Yalgado Ouédraogo : Bistouri sur un hôpital grabataire

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Le ministre de la santé et les acteurs de santé du Centre Hospitalier Universitaire (CHU), Yalgado Ouédraogo, ont échangé ce jeudi 17 mai 2018 dans les locaux dudit CHU sur les problèmes qui minent, ralentissent et freinent son activité.

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Difficile pour un hôpital malade de soigner des malades. Le Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo a mal. Il souffre de plusieurs maux. Ses acteurs sans langue de bois ont égrené leur chapelet de problèmes à leur ministre de tutelle. Environ 10 départements ont tour à tour exposé leurs soucis au ministre de la santé Nicolas Méda. Les problèmes tournent autour du manque criard d’infrastructures, d’équipements et de la gestion des ressources humaines.

Dialyse : manque d’équipement et de personnel

Pour le service qui s’occupe de la dialyse des patients, son chef de département, Pr Gérard Coulibaly, a indiqué que la capacité d’accueil de leur site pose problème. En effet, explique-t-il, «nous avons 337 patients hémodialysés chroniques, alors que le centre de dialyse ne peut accueillir de que 200 patients aux maximum. On ne peut pas non plus refuser des malades. Le manque d’équipement et de personnel font que nous n’arrivons pas à faire la dialyse dans de bonnes conditions. Les patients sont sous-dialysés. Conséquence, nous avons au moins 10 décès par mois. A Blaise Compaoré, on a 16 malades. A Bobo, il y a une quarantaine. Je suis content pour eux parce que la dialyse se fait dans de bonnes conditions ».  

L’engorgement des patients dans les services de santé du CHU pose un réel casse-tête pour les chefs de département. Il s’offusquent que dans d’autres hôpitaux, ce problème de place ne se pose pas, et que ceux-ci, refusent de prendre les patients.

Coupure de courant

Dans le département stomatologie chirurgie dentaire, la capacité d’accueil est de 8 lits, a déploré Pr Tarcissus Konsem. « Imaginez le nombre d’accidents de Ouagadougou et huit lits. Nous sommes obligés de recevoir les malades par terre. On a des problèmes d’électrification (…). Dès qu’il y a coupure, les parents des malades menacent et disent ceci: « vous savez que vous ne pouvez pas et vous le faite entrer. S’il meurt vous aurez affaire à nous » (…). Des malades sont venus de Ouahigouya,  de Kongoussi et sont repartis chez eux sans avoir été pris en charge (…). Cet hôpital sera ce que le ministère veut qu’il soit », souligne-t-il.

Salubrité, place limitée…

Au niveau des urgences médicales, 30 à 50 malades sont reçus par jour et le service d’hospitalisation est limité en lits,  selon le responsable de ce service. La salubrité est un vrai problème à Yalgado. « Certains malades refusent de manger les repas parce qu’ils se disent que le repas est infecté. La radio et le laboratoire doivent bien fonctionner. C’est inconcevable d’envoyer des malades avec oxygène en dehors de l’hôpital pour faire des examens. Il faut une régulation pour gérer les malades qui viennent des provinces vers Ouagadougou. Cela va éviter qu’il y ait des malades à terre » fait remarquer, le responsable de ce département, Dr Bonkoungou.

Prendre des décisions courageuses

Nicolas Méda a écouté les doléances des départements. Il a admis l’existence des difficultés. « Nous avons conscience que l’hôpital Yalgado est congestionné« , dit-il. Il reconnaît également que l’équipement est dépassé.

Les problèmes de Yalgado ont été évoqués sans langue de bois

Tout comme le ministre a remarqué les problèmes d’accueil. Il note à ce propos qu’il « y a des CHU ici à Ouagadougou qui ont 300, 400 lits vides. Personne ne dort dedans. Et à Yalgado, tout le monde est par terre« . Ce qui l’amène à dire qu’il « faut prendre des décisions courageuses« , allant notamment dans le sens d’une redistribution des services. 

Bientôt un CHU moderne à Bassinko

Mais le ministre de la santé a fait des promesses. Il a promis qu’après cette réunion, il y aura une feuille de route et qu’il s’engage à ce que l’hôpital Yalgado Ouédraogo fonctionne (le CHU a besoin d’environ 5 milliards de F CFA d’investissement), en attendant que l’offre en infrastructure sanitaire s’améliore.

A ce propos, Nicolas Méda a annoncé des projets de construction. Un CHU à Saaba, un hôpital moderne de district à Boulmiougou  et un CHU à Bassinko. Ce dernier, dont les premiers actes de constructions sont prévus pour juin, sera « le plus moderne que le Burkina ait jamais connu« , foi de Nicolas Méda ! 

Irmine KINDA

Burkina24

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