Syrie, Bachar ou la descente aux enfers
Les changements tant attendus dans le monde arabe peine à trouver du chemin au pays de Bachar El Assad.
Le mouvement de contestation subit une répression aveugle depuis qu’il a déclenché, de la part du régime inflexible de Damas. Cette répression atteint un nouveau palier avec l’entrée en scène des hélicoptères de combat.
La position actuelle de la Syrie retrace un cliché de la guerre froide des années 50 et 60. Une guerre qui s’est estompée avec ce qu’on a appelé l’équilibre de la terreur. En effet elle entretient des relations de coopération commerciale avec la Russie , et est indexée par les Etats unis pour son soutien présumé aux palestiniens et au Hezbollah libanais (hostile à l’allié inconditionnel, Israël).
Sur les grands dossiers politiques du monde, Washington et Moscou se sont toujours défiés depuis la deuxième guerre mondiale à la conquête de l’hégémonie mondiale.
Voilà encore qu’en ces temps de révolution démocratique où il semble plus qu’indispensable de parler d’une voix, les intérêts divisent les deux camps. D’abord pour la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Libye, la Russie, à défaut d’opposer son véto, s’est abstenue avant de se rendre compte à l’évidence de la nécessité de s’aligner. Sur le dossier syrien, elle se dit encore opposée à toute sanction contre Bachar El Assad.
Pendant que la répression policière et militaire des manifestants pacifiques a déjà fait plus d’un millier de morts selon plusieurs ONG sur place, un véto russe (et même chinois) pourrait encourager la descente aux enfers des populations meurtries, massacrées. Pour ne pas arranger les choses, El Assad a interdit toute presse étrangère sur le sol syrien, afin donc que les exactions ne soient mises au grand jour. La presse nationale est également muselée ou acquise à sa cause et la chasse est ouverte aux sorcières.
Les Syriens qui ne peuvent pas ou plus manifester dans la rue. Les plus courageux le font chez eux, certains affrontent la mort et d’autres s’enfuient vers la Turquie voisine afin d’échapper au carnage. Les Français et les Britanniques toujours prompts dans leurs réactions ont proposé un projet de résolution aux Nations unies condamnant la Syrie. Les Etats unis ne trouveront guère d’inconvénients d’autant que la Syrie devrait en temps normal figurer sur leur liste noire ; la Russie pourrait opposer son droit de véto car elle entretiendrait des relations de commerce d’armement avec Damas, son allié le plus proche au Moyen-Orient.
Pourtant le président syrien ne laisse aucun répit aux manifestants pour qui la «moisson du diable» a commencé. Inflexible en dépit des pressions internationales, Bachar El Assad n’entend ni entamer des négociations avec le peuple, ni entreprendre des reformes politiques pour la satisfaction de celui-ci. Seule, l’hégémonie impériale qu’il a héritée de son père guide son action. La répression, disons plutôt les combats ne font que s’intensifier surtout au nord sur la frontière avec la Turquie.
Le projet de résolution formulée et déposée par la France et la Grande Bretagne exige la fin immédiate des violences contres les manifestants en Syrie et réclame la coopération des autorités syriennes avec une enquête des Nations unies sur des atteintes présumées aux droits de l’homme. Pour sa part, Amnesty International a exhorté le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale. L’Agence internationale de l’énergie atomique, elle, épingle la Syrie sur son programme nucléaire clandestin. Des pressions qui n’émeuvent point le président Bachar.
Saura-il entendre la voix du Conseil de sécurité des Nation unies si celle-ci s’exprimait ? La question demeure et la réponse n’est pas pour demain. En attendant le peuple se meurt.
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