Chekier Photo de Paris, un génie de la photographie moderne au galop de Paris-Ouaga-Abidjan
Bosseur, timide, humble. Ces trois mots décrivent par excellence un jeune photographe au sommet de son art. Bien connu du monde des réseaux sociaux, Ismaël Sawadogo, ou Chekier Photo de Paris par sobriquet, a révolutionné le domaine de la photographie et inspiré plus d’un. Burkinabè résidant à Paris, Chekier Photo De Paris, ce grand ami des acteurs du showbiz est sollicité tant dans son Burkina natal qu’au Mali, en Côte d’Ivoire et même en Europe. Ses clichés sont prisés de tous. Burkina 24 est allé à sa rencontre… Lisez !
10h 00 minute. C’est l’heure du rendez-vous que nous avons fixé avec Ismaël Sawadogo dit Chekier Photo de Paris, dans un des jardins de la ville de Ouagadougou. A 10 heures moins le quart, nous y sommes. Sans perdre le temps, on décide de faire usage de notre téléphone portable pour avoir la position de notre invité. « Halo le grand Chekier, nous sommes là. Ok installez-vous et donnez-moi juste quelques minutes ». Nous obtempérons, sans pour autant poser d’autres questions.
Tenue assez décontractée. Complet de pantalon évasé et d’une chemise manche courte, le tout sanctionné d’une paire de claquette qui embellissait ses membres inférieurs. Couleur tigre, puisqu’il aime se démarquer de par ses vêtements.
« C’est le photographe avec qui on demande un selfie »
Pour les moins sapeurs, sa tenue n’attire pas la moindre attention, mais pour les « sapologues », cette tenue fait partie des collections de la fashion week. C’est en bref la tenue qu’il a opté porter pour nous rejoindre.
Svelte, teint noir, cheveux teints de couleur jaune, rien n’est de trop sur son physique. Au contraire, sa taille moyenne et sa corpulence riment justement avec sa mode. Ismaël Chekier n’est pas un personnage qui passe inaperçu que ce soit dans les rues des Champs Élysées de Paris, ou encore sur l’avenue Kwamé N’Krumah de Ouagadougou.
« C’est le photographe avec qui on demande un selfie », lancent de nombreuses langues. Il doit ce succès à son style vestimentaire ou à son professionnalisme. Les lignes suivantes porteront plus de lumière sur cette interrogation.
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Originaire de la région du Centre-Nord du Burkina, précisément de la province du Sanmatenga, à Pissila, Ismaël Sawadogo à l’état civil, comme dans nombreuses familles africaines est issu d’une famille de 5 enfants.
Suite à un évènement malheureux de sa vie, d’où la perte de son géniteur, il se verra dans l’obligation d’abandonner les bancs en classe de CM2 et rejoindre sa génitrice au bord de la lagune Ébrié, avec espoir de trouver de meilleures conditions de vies. Mais hélas !
« En tout cas je suis arrivé en Italie difficilement… »
Confronté aux coups de la vie, il décide alors, après la Côte d’Ivoire de voler vers d’autres horizons, pour tenter de nouvelles aventures. Par une voie pas catholique, il migra pour l’Europe précisément en Italie en 2014. Cette traversée ne figure pas dans les belles pages du jeune photographe au point où il évite d’en parler par peur d’encourager les jeunes à emprunter le même bateau.
« Je suis arrivé en Europe très difficilement, avec une traversée vraiment difficile. C’est une histoire que je n’aime pas raconter parce que je n’aimerais pas inciter mes jeunes frères à emprunter la voie que j’ai empruntée pour arriver en Europe. En tout cas, je suis arrivé en Italie difficilement, de l’Italie je suis resté un peu et après j’ai continué en France », confie Chekier Photo, avec assez de peine.
Du Burkina à la Côte d’Ivoire, de l’Italie en France, la vie n’a pas toujours été rose pour le talentueux photographe. De son rêve d’enfance qui était de devenir mannequin, il va transiter par la mécanique, avant d’opter pour la photographie qui est aujourd’hui sa profession. Une passion d’ailleurs qu’il nourrissait depuis son jeune âge.
