Sortie honorable du président : Quelques propositions d’Idrissa Diarra
Dans cet article qui suit, Idrissa Diarra fait des propositions pour, dit-il, « une sortie honorable du Président » du Faso.
Ce serait une démission ignoble, que de faire des recherches en Science politique et de constater les signaux graves de toute sa communauté nationale en danger -y compris soi-même -, sans alerter! Ces signaux graves sont visibles dans les chocs d’idées et dans les rues, désormais surchargées de pneus carbonisés, des messages à l’adresse de l’armée dans la presse, etc.
Le ton aussi est monté d’un cran depuis le mardi 21 octobre, même chez les journalistes, qui sont par profession, réputés sereins. Cela est suffisamment alarmant ! Notre société semble au bord de la déroute ! Sans prétentions autres que la volonté patriotique de prévenir, je propose des résolutions possibles, issues méthodiquement des analyses qui les commandent.
I- POURQUOI LE PRESIDENT NE MANIFESTE-T-IL PAS SON INTENTION DE CEDER LE POUVOIR EN 2015, BIEN AU CONTRAIRE… ?
Avec le projet de modification de l’article 37 de la Constitution, le Président montre à l’analyse, qu’il n’a pas l’intention de céder le pouvoir en 2015 conformément aux dispositions actuelles de la Loi fondamentale. Le second élément corroborant ce constat, c’est que jusqu’à ce jour, aucun indicateur de préparation à la hauteur de ce départ au bout de trois décennies de pouvoir, n’est visible concrètement sur le terrain.
Le troisième élément qui crève l’œil, c’est que ses militants et proches, en lieu et place de planifier ce départ, s’activent plutôt à défendre son maintien au pouvoir, montrant qu’ils n’ont cure de la Constitution en l’état actuel ! Mieux encore, aucun dialogue initié jusqu’à ce jour, il me semble, n’a eu ce génie ou cette audace, d’inscrire à l’ordre du jour des discussions, ce départ : ni la médiation autosaisie initiée par l’ancien Président Jean Baptiste Ouédraogo, ni le « Dialogue inclusif initié sous l’égide du Président Compaoré lui-même. Ces éléments d’analyses fondent donc à se poser la question de savoir, pourquoi le Président n’envisage-t-il pas un après-pouvoir ?
Remettre les échéances à plus tard, rappelle chez chacun de nous, cette peur que nous avons de la Fin. Et la plus ultime des Fins étant la mort, rare sont effet, les personnes qui osent méditer leurs propres morts (…). Rares sont ceux qui, conscients de cette fatalité, acceptent de l’affronter, en faisant leurs testaments.
Et comme il s’agit d’une fatalité du vivant, chaque individu se doit de l’accepter en toute responsabilité, comme une composante de son existence. Si un citoyen n’a pas le courage de franchir ce pas, il est évident de deviner combien chez lui, le débat sur la Constitution devra être périlleux.
En effet, il ne fait aucun doute, que la défense de la Constitution est une question de courage ! Elle se mène par les citoyens patriotes et démocrates, au besoin, « même au péril de leur vie » (Louis Favoreu et al., Droit constitutionnel, Précis, Dalloz, 14ème édition, p. 11). A ce titre, chaque député, est invité à méditer profondément avant la date du 30 octobre, prévue pour le vote à l’Assemblée nationale (…). Ils n’auront pas de couteaux sur leurs gorges et seront confrontés à leurs consciences patriotiques ! Rarement, dans la vie de notre nation, les regards des citoyens ont été attentifs à leurs égards. Ils ont entre leurs mains, la vitalité, la survie ou la mort de fait, de la IVème République. C’est une responsabilité lourde soulevant la problématique suivante : la République est-elle vendable pour ses fils?
Insister une fois de plus s’avère nécessaire. Refuser de penser à l’après-pouvoir du Président Compaoré, refuser de préparer ce départ avec lui-même comme artisan délibérément impliqué et en même temps, penser à un transfert de pouvoir paisible, tout comme penser à un approfondissement apaisé de notre démocratie sans ces préalables, ce serait un mirage! Sans cette volonté, le passage par la douleur du peuple pour plus de démocratie devient inéluctable !
