Revue Web : extinction de voix à Africa n° 1
Depuis plus d’un mois, la station panafricaine Africa n° 1, qui émettait depuis Libreville, s’est tue. Une conséquence de factures impayées à l’opérateur satellite Eutelsat, qui a coupé le signal. Pour combien de temps ?
Le 7 février dernier, Africa no 1 a soufflé ses 30 bougies. L’heure était à l’enthousiasme et à l’optimisme, les uns et les autres se souvenant de sa création, en 1981, par l’État gabonais, en partenariat avec le holding français Sofirad (actionnaire à hauteur de 40 %) et des particuliers. Deux mois plus tard, le 27 avril, à 11 heures (heure de Libreville), la radio se taisait. La station doit, depuis septembre, environ 200 millions de F CFA (environ 305 000 euros, principal et intérêts compris) à Eutelsat, le satellite qui l’héberge. Pour ses auditeurs africains, qui seraient plus de 20 millions, c’est la stupeur. Pourtant, au début de la crise, le Gabon, qui détient 35 % des actions – le reste appartenant à la Libye (52 %) et au secteur privé gabonais (13 %) – avait promis de payer l’ardoise. Mais les jours de silence se succèdent et se ressemblent.
Pourquoi l’actionnaire majoritaire, c’est-à-dire le gouvernement libyen à travers la Libyan Jamahiriya Broadcasting Corporation (LJBC), ne met-il pas la main à la poche ? À Libreville, on indique que, à l’évidence, la situation actuelle en Libye ne permet pas la moindre transaction financière. Reste que la crise actuelle ne date pas d’aujourd’hui. Dans les premières années de son existence, Africa no 1 avait le vent en poupe. Outre le soutien de l’État, la radio bénéficiait d’une source de revenus régulière : la location de son centre d’émission de Moyabi, qui relayait les émissions de quelques radios étrangères, dont Radio France Internationale (RFI). C’était l’époque où les ondes courtes étaient reines. L’apparition de la modulation de fréquence a déstabilisé Africa no 1, contrainte de céder des parts de marché à ses concurrents directs, RFI et la British Broadcasting Corporation (BBC). La crise, née dans les années 1990, n’a cessé de s’amplifier. Jusqu’à ce que la Libye s’intéresse à l’affaire en entrant officiellement au capital de la radio en juin 2006.
Rénovation de façade. Au départ, les choses étaient claires : il s’agissait de rénover l’outil de production (les émetteurs n’avaient pas été renouvelés depuis 1995, alors que leur durée de vie est limitée à quinze ans), d’améliorer le confort d’écoute en élargissant le réseau FM, de redéployer les activités de la radio… « En quatre ans, ces engagements pris en son âme et conscience par l’actionnaire principal n’ont jamais été respectés. Il n’est pas réaliste de continuer de fonder des espoirs sur l’actionnaire principal », constate, amer, un cadre supérieur d’Africa no 1 sous le couvert de l’anonymat.
À part la rénovation de la façade de la station, à Libreville, les changements promis se font attendre. Un de ses collègues renchérit : « Depuis la restructuration, commencée en 2006 et achevée en 2008, la nouvelle Africa no 1 est toujours en transition. Mais cette radio ne va pas mourir, quoi qu’il arrive. » Sollicité par J.A. pour donner son point de vue sur la question, le ministère gabonais de la Communication s’est abstenu de tout commentaire. En attendant l’arrivée des investissements promis en 2010 par la partie libyenne (8,5 millions de dollars, soit environ 6,5 millions d’euros), seule l’antenne d’Africa no 1 en Île-de-France, dont le Gabon détient 20 %, continue d’émettre.
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