Dans sa virée à la botte, Ismaël Sawadogo a eu la noble idée d’épargner quelques petits sous, grâce à ses petits jobs pour s’octroyer son premier appareil photo. Cette idée d’appareil était loin de faire de lui un photographe, mais faire des photos juste par plaisir.
Au prix de 580 euros, soit environ 400.000 FCFA, il obtient son premier bijou. Plus le temps passait, plus il voyait la magie de cet appareil et plus l’amour pour les photos ne cessait de l’envahir. Dès lors, sa passion d’enfance a surgi.
Une fois plongé à l’hexagone, Chekier Photo de Paris décide d’embrasser une carrière en tant que photographe. Comment se faire une place au milieu des titans de l’objectif ? C’est alors là que le jeune Burkinabè va faire développer son génie créateur : Choquer pour plaire.
Pour ceux qui connaissent Chekier Photo de Paris savent qu’il est un personnage assez atypique. Coiffure et style ne laissent personne indifférent. Jupes, barbes teintes, pantalons évasés demeurent sa description, mais surtout sa stratégie pour se faire de la clientèle.
« Quand tu arrives dans un village, il faut chercher à marcher comme les autres. Je suis arrivé en Europe, il y avait beaucoup de photographes, moi je n’étais que dalle. Quand je suis arrivé là-bas, il fallait trouver quelque chose qui allait me démarquer des autres.
Alors, j’ai opté pour le côté vestimentaire. Choquer pour plaire, raison pour laquelle j’ai acheté ma première jupe, et quand j’ai porté la jupe, beaucoup de personnes se sont référées à ça, ah le photographe qui porte la jupe. Automatiquement, je suis resté scotché dans la tête des gens, et un peu un peu, les choses sont venues d’elles-mêmes », révèle le photographe qui porte la jupe.
« Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler toute ta vie »
« Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler toute ta vie », est l’une des citations favorites de l’homme aux clichés magiques, dont il en est une illustration parfaite. La photographie en plus d’être une passion qu’il nourrissait depuis belle lurette est encore une source de revenus pour lui. Grâce à ce métier, il est assez épanoui.
Qui parle de passion du travail parle sans doute de professionnalisme. C’est donc de ce professionnalisme que Chekier use pour attirer les clients. N’ayant pas reçu une formation au préalable, il est de ceux qui ont appris sur le tas. Aussi humble soit-il, il ne se définit pas comme un grand photographe, mais un photographe qui est en apprentissage.
« Comme j’avais la passion, je m’appliquais davantage pour pouvoir avoir de bons résultats. J’ai dit que je ne suis pas un grand photographe, parce qu’on essaie vraiment d’être parfait comme on peut. Peut-être deux ou trois personnes peuvent être satisfaites du boulot, mais moi je cherche encore à apprendre, parce que je dis qu’on peut apprendre avec tout le monde, et on ne finit pas de perfectionner ce qu’on fait », se résigne-t-il.
« je suis plus dans l’évènementiel »
Nombreuses sont les ramifications du métier de la photographie. La photographie de portrait, la photographie d’art, la photographie d’architecture, la photographie d’évènements, pour ne citer que celles-ci. Chekier lui a opté pour la photographie d’évènements, ce qui fait de lui un photographe évènementiel. Et ce choix est stratégique.
« Ce choix de l’évènementiel, c’est quand je suis arrivé à Paris au début, je collaborais plus avec les artistes ivoiriens, burkinabè, de l’Afrique. Donc un peu un peu, la connaissance s’est installée. Quand ils ont besoin de moi, je répondais présent. Et comme je me trouvais bien dans l’évènementiel, pourquoi alors chercher autre ? Donc, je suis plus dans l’évènementiel », a-détaillé le photographe Chekier.
Parlant d’ailleurs de ses collaborations avec les artistes, Chekier photo a un carnet assez garni à ce niveau. Dans son album, il est toujours aux côtés des grandes personnalités du milieu artistique. Feu Dj Arafat, Kérosène, Floby, Sidiki Diabaté, Dj Mix, Imilo Lechanceux, Serges Beynaud, et bien d’autres que ce soit sur le continent africain ou européen. Ce contact facile, il le doit grâce à son sens élevé de l’humanisme.