Parce que je me veux démocrate, parce qu‘une interruption brusque de notre République (Constitution) n’est pas souhaitable, de même qu’un coup d’Etat dans ce pays, parce qu’un bon en avant est recherché pour l’enracinement de notre jeune démocratie, il est bon d’analyser ici, quelques réponses possibles, pouvant expliquer encore, les hésitations du Président, avec la conviction que si les raisons sont connues, peut-être que les solutions seront plus aisées pour un accompagnement conséquent. Ainsi, sont identifiés globalement et éventuellement : les raisons personnelles de 1er degré (i) ; les raisons personnelles de 2ème degré (ii) ; les raisons d’Etat à l’interne, c’est-à-dire, au niveau national (iii) et les raisons d’Etats au niveau externe, c’est-à-dire, à l’international (iv).
- Les raisons personnelles de 1er degré
Toute personne, indépendamment de sa fonction, a légitimement le droit à une vie personnelle de premier degré, touchant son amour-propre, à sa dignité, bref, à sa vie intérieure, inaccessible à autrui. Elle ne concerne aucunement la vie publique, et donc, demeure sans intérêt pour la vie publique. De telle raisons, si elles ne sont pas combattues par soi-même, exposent au risque de personnalisation du pouvoir. Vivement, il est souhaitable que notre Président ne cède pas à un tel piège.
- Les raisons personnelles de 2ème degré
Ces raisons peuvent être communes à beaucoup de personnes, notamment, la crainte du chômage. A ce titre, il convient ici de partager une expérience de développement en milieu rural avec certaines femmes. Quand un partenaire financier proposa de leur installer un moulin dans le village, contre toute attente, elles n’ont pas bien reçu la proposition, parce que l’activité de piler leur mil jusqu’à l’étape finale de la mouture, occupait joyeusement leurs journées.
Les causeries et chansons tout autour de ces activités, leur évitaient l’ennui au fait. Dans une attitude dubitative, elles se demandèrent : « si on installe un moulin, nous on va faire quoi de nos journées alors ?
C’est clair que beaucoup de retraités connaissent ce sentiment. Je l’ai déjà expérimenté, quand à une époque, je fus tombé dans le chômage après quelques années intenses de l’exercice de l’enseignement.
Un parallèle peut s’appliquer ici à la politique aussi. Le ressentiment en question que la vacance provoque, n’a rien à voir avec l’argent ! Il s’agit entre autres : de la nostalgie d’ancien Chef de l’Etat qui perd le privilège d’avoir tous les citoyens, sous ses ordres ; de la nostalgie éprouvée du fait d’être écarté, loin des grands rendez-vous internationaux regroupant les chefs d’Etats. Il y a aussi les angoisses et inquiétudes pour reprendre de nouvelles habitudes liées à la vie de citoyen « ordinaire », etc. Cette inquiétude reste tempérée par le fait que de toute façon, le Président ne peut plus devenir un « citoyen ordinaire » comme nous autres.
Le peuple lui vouera toujours des honneurs en tant qu’ancien Président. Cela est au moins certain, car dans notre contexte, dans la conscience collective, un chef, ancien soit-il, est toujours honoré. Par contre, de tels ressentiments sont d’autant plus forts que le règne au pouvoir fut long. Prolonger le règne du Président, c’est prendre le risque d’augmenter un tel ressentiment ! Mais ces appréhensions finissent par s’estomper avec le temps, surtout avec une vie reconvertie à d’autres activités heureuses. Par ailleurs, cette retraite donne au moins l’avantage de bénéficier d’un bon repos, et de ne pas avoir toute la charge de la nation sur son épaule, une charge fort épuisante.
- Les raisons d’Etat à l’interne (au niveau national)
Les raisons d’Etat à l’interne touchent les éventuelles fautes commises pendant l’exercice du pouvoir. Ces choses manquent rarement. L’intention ici, n’est pas de les ressasser, mais d’envisager surtout des réponses utiles. Plus le règne est long, plus de telles fautes s’accumulent davantage pourtant. Le départ précipité de Mouammar Kadhafi a révélé nombre de faits de ce genre. Mais dans notre cas au Burkina Faso, le Président bénéficie dans tous les cas, d’une amnistie déjà. Il serait bon probablement d’engager un dialogue franc, avec quelques recettes utiles de John Rawls, pour étendre au besoin cette amnistie à d’autres personnes, accompagnée de réparations conséquentes (morale, matérielle, financière, etc.) des victimes.
