Annonce | Diaspora burkinabè : les défis réels des familles séparées entre plusieurs pays

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Les liens familiaux mis à l’épreuve entre Burkina Faso et diaspora
Vivre en famille n’a jamais été quelque chose de simple. Mais lorsque les parents, les enfants, les frères et sœurs sont répartis entre Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Abidjan, Paris, Montréal ou Tokyo, chaque relation devient encore plus fragile. Les Burkinabè qui partent étudier, travailler ou tenter une nouvelle vie à l’étranger emportent avec eux bien plus que leurs valises. Ils emportent aussi des responsabilités familiales, des promesses et des attentes parfois lourdes à porter.
Aujourd’hui, la diaspora burkinabè est devenue un acteur clé pour le pays. Elle envoie de l’argent, soutient les projets locaux, participe à des initiatives. Mais derrière ces gestes visibles, il y a des histoires intimes de couples séparés par les frontières, d’enfants qui grandissent loin d’un parent, de grands-parents qui élèvent leurs petits-enfants pendant que les parents sont à l’étranger.
Qui sont les familles “entre Burkina et diaspora” ?
On parle souvent de “la diaspora” comme d’un bloc, alors qu’en réalité, les situations sont très diverses. On trouve par exemple :
- des parents partis travailler en Côte d’Ivoire, au Ghana ou dans d’autres pays de la sous-région
- des étudiants installés en Europe ou en Amérique du Nord
- des familles entières qui ont migré, mais gardent de la famille proche au Burkina
- des couples mixtes, où l’un des conjoints est burkinabè et l’autre d’un autre pays.
L’argent, sujet tabou mais central
On ne peut pas parler des liens familiaux entre Burkina et diaspora sans parler d’argent. Les transferts de fonds sont souvent la base du contrat implicite entre celui qui est parti et ceux qui sont restés.
Concrètement :
- une partie du salaire sert aux besoins quotidiens de la famille au pays
- une autre partie finance des investissements : maison, terrain, commerce
- parfois, l’entourage élargi formule des demandes supplémentaires : funérailles, fêtes, aides d’urgence.
Les études sur les transferts montrent que lorsque les revenus des migrants diminuent, beaucoup doivent réduire voire suspendre les envois, ce qui crée immédiatement des tensions. Le parent à l’étranger peut se sentir coupable de ne pas envoyer assez. La famille au pays, elle, peut avoir l’impression que la personne a oublié d’où elle vient.
Identité, éducation et différences de valeurs
Les liens familiaux sont aussi mis à l’épreuve par les différences de valeurs et de modes de vie. Cela se voit surtout à trois niveaux :
Les couples
Dans les couples où l’un vit au Burkina et l’autre à l’étranger, la vision du futur peut diverger. L’un souhaite rentrer au pays pour investir. L’autre, installé à l’étranger, préfère la stabilité du système social et scolaire.
Dans les couples mixtes, les différences de culture religieuse, de rapports à la famille élargie ou à la belle-famille peuvent vite poser problème si rien n’est clarifié. Les rencontres se font au travail, à l’université, via des amis ou des plateformes en ligne.
Certains se laissent porter par les rencontres, d’autres ont un projet plus précis, par exemple l’envie de rencontrer une femme arabe ou une personne d’une autre région du monde dont ils apprécient déjà la culture. Ce type de choix peut ouvrir la famille à d’autres façons de vivre, mais il demande un vrai travail de dialogue, de respect et d’explications des deux côtés pour éviter les malentendus.
Les enfants
Un enfant né et élevé en France ou au Japon ne grandit pas avec les mêmes références qu’un cousin au Burkina. Certains parlent peu les langues nationales. D’autres connaissent mal la réalité villageoise.
Des initiatives comme la “Journée de la Famille” organisée par des Burkinabè au Japon montrent que certaines communautés travaillent à maintenir un lien culturel vivant pour leurs enfants.
La place de la famille élargie
Au Burkina, la famille ne s’arrête pas au père, à la mère et aux enfants. On inclut souvent les oncles, tantes, cousins, grands-parents. À l’étranger, beaucoup de Burkinabè se retrouvent dans des sociétés où la famille est plus “nucléaire”.
Cela peut créer des incompréhensions. La famille au pays ne comprend pas qu’on ne puisse pas envoyer de l’argent pour un cousin. Le Burkinabè à l’étranger ne comprend plus pourquoi il doit contribuer à tout.
Comment protéger les liens malgré tout ?
Même si la distance complique les choses, beaucoup de familles montrent qu’il est possible de maintenir des liens solides et respectueux. Quelques pistes ressortent souvent des témoignages et des études :
- Parler d’argent clairement : fixer dès le départ ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Par exemple, convenir d’un montant mensuel réaliste, d’une priorité aux besoins essentiels, et dire non à certaines demandes sans culpabilité.
- Partager les décisions importantes : pour les projets de construction, les investissements ou l’éducation des enfants, impliquer les deux parents, même si l’un est loin. Utiliser les appels réguliers pour décider ensemble, pas seulement pour donner des nouvelles rapides.
- Garder des rituels relationnels : prévoir des moments précis pour les appels vidéo avec les enfants. Envoyer des messages vocaux, des photos, des petites vidéos du quotidien. Ce sont ces petits gestes qui nourrissent le lien affectif.
- Préparer les visites au pays : une visite de quelques semaines au Burkina passe très vite. En amont, il peut être utile de clarifier les attentes : qui veut voir qui, quels engagements sont réalistes, pour éviter que le séjour ne devienne une course épuisante.
- Respecter les choix de vie de chacun : certains rêvent de rentrer, d’autres non. L’important est de reconnaître que chaque choix a un coût et de ne pas juger trop vite “ceux qui restent dehors” ou “ceux qui ne veulent pas partir”.
Le rôle des associations et des politiques publiques
Les familles ne sont pas seules. Des associations de diaspora se mobilisent régulièrement pour soutenir les populations vulnérables au Burkina : déplacés internes, victimes de crises, familles touchées par l’insécurité. Des entrepreneurs de la diaspora participent à des appels patriotiques comme Faso Mêbo pour financer des infrastructures locales.
Du côté de l’État, des documents comme le Plan national de développement économique et social prévoient de mieux intégrer la diaspora dans les stratégies de développement, notamment en améliorant la gestion de ses contributions et de ses liens avec le pays.
Lorsque ces initiatives sont bien pensées, elles peuvent alléger la pression sur les épaules des individus. Les transferts d’argent ne sont plus seulement une affaire de sacrifice personnel, mais s’inscrivent dans des cadres plus collectifs et mieux organisés.