« Déjà, quand je suis en contact avec quelqu’un je m’arrange à ce que ça ne soit pas de l’intérêt. Appeler pour demander quelque chose, j’évite cela. Quand je suis arrivé à Paris, il n’y a pas mal d’artistes à qui j’ai consacré du temps et de l’énergie sans vraiment attendre quelque chose. Ces personnes ont beaucoup été reconnaissantes.
En me poussant, ils m’ouvraient des portes, ils me faisaient connaitre des personnes, et ces personnes que j’ai eues à côtoyer une fois seulement automatiquement, on devient des amis. Ce n’est pas vraiment la magie, parce qu’ils sentent qu’il y a de la sincérité dans ce que je fais ; ce qui fait qu’on reste amis », soutient-il.
Une idole, il l’est pour la plupart des jeunes photographes du pays des Hommes Intègres. Il a inspiré bon nombre de jeunes à embrasser la photographie. Ce faisant, il n’hésite pas à tendre la perche à ceux qui désirent. Sawadogo Abdoul Nachir Ussen, connu sur les réseaux sous le pseudo Sambiga Wambi, est photographe à Vision Associée.
« Chekier Photo est un modèle pour la jeunesse burkinabè, et pour nous photographes »
Quant à ce chasseur incontesté d’images, il définit Chekier photo comme celui-là même qui a démystifié le métier de la photographie au Burkina Faso. En plus du professionnalisme que dégage Ismaël Chekier, il est socialement très engagé, à en croire Sambiga Wambi.
« Chekier Photo est un modèle pour la jeunesse burkinabè, et pour nous photographes, qui faisons le même métier. Quand tu ne le connais pas et tu le vois sur les réseaux sociaux avec ce qui se fait, tu vas automatiquement établir une barrière, alors que le côtoyer est autre chose.
J’ai eu à travailler avec lui sur plusieurs évènements à Ouaga et à Abidjan, c’est quelqu’un qui est social, qui est très humble, qui se laisse côtoyer, sans problème », lance-t-il à l’endroit de celui qu’il appelle affectueusement Chekier de Pissila.
Vous le savez, il est un grand ambassadeur du Burkina Faso. Ismaël Sawadogo ne manque pas d’occasion de brandir haut les couleurs du Burkina Faso, partout où il se pointe. Il n’est pas rare de le voir dans les grands évènements au pays.
Dernièrement, il était présent aux assises nationales les 14 et 15 octobre 2022, à Ouagadougou. Ce geste est pour le photographe, une contribution à l’effort de guerre. De son avis, chacun a sa partition à jouer pour que la paix retrouve son trône au pays des Hommes intègres. Son engagement aux côtés de la Police Nationale est perçu à travers des images qui subliment la toile à chaque sortie de promotion de l’Ecole Nationale de la Police.
« Que chacun de nous essaye d’apporter un plus pour qu’on puisse sortir par la grande porte. Raison pour laquelle tout le temps, quand il y a un évènement grandiose, j’essaye d’être présent et apporter ma touche. C’est ma contribution pour le développement aussi du pays. Chacun de nous a le devoir de faire quelque chose, on ne peut pas tout confier au président et au gouvernement. Pour que les choses changent, je pense que chacun de nous a sa part de responsabilité », précise-t-il.
Comme toute autre personne, Ismaël Sawadogo nourrit des projets, en vue d’assurer ses vieux jours, mais aussi transmettre son savoir à la jeune génération. « Concernant les projets, depuis un certain temps, je suis en train de mettre de côté un peu d’argent pour pouvoir faire un grand studio ici, qui va permettre de donner une formation à nos jeunes frères qui veulent se lancer dans la photographie. Je peux connaitre quelque chose et je peux aussi apprendre cette chose aux jeunes frères pour qu’ensemble on puisse s’épauler et développer notre pays », dévoile-t-il.
Vous aurez remarqué le côté sociable du natif de Pissila, et son coté bosseur. Mystérieux qu’il soit, il a gardé le prix de ses prestations incognito. Du reste, il dispose d’une Page Facebook, pour ceux qui ont besoin de ses services…
Quelques clichés signés Chekier Photo ⤵
Sié Frédéric KAMBOU
Burkina 24
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