les patients sont bien pris en charge. « Pour la prise en charge, il y a un psychologue du projet, il y a également des assistants en psychologie qui sont là pour la prise en charge. Pour les cas de psychiatrie, les malades sont référés à l’échelon supérieur», confie Lassané Kaboré.

À l’entendre, la plupart des patients en psychologie sont des personnes déplacées internes du fait du terrorisme. « La plupart de ces personnes qui ont assisté à des scènes de crimes, aussi, la plupart sont stressés et si cela n’est pas pris en charge, ça aboutit à d’autres pathologies plus avancées», réitère-t-il. Selon le personnel soignant dans ces centres de santé, 150 à 350 malades sont reçus par jour. Ils assurent les soins primaires, et les cas graves sont évacués au district le plus proche en moins de deux heures d’attente.

Albert Essoun, coordinateur projet pour médecins sans frontière Kaya

A entendre Albert Essoun, les personnes déplacées internes représentent plus de 80% des personnes prises en charge dans ces structures. En avant garde de l’offre sanitaire dans cette région du centre-nord qui subit les affres de la crise humanitaire due au terrorisme, les postes avancés de santé soulagent. Construits en matériaux semi-définitifs, ces postes offrent un service minimum, mais combien important pour les malades. C’est la sentinelle de l’offre de soin dans une zone où les districts sanitaires classiques étaient débordés.

En rappel, la réalisation de ces postes de santé avancés et d’autres infrastructures sanitaires en cours de réalisation entre dans le cadre des missions du ministère de la santé et de l’hygiène publique. Une structure chargée de la mise en œuvre de la politique sanitaire du gouvernement qui a pour vision dans sa politique sectorielle santé 2018-2027, de garantir « un meilleur état de santé possible pour l’ensemble de la population à travers un système de santé national accessible, performant et résilient à l’horizon 2027».

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Hamadou OUEDRAOGO 

Burkina 24 

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