Dans un article antérieur, j’évoquais l’idée d’une AMNISTIE INCLUSIVE à cet effet (à lire au lien : Sortir le Faso de la tourmente : loin des passions, le cas burkinabè, soluble en un tour de table, http://www.lefaso.net/spip.php?article59215). A la question de savoir, comment il faut comprendre certaines mesures prenant parfois la forme d’amnistie (« pardon politique ») que d’aucuns qualifient d’impunité, L’auteure Sandrine Lefranc répond. En effet, dans son ouvrage intitulé « Politiques du pardon » elle souligne cette nécessité pour la raison suivante : ce privilège apparent et cette porte de sortie sont aménagés, non pour les chefs politiques eux-mêmes, mais plutôt pour les citoyens ordinaires dans la majorité, pour la simple raison qu’au moment de la succession, les sortants disposent – et pour un bon temps dans différents milieux économiques, sociaux, politiques, etc., des soutiens incroyables !
Cette nécessité, ajoute l’auteure, est aussi justifiée par le fait que les institutions judiciaires et administratives qui ont longuement exercé sous ces régimes, ne sauraient frapper leurs poitrines, le regard droit, pour affirmer qu’elles sont d’une part de responsabilité zéro ! L’illustre journaliste disparu, Norbert Zongo, dans l’une de ces affirmations désormais devenue célèbre, ne disait-il pas que le silence et la résignation des personnes prétendument bonnes étaient encore pire que la méchanceté des mauvais !
Entre autres raison d’Etat à l’interne, il semble évident que peu de personnes autour du Président sont en mesure d’aborder la question de son départ dans la sérénité et en toute franchise. Je reconnais que cela n’est pas tâche facile mais a en retour, une telle situation entraîne certaines conséquences peu heureuses.
Les conséquences graves de telles attitudes – disciplinées pour certains et suivistes pour d’autres -, au sein de la famille politique, est la faible perspective d’envisager un plan « B » alternatif. Cependant, une « institution forte » comme une majorité, peut-elle vraiment faire l’économie d’un plan « B » alternatif en termes de succession si elle veut tenir dans le temps et survivre à son leader charismatique?
- Les raisons d’Etats au niveau externe (à l’International)
Sur ce sujet, le bimensuel Courrier Confidentiel s’interroge : « A-t-il peur de quitter le pouvoir ? (CC n° 69 du 25 octobre 2014, p. 3). A l’échelle internationale, le Burkina Faso n’a évidemment pas de prise sur certaines décisions relevant d’institutions internationales.
Mais une situation nationale trouble n’est pas du tout pour faciliter les éventuelles charges et responsabilités que le Président pourrait avoir à ce niveau. Aussi, il est des choses qu’il vaut mieux affronter plus tôt que plus tard à la vieillesse car, jusqu’à preuve de contraire, nul ne peut véritablement présager de sa propre longévité.
Au-delà de tout ce qui peut lui être reproché dans certains dossiers livrés par les médias, le Président capitalise aussi à l’international, nombre d’actions de médiations réussies en faveur de la paix.
Ces actions sont autant d’atouts incontestables à son compte, qu’une transition politique apaisée négociée par lui-même dans son propre pays, évitant à ses concitoyens la violence politique, permettra de raffermir. Son bilan s’en trouverait renforcé positivement et lui collera probablement, l’étiquette d’une reconversion résolue sur la voie de la démocratie et lui valoir peut-être, une retraite moins tumultueuses, sinon, plus paisible.
A titre d’illustration, la reconnaissance de ces bonnes actions de médiations ne lui ont-ils pas valu des invitations de partages d’expériences à l’international ? ( voir entre autres, les liens suivants : http://koaci.com/burkina-faso-blaise-compaore-invite-partager-experience-mediateur-iran-79564.html; http://fr.africatime.com/togo/articles/paix-et-securite-en-afrique-blaise-compaore-partage-son-experience-de-mediateur. ) . Chaque situation et chaque pays sont uniques en leurs genres certes, mais loin de vouloir défendre le passé de quiconque, la stratégie de l’actuel Président Kenyan mérite d’être citée ici. En effet, Kenyatta a opté pour une stratégie visiblement payante à son profit, qui a consisté pour lui, à se présenter devant la CPI par exemple, pendant qu’il est encore aux affaires.
