« La situation à l’université est à l’image du pays, c’est-à-dire pleine d’incertitudes » (ANEB/Ouaga)

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Ceci est une déclaration de rentrée de l’Association Nationale des Étudiants Burkinabè Section de Ouagadougou (ANEB/ Ouaga).

Camarades étudiantes et étudiants,

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La rentrée dans les universités publiques de Ouagadougou s’est déroulée cette année dans un contexte national assez trouble marqué par l’avènement d’un second coup d’Etat en l’espace de 8 mois. Ce second coup d’Etat n’est qu’un changement dans la continuité de la politique du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR).

Ce MPSR2 continue dans la même veine d’application des injonctions des institutions de Breton Wood, puisqu’il n’y pas de remise en cause des accords internationaux. Pendant ce temps, la crise sécuritaire s’approfondit. Les attaques terroristes se poursuivent avec leur lot de morts civils et militaires, et de Personnes Déplacées Internes (PDI). Cette situation n’épargne pas les étudiants dont  beaucoup sont contraints désormais de rester à Ouaga, la seule alternative étant de devenir PDI.

Camarades étudiantes et étudiants,

La situation à l’université est à l’image du pays, c’est-à-dire pleine d’incertitudes. Cette rentrée académique a été officialisée par une cérémonie à l’Université Thomas SANKARA (UTS) et message de bienvenue du président de l’Université Joseph KI-ZERBO (UJKZ). Mais force est de constater que cette rentrée (qui est d’ailleurs une reprise) est comme celle des années antérieures.

Pis, c’est une rentrée sans les étudiants, les salles de cours étant quasi désertes. En Psychologie Licence 1 (L1) bac 2020 par exemple, seulement 100 étudiants en moyenne, sur un effectif de 683, prennent part aux cours depuis la reprise. Sur tous les plans, la situation des étudiants n’a connu aucune amélioration. C’est le zèle de l’administration dans la poursuite de l’application des réformes académiques et sociales anti-étudiantes qui est remarquable.

Au niveau académique, le grand désordre des chevauchements et retards académiques se poursuit. Cela crée un chaos indescriptible dans lequel il n’est pas toujours évident de se retrouver. Avec l’application du nouveau régime général des études, on constate que certains étudiants redoublent malgré une moyenne supérieure à 10/20 en master, du fait de la note éliminatoire de 7/20. Ce fut le cas en master 1 sociologie où 13 étudiants sont ajournés.

Quant au décrochage des promotions, après l’UFR/SEA à l’UJKZ c’est l’UFR/SEG à l’UTS qui fait l’expérience douloureuse de ses conséquences. En SEG, les promotions de bac 2019 et 2020 qui évoluent parallèlement depuis la L1 débuteront bientôt la L3 avec chacune 5 options. La promotion des bacheliers de 2018 a aussi débuté la L3 en juin 2022. On se retrouvera donc simultanément avec 15 options, avec le même nombre d’enseignants, les mêmes infrastructures. C’est là l’un des effets pervers que l’ANEB a dénoncé depuis le début du décrochage, notamment la multiplication des promotions.

La situation sociale des étudiants n’est pas non plus reluisante. Au Restaurant Universitaire (RU), comme cela tend à être malheureusement une coutume depuis le début des réformes en 2018 (informatisation avec la carte magnétique, digitalisation avec Digit’MESRI et maintenant C’resto), cette rentrée a été marquée par une perturbation du service due à un problème avec le réseau orange.

Le point culminant est intervenu le lundi 24 octobre 2022 au diner où il n’y a pas eu de réseau dans tous les RU de Ouaga. Au niveau du FONER, pendant qu’on devait être à la 4e session de l’année 2021-2022, on n’en est qu’à la 2e d’abord. Pis, les autorités ont choisi d’exclure la grande majorité des étudiants en excluant une fois de plus tous ceux qui ne disposent pas d’une attestation d’inscription de l’année académique 2021-2022, attestation détenue uniquement par les promotions de bac 2021 et quelques promotions.

