Le président du Ghana lance « L’économie 24h/24 », une stratégie de transformation profonde du modèle productif

Le président du Ghana, John Dramani Mahama, a officiellement lancé une stratégie économique d’envergure baptisée « l’économie 24h/24 », visant une transformation profonde et intégrée du modèle productif national. Avec une ambition clairement affichée : faire fonctionner les moteurs de l’économie ghanéenne sans interruption, jour et nuit.
Le programme prévoit un investissement total de 4 milliards de dollars US d’ici 2029, dont 300 à 400 millions proviendront de l’État ghanéen. Près de 2 milliards ont déjà été mobilisés auprès du secteur privé, témoignant d’un fort intérêt des acteurs économiques.
L’objectif est clair : créer 1,7 million d’emplois de qualité à l’horizon 2029 en stimulant la production, la logistique, la formation et l’innovation.
Une architecture ambitieuse autour de trois piliers et huit sous-programmes
Structuré autour de trois grands piliers thématiques à savoir la transformation de la production, l’efficacité des chaînes d’approvisionnement et le développement du capital humain, le programme se décline en huit sous-programmes intégrés.
Il s’agit, entre autres de Grow24 (agriculture), de Make24 (industrie manufacturière), Build24 (infrastructures), de Fund24 (financement), de Connect24 (logistique), de Show24 (économie créative et tourisme), de Aspire24 (compétences et capital humain), de Go24 (gouvernance et engagement citoyen) et des initiatives concrètes déjà en cours.
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Plusieurs projets structurants sont déjà en phase de mise en œuvre. Parmi eux, la création de parcs agroécologiques comme Eden Volta, le développement de 50 parcs industriels spécialisés (textile à Akosombo–Juapong, pharmaceutique à Legon, machines-outils à Kumasi), ainsi que la mise en place de hubs logistiques et chaînes de froid pour soutenir le commerce et les exportations.
Des prêts concessionnels à taux préférentiels (8–12 %) et des incitations fiscales sont également prévus pour les entreprises prêtes à s’adapter à ce nouveau rythme économique.
Réactions partagées : enthousiasme et scepticisme
Le programme suscite un large éventail de réactions. L’économiste Seidu Agongo, interviewé par CitiNewsroom, salue une approche « intégrée et stratégique » capable de relier agriculture, industrie et développement humain. Il avertit néanmoins que le succès dépendra d’une mise en œuvre rigoureuse, notamment dans la gouvernance des projets et le soutien aux PME.
À l’inverse, l’analyste énergétique Kwadwo Poku évoque un « slogan politique », exprimant des doutes sur la faisabilité financière du projet. Il interroge la provenance des « 14 milliards de dollars nécessaires en 18 mois pour tenir les promesses de croissance ».
Sur les réseaux sociaux, les citoyens soulignent que certains secteurs comme la santé fonctionnent déjà 24h/24, mais que l’élargissement du modèle aux autres domaines nécessitera un accès fiable à l’électricité et des incitations concrètes.
Une vision ambitieuse qui repose sur l’exécution
Prévu pour s’étendre à l’ensemble du pays, le programme en est actuellement à sa phase de déploiement préliminaire, avec des zones pilotes, évaluations de préparation, et stratégies d’électrification ciblées.
Le document officiel de politique publique est attendu au Parlement dans les prochaines semaines, avec des projections de mobilisation de 5 000 entreprises.
Une inspiration pour l’Afrique de l’Ouest ?
Avec cette stratégie audacieuse, le Ghana entend devenir un modèle économique de productivité permanente sur le continent africain. Le succès ou l’échec de cette initiative pourrait bien servir de référence régionale, voire inspirer des pays voisins comme le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire dans leurs propres politiques de transformation économique.