Chez nous ici, le maire de Ouagadougou a usé de cette astuce pendant son exercice à la tête de la commune pour une affaire le concernant sur la gestion de la mairie, en perspectives d’une retraite plus tranquille, selon lui-même ses propos. Loin d’être une idée stupide, cette stratégie qui consiste à « prendre le taureau par les cornes », semble plutôt ingénieuse. C’est après tout, – avec comme gain majeur, la préservation du peuple burkinabè à juste raison- faire face à ses propres responsabilités et à sa propre histoire, ni plus, ni moins!
II- DES SOLUTIONS POUR UNE TRANSITION APAISEE AU BURKINA FASO
Pour que le Président cède tranquillement le fauteuil présidentiel en 2015, naturellement, il voudra s’assurer d’abord que son départ n’est pas « chaotique » pour lui-même. Cependant, l’analyse des différents éléments à ma connaissance, susceptibles de freiner ses ardeurs à cet effet, sous réserves d’informations plus documentées, peu d’éléments me permettre de prédire un tel désastre. Au contraire, une transition apaisée ayant pour échéance 2015, ne fera qu’ouvrir au Président, une grande porte pour rentrer dans l’Histoire en tant que « DEMOCRATE FORT » converti et mieux, en tant que Grand homme d’Etat. Le titre est très noble et historique, mais le choix est étroit, unique et l’erreur n’est pas permise !
Je voudrais faire quelques dix propositions rapides ici – que certains ne manqueront pas de qualifier d’utopiques -, pour l’accompagnement du Président vers une porte de sortie heureuse, aussi bien pour lui, pour ses partisans, ses adversaires, grosso modo, pour le peuple burkinabè et, pour notre démocratie. Il s’agit entre autres:
- de faire retirer le projet de loi de modification de l’article 37 déposé à ce jour, à l’Assemblée nationale ;
- de faire une déclaration à la nation et de convoquer un Dialogue sincère et inclusif dans un bref délai. Notre peuple considéré dans toute sa diversité et en marche sur les sentiers sinueux de l’idéal démocratique, ne peut se passer du Dialogue et du compromis. C’est du moins une voie préconisée par Raymond Aron.
- vouloir envisager le pouvoir à vie – quel que soit le subterfuge utilisé -, n’est pas une solution convenable ;
- vouloir engager une autre candidature après 2015 contrairement à la Constitution dans ses dispositions actuelles n’est pas non plus, une solution convenable. Le verrouillage proposé dans le projet, ne revient en pratique, qu’à un report d’une problématique sociétale et politique, qu’il est préférable de trancher maintenant, une bonne fois pour toute ! Cette entreprise de modification comporte le risque de dénaturer notre choix de système politique. Les analystes et différentes critiques ne manqueront pas de loger ouvertement notre système politique dans la classification des « dictatures » subtiles, « monocratie » ou « autocratie libérales ». Depuis le 21 octobre dernier d’ailleurs, dans les médias nationaux, l’annonce du projet de modification de l’article 37 a comme ouvert les vannes, pour une utilisation à profusion du terme « dictature ». Ni moralement, ni politiquement, ni diplomatiquement, une telle étiquette n’arrange le Burkina Faso. D’un point de vue économique, notre pays pourrait perdre beaucoup de soutiens financiers et d’aides extérieures au développement.
- envisager courant 2015, une sortie honorable en organisant des fêtes régionales d’au revoir ; cela a pour avantage paradoxal, de créer une certaine nostalgie positive anticipée chez les citoyens, et de permettre au peuple burkinabè, pour une première fois, de dire au revoir à un Président sortant, sans dépit, ni humiliation et mieux, dans la joie (contrairement aux expériences de 1966 avec le soulèvement populaire contre le Président Maurice Yaméogo, de 1980, de 1982, de 1983 et de 1987 avec les coups d’Etat perpétrés respectivement contre les Présidents, Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste Ouédraogo et Thomas Sankara).
