Tribune : « La frustration professionnelle, un mal profond ! »
Dans cette déclaration, Mahamadi Ouédraogo, journaliste, cogite sur la frustration professionnelle. Bonne lecture.
Il est vrai que tout le monde aspire à travailler afin d’être utile à la société certes, mais également pour en jouir des bienfaits. C’est une aspiration légitime, malheureusement tout le monde n’est pas outillé conséquemment pour faire face à un nombreux défis qui peuplent le monde infernal du travail. Dans les lignes qui suivent, nous avons pris la responsabilité sur nous d’être la voix de ceux qui vivent un climat infernal dans leur lieu de travail, non pas parce qu’ils sont mal payés mais seulement parce qu’ils se sentent inutiles, méprisés et ridiculisés.
Le meilleur d’entre nous est celui qui est le plus utile à sa communauté, nous enseignent les valeurs universelles de la vie en société. Et pour y arriver, le travail bien fait reste le bon cadre d’expression. Si chacun de nous éprouve une folle détermination à bien faire son travail, force est de noter que le climat professionnel ne nous donne toujours pas la motivation souhaitée. S’il y a un mal dont souffrent de nombreux travailleurs dont on en parle peu ou jamais, c’est bien la frustration professionnelle. Ce sentiment d’être négligé, de ne pas avoir le minimum de respect et de considération est en passe de devenir le mal du siècle surtout au Burkina Faso. Et pour preuve, je vous raconte juste quelque cas que chacun pourra apprécier compléter.
Les vertiges du trône
Je pourrai l’appeler ainsi. C’est le cas des nominations des incompétents où des gens qui n’ont pas l’expérience requise à des postes de responsabilité. La théorie de l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut est un vain mot dans nos administrations, publiques comme privées. Le plus dangereux, c’est le fait que le promu, une fois installé, va fouler aux pieds les règles élémentaires de l’humilité et de la modestie. Vu qu’il n’a pas le niveau pour faire le travail qu’on lui demande, il va commencer par jouer à l’homme « fort », le monsieur qui sait tout, le seul maître à penser. Il jugera les autres d’incompétents et il ne cherchera à consulter personne dans ses prises de décisions. Bienvenue en enfer pour ses collaborateurs. Un patron même si c’est sa propre boîte qu’il gère, devrait intelligemment faire preuve d’humanisme : être simplement Homme avant tout.
La jalousie inutile entre les travailleurs
Si vous êtes un bon travailleur consciencieux et que tout le monde dit du bien de vous, vous êtes sûrs de prendre le ticket pour l’enfer. Pour l’éviter, attachez-vous simplement à votre travail. Les gens qui sont incompétents sont rongés par la jalousie quand ils voient leur collègue audacieux et plein d’imagination faire correctement leur travail. De ragots en ragots, tous vos efforts seront réduits à néant et c’est fini pour vous. Votre or sera maquillé avec du charbon pour être présenté à ce patron, dont j’ai fait cas plus haut. Et puisque ce patron est ce que j’ai décrit, vous il ne cherchera pas à savoir s’il n’y a pas de l’or derrière le charbon noir. Cette jalousie sera exacerbée quand les questions de sentiments ou de fesses s’invitent à la situation. Et tout le monde sait que quand une telle perspective devient réalité, l’objectivité fout le camp. Il n’est donc pas rare de voir des aînés ridiculisés par des patrons au profit de cadettes avec l’unique avantage du charme du diable.
Ceux qui sont devant règnent en roitelets dictateurs et veulent avoir le monopole des idées
L’absence de vision pour promouvoir les compétences
Dans le principe, on va en entreprise pour vendre ses compétences et laisser exploser le talent dont on dispose à souhait. Nos services aujourd’hui, dans le privé comme dans le public, sont devenus des cimetières de talents. Aucune initiative pour promouvoir les nouvelles idées. Les gens s’enferment dans les anciennes théories de gestion des Hommes.
Non, les choses évoluent et elles ont évolué d’ailleurs. Ceux qui sont devant règnent en roitelets dictateurs et veulent avoir le monopole des idées, le monopole de tout. Il n’y a rien de tel pour tuer une entreprise. Une idée quelle que soit sa pertinence, ne saurait passer tant que ça ne vient pas du boss, du chef. La conséquence, les talents se meurent puisque les idées ne sont pas valorisées.
Le conflit des générations.
C’est le nœud du problème. Avant, pour avoir le BAC, il fallait au moins être âgé de 25 ans. Mais aujourd’hui, à 25 ans certains sont docteurs, soit BAC+7 car ils ont eu le BAC à 17 ans. C’est le temps de la jeunesse, la passion des idées et le goût de l’innovation.
La génération Thomas Sankara (les grandes idées) comme certains les appellent, associée aux nouvelles technologies de l’information et de la communication offrent plus de facilités, plus de qualité. Mais hélas, cette génération de jeune talent est confrontée à la « hold school » (vieille école). Les jeunes sont combattus (le pire ils se combattent entre eux) et aucune place ne leur est accordée. Et comme la nature a horreur du vide, ils sont laissés à eux-mêmes d’où tous les problèmes sociaux que notre pays connait depuis ces dernières années. C’est le cas de ce jeune qui a sombré dans la drogue et l’alcool car dit-il, son intelligence est telle que personne ne veut croire en lui.
C’est un essai de réflexion d’attirer l’attention de tous. Faisons attention à la frustration professionnelle. Elle est dangereuse pour celui qui la vit mais aussi très dangereuse pour celui qui l’occasionne. Encore pire pour une nation. Personne n’a donc intérêt à rendre le climat du travail invivable.
Dieu seul sait combien la jeunesse burkinabè innove et fait preuve de talent dans tous les domaines de la vie. Ils sont nombreux les jeunes, à ne demander qu’un simple climat serein de travail où leurs idées seront prises en compte et que le travail bien fait sera tout simplement valorisé. Aux chefs d’entreprises, il faut ouvrir l’œil sinon vous risquez un jour de vous retrouver seul face à votre investissement. A tous les jeunes, il faut oser, ensuite rectifier et surtout avancer car demain sera meilleur si on y croit.
Soyons professionnellement compétents, soyons simplement des hommes, des hommes pleins d’humanisme.
Mahamadi Ouedraogo, Journaliste
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