Parallèlement, ce sont les bacheliers de 2022 dont certaines promotions ont déjà effectué leur rentrée, qui devront attendre au moins au mois de mars 2023 pour espérer bénéficier de leurs premières allocations. Le problème du logement des étudiants se pose aussi toujours avec acuité. Malgré la forte demande, et après la fermeture des cités Chinoise, Larlé et John Kennedy l’année dernière, le CENOU a décidé cette année de ne pas affecter d’étudiants à la cité universitaire de Kossodo, sous prétexte de réfection.

Ce sont donc des milliers d’étudiants qui seront soumis aux coûts trop élevés des loyers des bailleurs véreux, et aux difficultés de transport. Pour le déplacement de Ouaga à l’UTS, les étudiants continuent à payer le prix le plus fort, c’est-à-dire à donner leur vie. En effet, deux étudiantes ont été écrasées sur la route le lundi 14 novembre 2022. C’est pourquoi nous exigeons l’augmentation du nombre de bus et à un coût étudiant pour leur permettre de se rendre en toute sécurité aux cours.

Quant à la bourse, la misère des boursiers s’accentue en master où les frais de formation sont exorbitants alors que le CIOSPB ne les prend en charge qu’à hauteur de 300 000 F pour les filières littéraires et sciences sociales et 500 000 pour celles scientifiques.

Au niveau infrastructurel, le nomadisme des étudiants se poursuit avec la programmation de cours avec la mention salle à préciser. Pis, des promotions de SDS sont obligés d’aller jusqu’à l’IDS pour faire leurs cours. Et quand il y a des salles où faire cours, ce sont soient les micros qui ne marchent pas, ou carrément des problèmes d’électricité. Ce fut le cas à l’UTS le 28 octobre dernier au cours de Droit International Public dans l’amphi A3 où l’enseignant a dû suspendre son cours.

Parlant des nouveaux bacheliers, la connexion nécessaire aux inscriptions à l’Université Joseph KI-ZERBO (UJKZ) est devenue comme de la loterie. Malgré le programme établi, il fallait espérer avoir la chance et tomber sur un jour où il y a le réseau. Autrement, il faut revenir le jour suivant et tenter encore sa chance. Alors que des étudiants quittent d’autres villes pour venir juste s’inscrire et repartir car n’ayant pas encore effectué leur rentrée. Pour les promotions qui ont débuté les cours, beaucoup d’étudiants ne peuvent pas encore bénéficier des œuvres sociales car n’ayant pas encore d’attestation d’inscription.

Camarades étudiantes et étudiants,

Cette situation dépeinte plus haut amène de nombreux étudiants à n’avoir plus comme seule préoccupation les études, mais également de se battre pour supporter le coût des études et les charges sociales. Cela explique en partie l’absence des étudiants dans les promotions à cette reprise. Tout cela n’est pas étranger à l’application mécanique du système LMD et de sa variante, le nouveau régime général des études qui a pour conséquences les taux d’échec massifs, les taux d’abandon de plus en plus élevés, les renvois d’étudiants.

Camarades étudiantes et étudiants,

Face à cette situation, nous n’avons plus d’autre choix que de nous organiser davantage pour revendiquer de meilleures conditions de vie et d’études. C’est au seul prix de notre engagement, de notre détermination et de notre courage à nous battre, que nous pourrons arracher de meilleures conditions de vie et d’études, et préserver notre université pour nous et pour les générations à venir. Voilà pourquoi nous appelons l’ensemble des camarades étudiants à se mobiliser et participer massivement aux activités (AG, poursuite de la lutte engagée l’année passée, etc.) qui seront organisées par l’ANEB.

L’ANEB Ouaga souhaite une bonne rentrée et une bonne reprise à tous, et formule le vœu que cette année soit couronnée d’acquis académiques et sociaux.

Pour de meilleures conditions de vie et d’études, en avant !

Vive l’ANEB Ouaga !

Vive l’UGEB !

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