- créer un « Conseil interne des hautes médiations internationales », une institution pour y siéger en tant que Président, après la retraite à Kosyam. Cela créera l’histoire du départ d’une présidence à une autre ! Doter au moins, la présidence de cette institution, d’une immunité nationale et négocier aussi à l’international, avec l’appui des pairs africains, une immunité à son profit, pour les besoins de la stabilité sous-régionale. Accepter dans cette institution, du personnel étranger, notamment des personnes ressources expérimentées en termes de médiations ;
- créer un Comité technique, de réflexion et de conception du Conseil ci-dessus cité, qui se chargera de soumettre ses travaux à l’amendement d’un Cadre de dialogue national inclusif et sincère (Pouvoir, Opposition et Société civile) créé à cet effet;
- créer et constitutionnaliser si possible, une Vice-Présidence de la République avec l’accord des différents acteurs politiques, lors du Dialogue inclusif. Cette Vice-Présidence, pour simplifier, aura comme premier titulaire, – au besoin à vie -, le Premier Président de la IVème République dans le but de faciliter la consolidation de notre jeune démocratie. Ce dernier devra bénéficier d’une immunité diplomatique. La Vice-Présidence devra jouer un rôle consultatif et surtout de Conseil du Président et de certaines institutions de la République, sur les médiations internationales et sur la réforme de l’armée nationale, de même que de certaines institutions pour le renforcement de la démocratie. Elle devra être dotée d’un personnel conséquent, pour atteindre son objectif. Cette disposition a pour avantage, de permettre un transfert facile de compétences ;
- créer un Comité technique, de réflexion et de conception de la Vice-Présidence ci-dessus citée, qui se chargera de soumettre ses travaux à l’amendement d’un Cadre de dialogue national inclusif de bonne foi.
- prendre en compte la question genre dans le dialogue (jeunesse, femme, etc.) au risque de donner l’impression d’un règlement de compte, entre ancien camarades de la même génération ! Leur présence et une attention soutenue à leur égard, ne peut que contribuer à détendre l’atmosphère des discussions lors du dialogue inclusif, et briser la méfiance des protagonistes.
Ces propositions, loin de prétentions d’expert, sont le fruit de quelques efforts de réflexions, qui ne sont en réalité que des pistes, non fermées à l’amendement et aux critiques, l’essentiel étant fondamentalement de venir à bout de tout orgueil et de stimuler l’idée de propositions concrètes salvatrices pour la nation.
Les sacrifices qu’elles consentent, ne devront pas être vus comme trop excessifs, car, pour la vie d’une nation et pour l’enracinement de la démocratie, elles peuvent bien se justifier. Par ailleurs, elles découlent de l’analyse primordiale de la situation nationale, faite ci-dessous.
III – L’HEURE EST GRAVE! LA GOUTTE D’EAU RISQUE DE FAIRE DEBORDER LE VASE !
Je vois en perspectives, du sang couler, si rien n’est fait ! Que ceux qui peuvent faire quelque chose pour sauver la situation, – en premier, le Président du Faso -, le fassent, sans plus attendre ! Ce n’est point la parole d’un devin! C’est une évidence empirique ! Quand une arme est braquée vers une cible, c’est la mort qui risque de s’ensuivre. Et je vois une grosse arme, pointée sur une cible massive comme une forêt, la gâchette déjà sous les doigts.
Cette cible n’est rien d’autre, c’est le peuple ! Cette gâchette n’est rien d’autre non plus, c’est notre fameux article 37 de la Constitution. Si elle est lâchée ou tirée dans un sens ou dans un autre, la vie du peuple et la démocratie burkinabè s’en trouveront sauves, épargnées ou troublées. Aussi, plusieurs moyens s’offrent pour tirer sur ledit article à gâchette ; soit par des députés à l’Assemblée nationale (« un seul doigt ou deux appuyant sur la détente »), soit, par référendum avec tout le peuple (tous les doigts des mains appuyant sur la détente).
La question qu’il convient de poser cependant, est de savoir, quel mérite a-t-on (si le mot « mérite », a un sens noble sous nos cieux), de faire un tel tir sur une cible inoffensive, qu’aucun tireur maladroit ne peut louper d’ailleurs? Quel mérite a-t-on de taper sa poitrine pour aller abattre un lion tranquille en brousse, si en fin de compte, c’est pour avoir comme résultat, certes le ledit lion tué, mais payer le prix fort, de voir son propre fils dévoré?
- « LAISSES CE QUI TE TROUBLE ET VAS VERS CE QUI NE TE TROUBLE PAS… »
Venons-en aux précisions. Notre nation risque de perdre ses filles et fils ! Ce n’est pas une question d’opposition ou de majorité ! Ce n’est pas une question de pro ou d’anti référendum. C’est une question de bon sens ! Toi pro référendum, toi anti-référendum, cette mort planant dans le ciel burkinabè et qui a tout l’air d’un jeu d’orgueil, n’est pas une fatalité du tout! Elle est fort évitable et à ce titre, je fais appel à ton bon sens via cette sagesse enseignée en Islam par ce hadith: « Laisses ce qui te trouble ; va vers ce qui ne te trouble pas… ».
