Rapports élèves-apprenants et moniteurs des auto-écoles du Burkina Faso : un conflit sans fin ?
A Ouagadougou et dans d’autres villes du Burkina Faso, les auto-écoles prolifèrent. Cela est dû à la forte demande des populations et de l’arrivée massive des véhicules seconde main sur le marché national. Dans les écoles de conduite, les apprenants grouillent ; mais cela entraîne parfois un refroidissement dans la relation moniteurs et apprenants.
Samuel vient d’avoir son permis. Il est content d’avoir été libéré de cet engrenage qu’est son école de conduite. Il espère même ne plus jamais rencontrer son moniteur de la vie. Il en a gros sur le cœur contre ce formateur qui lui a parfois gâché des journées entières. Lors de son apprentissage, tout semblait se liguer contre lui : l’auto-école et le moniteur.
Sous une fausse publicité, son école lui a fait miroiter qu’il pouvait obtenir le précieux sésame en un temps relativement court. Il s’est donc lancé à corps perdu et espérait en finir avec cette étape des choses. L’étape du code passé, Samuel a dû aller s’emporter contre son école, car durant des mois, l’on ne daignait le faire entamer l’étape du créneau et de la conduite en ville. Quelque temps après, ses remontrances ont porté des fruits : il passe l’étape du créneau et est placé sous la responsabilité d’un moniteur pour la conduite en ville. Le véhicule de ce dernier laissait à désirer. Après quelques jours de conduite, le moniteur, que Samuel qualifie de personne acariâtre, a déstabilisé son apprentissage.
Dès les premiers moments, son formateur lui a mené la vie dure. Il lui demandait des choses que Samuel trouvait au-dessus des capacités d’un apprenant. Ce sont donc des injures et des prises de becs incessants qui ont parsemé les quelques mois qu’ils ont dû passer ensemble. Il priorisait les femmes au détriment des hommes.
Aujourd’hui, Samuel en a gros sur le cœur et compte même aller se plaindre auprès du premier responsable de son ex-école de conduite. Tout au long de la discussion, Samuel a relaté d’autres comportements des moniteurs qu’il juge inappropriés. Il fustige leur propension à s’égosiller sur le premier venu. Il pointe du doigt leur incompétence à bien mener les formations. Pour lui, l’on ne devrait pas s’emporter contre un adulte apprenant. Cela déstabilise facilement et peut pousser l’apprenant à se rétracter et commettre l’irréparable. Tout au long du temps passé à apprendre, Samuel a vu des cas de prises de bec qui se sont souvent terminés par des pugilats. Des apprenants, très en colère s’en sont parfois pris à des moniteurs dont ils jugeaient le comportement mal à propos.
De leur côté, les moniteurs se défendent bec et ongles d’être aptes à exécuter leur travail. Selon A.C. que nous avons rencontré sur son aire de travail, lors des différentes formations pour l’obtention des aptitudes à former des apprenants, il leur est prodigué de ne jamais s’emporter contre les élèves, parce que généralement des adultes. Cependant, certains élèves adoptent des comportements peu recommandables. Ils n’essaient pas de faire des efforts pour mieux se mettre à la hauteur des attentes du formateur.
Comme tout être humain, le moniteur se trouve parfois pris dans une situation qui ne lui laisse que l’alternative de l’emportement. Certains moniteurs inconcevable et supportent mal que l’on revienne toujours sur les mêmes conseils prodigués à une même personne, même quand on a été formé pour cela. En fin de compte, on s’emporte sans le savoir. Pour A.C., crier est parfois un mal nécessaire. C’est lorsque l’élève échoue à plusieurs tentatives lors des examens qu’il découvre l’importance de l’emportement des moniteurs.
Sur la question des faveurs faites aux femmes, notre moniteur est sur la défensive: il ne favorise pas forcément les femmes. Même si les autres le pensent, il faut reconnaître que les femmes sont nos mères. Nous nous occupons mieux d’elles, surtout quand elles sont plus âgées que nous. D’ailleurs, ajoute-t-il, toutes les personnes un peu plus âgées sont très bien respectées. Il n’est pas concevable qu’un moniteur crie sur une telle catégorie de personnes. Mais entre jeunes, cela se peut.
Selon les dires de ces deux intervenants, il est probable que ce phénomène perdure dans les auto-écoles. Cela ne fera qu’approfondir les dissensions. Un apprenant et un formateur devraient toujours être sur la même longueur d’ondes afin que le premier puisse bénéficier des connaissances du second. La Direction Générale des Transports Terrestres et Maritimes (DGTTM) devrait s’intéresser à ce rapport entre élèves-apprenants et moniteurs des auto-écoles. Après tout il s’agit là d’une école importante de la vie et la sécurité routière en dépend pour beaucoup.
Rialé
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