« Cité communale de Korsimoro » : Des habitants de Raguitenga crient au scandale, l’ex Maire ne se reproche de rien, la délégation spéciale rassure
En 2017, le projet de réalisation de la cité communale de Korsimoro a été entrepris par l’ex maire, Salamata Sawadogo. Les habitants de Raguitenga, l’un des 5 villages concernés par le projet, ne sont pas prêts à céder leurs terres. Après une année d’accalmie due à la suspension des activités de lotissement, le problème resurgit. Cette fois-ci, c’est une décision des nouvelles autorités soutenant la relance du projet qui enfonce le clou. Raguitenga crie à la manœuvre de la part de l’ex maire de la commune de Korsimoro, Jacques Ousséni Ouédraogo. La délégation spéciale de la commune est contestée sur la question. L’ex maire indexé et le PDS sortent du silence et les langues se délient.
Le mardi 21 mars 2023 à Ouagadougou, une poignée d’habitants du village de Raguitenga ont tenu un point de presse pour informer des derniers rebondissements dans le projet de construction de la cité communale de Korsimoro.
Ledit projet a été initié en 2017 par Salamata Ouédraogo, ex Maire de ladite commune. La cité s’étend sur quatre cent vingt (420) hectares avec un budget de plus de 15 milliards de FCFA. Les clauses du dédommagement proposé ne paraissent pas reluisantes pour certains propriétaires terriens. Les villages de Sabouri, Poécin, Ouidin, et Raguitenga Village sont également concernés par le projet.
L’affaire a connu beaucoup de rebondissements. Des grincements de dents ont opposé souvent des villages, tantôt populations d’un même village, tantôt populations et autorités administratives et communales.
Raguitenga, un village de la commune de Korsimoro concerné par le projet, « n’a jamais eu l’intention de vendre ses terres », selon Moumouni Sawadogo à la tête d’une délégation venue de Korsimoro pour donner de la la voix, ce mardi 21 mars à Ouagadougou.
5 ans durant, l’affaire continue de faire des gorges chaudes à Raguitenga. Pour cause, les clauses du dédommagement n’est pas de leur gout. Sur chaque hectare, deux parcelles plus la somme d’un million, un million revenait au propriétaire terrien. La colère des populations et de leur chef a poussé le chef de Raguitenga à maudire les terres, selon Moumouni Sawadogo.
Après une année d’accalmie suite à l’arrêt des travaux, le gouvernement du MPRS2 semble relancer les choses. Et c’est le coup de tonnerre pour la population révoltée qui crie au scandale et à la manipulation. Suite à une rencontre tenue le 16 mars 2023 avec la délégation spéciale de la commune de Korsimoro, les autorités ont notifié aux populations l’avis favorable du gouvernement à relancer le projet.
« Jusque-là nous n’avons pas trouvé un consensus »
Si l’autorité communale dit être dans le processus normal, Moumouni et ses camarades rétorquent que « l’ex maire, (Jacques Ouédraogo, ndlr) en complicité avec le technicien des promoteurs immobiliers, CASIF a réussi à mobiliser la quasi-totalité de tous les valets locaux dans ce projet suicidaire avec des promesses inexplicables, juste pour atteindre ses objectifs », a-t-il déclaré.
La délégation spéciale est également contestée sur la question. « Nous appelons ça de l’arnaque foncière. À Korsimoro, la crise foncière n’est pas une bombe à retardement mais plutôt explosive si nous n’arrêtons pas l’intervention des sociétés immobilières », souligne Moumouni Sawadogo.
La population s’indigne également face à l’information donnée par la délégation selon laquelle, le gouvernement donne son avis favorable pour lancer le projet. « Nous étions également étonnés d’entendre que le gouvernement de l’actuelle transition, à travers son ministre concerné, après plusieurs rencontres avec les promoteurs et les autorités locales, a marqué son accord et a même décidé d’accompagner le projet ; quand bien même que ce projet soit suicidaire », décrie Moumouni Sawadogo.
D’ailleurs lui et ses camarades ne croient pas à cette information. Ils disent détenir bien d’informations inverses. Ils sont convaincus que le président de la délégation spéciale de la commune de Korsimoro Ilboudo Abdoulaye agit sous l’influence de l’ex maire, Jacques Ouédraogo.
« Nous avons eu des rencontres avec certains ministres concernés, ils ont dit qu’ils ne sont pas au courant. Mais si la délégation spéciale et les propriétaires immobiliers ont eu des rencontres avec des ministres et qu’ils ont donné leur accord pour accompagner le projet, c’est au gouvernement de diligenter des enquêtes pour savoir c’est avec quel ministre ils ont eu des échanges. Jusque-là nous n’avons pas trouvé un consensus », explique Moumouni Sawadogo.