Convenez avec moi, que la modification de l’article 37 aujourd’hui, trouble tout bon citoyen ; ses ardents défenseurs, Assimi Koanda en l’occurrence, tout comme ses ardents opposants, entres autres, Zéphirin Diabré, sans ignorer ce travail de trop, fort terrible, que les forces de défense et de sécurité vont devoir assurer (…).
Il est clair, à presqu’une année de l’échéance électorale, ces deux leaders politiques, devraient certainement préférer, se voir, en train de battre campagne tranquillement en perspective de présidentielle de 2015. C’est le signe patent de leurs troubles, et avec eux, leurs supporters et tout le peuple burkinabè ! Ledit hadith est d’une pertinence incontestable ici: laisses l’article 37 qui te trouble tant et va vers ce qui ne trouble pas !
IV- FAISONS PREUVE DE SAGESSE ET DE DON DE SOI : LE DIALOGUE FRANC EST ENCORE POSSIBLE
Dans pareille circonstance nationale, l’intelligence citoyenne devient une nécessité d’urgence individuellement et collectivement. Je cite à ce titre, opportunément JOHN RAWLS, ce fervent adepte du dialogue franc et fertile, dans le rôle pratique qu’il confère à la philosophie politique.
Ce rôle « consiste à se concentrer sur des questions profondément litigieuses et à envisager si, malgré les apparences, une base sous-jacente d’accord moral et philosophique peut être découverte.
Au cas où cela s’avèrerait impossible, la divergence d’opinion morale et philosophique à l’origine des différences politiques peut au moins être réduite de manière à pouvoir préserver la coopération sociale entre citoyens sur la base d’un respect mutuel. »(J. Rawls, La justice comme équité, Edition La Découverte/Poche, p. 18.). Aussi, convaincu que tout dialogue n’est pas fertile, étant donné que les conditions dudit dialogue peuvent être viciés, ce grand philosophe de notre temps, prend la précaution d’en décliner quelques critères qui selon lui, sont probants.
V- LE ROLE DE LA SOCIETE CIVILE
Pour finir, les camps politiques, – quelles que soient leurs appellations -, de gauche, de droite, de l’opposition ou de la majorité, doivent s’accommoder de l’existence d’un 3ème CAMP DU CENTRE, non forcément partisan, non moins dynamique, qu’il faut appréhender comme un acteur potentiel du dialogue inclusif, au besoin, dans le rôle de modérateur.
Ce camp central est une exigence du pluralisme démocratique et même une condition pour préserver la survie de chacun des camps opposés. Ce centre est identifiable au citoyen qui ne demande que la paix pour vaquer à ses occupations, au témoin, à l’observateur, au pacificateur, ou encore au médiateur, qui nous a chacun sauvé un jour à l’enfance, dans une bagarre que nous avons dû mener bon gré mal gré, ou par orgueil, la peur au ventre, face à un adversaire de taille ! Sans ce pacificateur, souvent opportunément présent sur les lieux de conflits à tout hasard et abandonnant ses propres affaires pour voler au secours, certains aînés auraient pu perdre la face et voir leur fierté d’aîné blessée, face à un cadet qui a un surpoids de taille !
Inversement, sans lui non plus – c’est-à-dire, sans la présence de ce facilitateur -, certains aînés violents auraient pu terriblement, voire inconsciemment et mortellement écraser leur cadet peu prudent, quitte à regretter après coup ! Ce sont là, des réalités propres à nos coutumes africaines dont on ne peut se passer même quand il s’agit d’affaire d’Etat. C’est d’ailleurs à ce niveau que ce reflexe de voler au secours se montre plus utile, surtout, quand on sait que des milliers de vie sont en danger !
Vivement, que Dieu bénisse notre pays !
Burkina Faso, le lundi 27 octobre 2014.
Idrissa DIARRA
Géographe politologue
Membre-fondateur du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/F).
Courriel : [email protected]
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bonnes propositions si cela peut sauver le burkina, mais le pr?sident a cette tare de ne faire confiance en personne, puisque l’amnestie existe dans la constitution, puisqu’il n’a pas daign? pr?parer quelqu’un capable de lui succ?der, ce qui veut dire qu’il est convaincu d’une chose mourir au pouvoir! Ou se faire ?liminer mais les bons d?mocrates burkinab? ne lui souhaite pas cela.