Hollande investi président : Françafrique en danger ?
Ce mardi 15 mai 2012, Nicolas Sarkozy a cédé son fauteuil à François Hollande. Nombreux sont les Africains qui ont suivi avec plaisir l’époux de Carla Bruni fouler le tapis rouge de l’Elysée vers la sortie. Mais qu’ont-ils ressenti quand François Hollande n’a consacré aucun mot à l’Afrique dans son discours d’investiture ?
Le président de la gauche semble en tout cas décidé à mener la Françafrique ou l’Afrique-France (ce n’est qu’une creuse subtilité lexicale) à chanter sa messe de requiem. Outre ses déclarations en tant que candidat à la présidence, ses premiers mots en tant que président investi de toute la France montrent le chemin.
La France, les Français et l’Europe
D’abord, l’Afrique n’a pas eu l’honneur de son discours d’investiture qui avait des allures de discours de politique générale. S’il dit qu’à partir de maintenant la France marchera au rythme de « justice et confiance » et aura comme priorités l’éducation et la jeunesse ; s’il déclare qu’il est prêt pour « ouvrir une voie nouvelle en Europe », aucun mot n’a été adressé au continent berceau de l’humanité. Afrique, immigration ? Rien. Il n’y en avait que pour la France, les Français et l’Europe.
Certes, il parle de « réciprocité des échanges commerciaux entre l’Union européenne et l’extérieur ». Mais cela ne dit pas que l’Afrique aura une relation particulière avec la France. L’Afrique devra être traitée comme tous les autres qui sont dans cet « extérieur » (Sic). Ce silence peut signifier que les africains ont l’occasion d’espérer que leurs pays ne soient plus les nounours préférés qui dorment dans le lit, apaise le sommeil et dont on tire sur le poil de en temps à autre pour le bonheur fantasmagorique du français.
Cela voudrait aussi dire que François Hollande ne connaît pas l’Afrique. Il ne connaît que les intérêts de la France. En cela, on peut dire que ce ne sera pas nouveau. Mais peut-être est-ce la façon d’appliquer ce postulat qui fera la différence. Libération d’otages français, intérêts commerciaux et aides au développement. Mais le paternalisme fraternellement incestueux et condescendant est à jeter à la poubelle.
Une autre preuve de ce nettoyage qui s’annonce dans les relations crasseuses entre la France et les Chefs d’Etat africains, le catapultage de la cellule Afrique de l’Elysée. Les diplomates africains n’auront plus à franchir les portes de l’Elysée. Ils seront désormais reçus par le ministre des Affaires étrangères. Comme partout ailleurs.
Et faut-il encore une autre preuve ? « La défense de la colonisation par Jules Ferry fut une faute morale et politique », a martelé François Hollande, alors qu’il rendait hommage à ce grand ministre de l’instruction de la IIIe république française, dont il estime qu’il faut condamner « les errements politiques ».
Et si l’Afrique prenait l’initiative de la rupture ?
Les ambitions sont donc affichées. Mais le 7e président de la Ve république tiendra-t-il face aux assauts de certains chefs d’Etat qui ramperont à ses pieds pour lui livrer le fond de culotte de leur pays ? Sa détermination vaincra-t-elle des habitudes devenues traditions et incrustées dans l’âme des relations entre la France et l’Afrique depuis que les hommes à la peau noire ont vu pour la première fois un albinos sans cheveux crépus ? Pourra-t-il s’abstenir de jouer sur les choix politiques africains quand ceux-ci mettront en jeu les intérêts français ?
Sarkozy a été jugé sur ses actes. Hollande le sera aussi en temps opportun.
Il est surtout temps que les Africains cessent de trop regarder vers l’Hexagone, de se considérer comme des prisonniers l’attendant impatiemment. Parce qu’elle ne les libérera pas. Ils recevront juste une pitance journalière. Rien de plus.
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