Ils vont plus loin en criant au scandale et à la manipulation de la part des ex autorités communales sous le couvert de la politique. Les porte-paroles de Raguitenga disent détenir des informations « susceptibles de faire tomber des têtes ».
Pour les conférenciers du 21 mars, le projet bat de l’aile et la tentative de relance contre vents et marées n’a d’autre objectif que de vendre des parcelles aménagées afin de dédommager la population et apurer leurs dettes.
Et pourtant, l’ex Maire Jacques Ousséni Ouédraogo ne se reproche rien !
A la suite de la conférence tenue le mardi 21 mars 2023 par les porte-voix de la population Raguitenga, à Ouagadougou, nous avons tenu à recouper l’information avec la version de personnes concernées.
L’administration est une continuité, dit-on, l’ex maire Jacques Ouédraogo, a hérité du projet avec l’initiatrice Salamata Sawadogo, suite à son admission à l’hémicycle en 2018 en lieu et place de Ismaël Bachir Ouédraogo qui a intégré le gouvernement.
Jacques Ousséni Ouédraogo est outré par l’attitude des populations qui, dit-il, avaient applaudi le projet au début. Là encore, doit-on y voir de la manipulation ? Pourquoi un village parmi 5 villages concernés s’agite tant ? Ce sont là des questions qui taraudent l’esprit de l’ancien Bourgmestre.
Jacques Ouédraogo dit avoir été séduit par le projet qu’il a qualifié d’un projet de développement et d’avenir pour la commune de Korsimoro. Et même les populations ont trouvé alléchantes les conditions de dédommagement en son temps. Ces gestes, mots et regards expriment mieux sa version dans la vidéo qui suit.
« 1 million à l’hectare plus deux parcelles et 1 million pour l’exploitant et reconstruire les cours de ceux y habitent. Jusqu’à dire « une case ronde est compensée par 10 tôles construites clôturées avec des matériaux définitifs. Mais je pense qu’en son temps ça été applaudi. S’il y a des grincements de dents aujourd’hui, moi je me pose des questions.
Je crains fort que ça soit l’aspiration réelle des habitants de ce village. Il y a une feuille morte dans l’eau. L’eau ne pourra jamais, il faut qu’un corps étranger rentre dedans. Moi, je crois à une influence. J’ai peur, je connais le Burkina. A un moment je me suis posé la question, qui m’a dit d’aller à la mairie ? », confie Jacques Ouédraogo.
C’est un rétropédalage des populations qui ont consenti et signé les documents auparavant, selon l’ex maire. Est-il donc à la manœuvre pour manipuler la délégation spéciale pour des fins politiques ? Jacques Ouédraogo répond dans l’élément vidéo suivant.
L’homme qui pourtant se satisfait d’un devoir accompli à la tête de l’exécutif communal de Korsimoro se sent vexé par ce qu’il qualifie d’intérêt égoïste. L’affaire de la cité lui tient à cœur. « C’est un projet salvateur pour la commune de Korsimoro », dit-il.
Des menaces, des malédictions, des sortilèges, l’ancien maire dit en avoir essuyés. Aussi des ultimatums et des pronostics sur sa vie, l’homme en garde des mauvais souvenirs. Mais l’homme dit tourner le regard toujours vers le Tout-Puissant.
Jacques Ouédraogo interpelle la conscience de la population. « Si le projet voit le jour aujourd’hui, c’est des félicitations pour tous les enfants de Korsimoro, car c’est leur projet. S’ils tuent ce projet aujourd’hui, c’est aussi leur affaire ! Je n’aurais pas trop à me reprocher », termine-t-il.
La délégation spéciale de la commune de Korsimoro dit être dans la légalité
Le président de la délégation spéciale de la commune de Korsimoro, Ilboudo Abdoulaye, il s’agit d’un manque de sincérité de la part de Moumouni Sawadogo et ses camarades. A l’écouter, dans le cadre d’un tel projet, le ministère en charge de l’administration territoriale, et le ministère en charge de l’économie devraient signer un arrêté conjoint.
« Mais il y a eu un changement par rapport au décret en fin 2021. Le ministre en charge de l’administration territoriale a donné son accord pour la création au niveau local par quitus de l’organe délibérant et par la création par arrêté communal.
L’idée sera soumise à la délégation spéciale et des concertations seront entreprises avec les localités concernées. Nous rassurons la population que nous sommes sur la bonne voie. La délégation n’est pas un appareil qui sera téléguidé à distance », a clarifié Abdoulaye Ilboudo qui dit être un administrateur apolitique qui agit selon les textes en vigueur au Burkina Faso.
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Akim KY
Burkina 24
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