Odou Sangaré, l’homme qui dompte le fer à Bobo-Dioulasso !
Dans la ville de Bobo-Dioulasso, le secteur informel occupe une place assez importante. Des jeunes se battent jour et nuit pour sortir de l’ornière afin de faire honneur au rang de capitale économique du Burkina Faso qu’occupe la belle cité de Sya, et ce, malgré le contexte sécuritaire global du pays. Dans ce lot de jeunes entrepreneurs, Odou Sangaré, grâce à son entreprise « Atelier Nature Forge » force l’admiration. Maniant la forge avec un savoir-faire dont lui seul a le secret, par son courage, sa dextérité et son sérieux pour le travail bien fait, il s’est fait une renommée dans l’univers de la métallurgie dans la deuxième ville du « pays des Hommes intègres ». Burkina 24 est allé à sa rencontre. Un parcours atypique ! Lisez !
Le regard en coulisse, l’air penché mais rassurant, c’est un homme de l’art qui nous reçoit dans son atelier. Le fer n’a plus de secret pour Odou Sangaré, assis les bras croisés comme pour exprimer son état sérénissime dans le domaine. Eh oui ! Des portes, fenêtres, en passant par les outils à cultiver comme la daba, les charrues, les tracteurs, les motoculteurs sont, entre autres, les produits issus de son « labo ».
Né d’un père agriculteur et artisan, qui maniait également le fer à la perfection, c’est tout naturellement que le petit Odou, dès 6 ans, y prend goût. A l’âge d’aller à l’école, son géniteur l’inscrit à l’école franco arabe. A partir de la classe de CE1, il abandonne les bancs. Avec l’aide de ses frères, ils prêtent mains fortes au patriarche.
La création du centre de formation « Atelier Nature Forge »
Après quelques années d’initiation, notre « artisan en herbe » décide de voler de ses propres ailes. Chose faite ! Il commence à louer un studio où il travaille à son propre compte. Au fil des années, avec un professionnalisme incontesté, une base de données clientèles et dans l’optique de partager ses connaissances avec d’autres personnes amoureuses de la métallurgie, il met en place un centre de formation dénommé « Atelier Nature Forge ». Forge comme dans la vision de forger un avenir radieux avec le fer.
Avec son centre de formation basé au secteur 24 de la ville de Bobo-Dioulasso, à quelques encablures de la RN1, avec plus d’une dizaine d’apprenants, il attire l’admiration. Une fois, les pieds dans le centre, l’on est assourdi par les coups de marteaux par ci, les grincements des scies par là. Tout ce qui est fer est ramolli, modelé, transformé à la guise du client. Une véritable industrie en marche !
Apporter la révolution dans le domaine de l’agriculture
En tant que fils d’un cultivateur, il compte apporter de la modernisation tropicalisée dans le secteur. Il estime que l’agriculture au Burkina Faso, avec plus de 60 ans d’indépendance, ne doit plus être pratiquée avec des outils rudimentaires.
Odou Sangaré compte apporter ainsi de la révolution dans le secteur de l’agriculture. « Nous fabriquons beaucoup de machines. On a des machines à écraser le riz, le maïs, même les machines agro-alimentaires. Aujourd’hui, les gens veulent abandonner le travail manuel. Pour les accompagner, nous avons d’abord fabriqué ce qui pouvait améliorer le traitement de la récolte du maïs. C’est-à-dire vous enlevez d’abord l’enveloppe du maïs avant de faire passer à la machine.
Par la suite, nous avons fabriqué une autre machine plus performante qui enlève et l’enveloppe et les graines de maïs à la fois. Nous disposons d’une autre machine, ça c’est la multifonction. Elle est plus pratique avec le maïs, le riz et le mil. Si vous avez aussi besoin du tracteur, il y en a aussi. Les machines sont rapides. Vous n’imaginez pas le travail qu’elles peuvent faire en une journée », énumère-t-il avec fierté.
Dans la liste de ses révolutions dans le domaine de l’artisanat, se positionnent les baratteuses, des concasseurs, des broyeurs, des Kiro facteurs destinés à la fabrication du beurre de karité, les motoculteurs, les égreneuses à maïs, les batteuses polyvalentes… Bref ! Que du lourd !
La nécessité d’une assistance pour le perfectionnement des artisans
Odou Sangaré estime que les conditions sont réunies pour l’éclosion du génie créateur des artisans. Cependant, il plaide pour une assistance à travers des stages de perfectionnement auprès des professionnels à l’étranger pour élargir son champ d’actions dans l’optique de conquérir le reste de l’Afrique.
« Nous demandons au gouvernement, de nous aider avec les formations. Nous imitons beaucoup les fabrications des Chinois. Très souvent, ils font des machines qui ne sont pas difficiles à copier. Si notre gouvernement nous met en contact avec les Chinois, il y a beaucoup de choses que nous, artisans, pourrons faire.
Mais nous ne pouvons pas avoir la formation sans leur aide. Même s’il faut que nous nous rendions à nos propres frais, l’essentiel qu’il fasse la coordination. C’est ce que nous demandons comme aide. Tout n’est pas une question d’argent, si nous gagnons la connaissance aussi, nous pourrons nous débrouiller pour le reste », souhaite-t-il.
« Nous n’avons pas encore eu de financement pour notre métier »
Généralement, Odou Sangaré travaille avec les coopératives, les associations et les particuliers. Avec la conjoncture internationale, son business est impacté négativement. « Tout a augmenté, mais les clients veulent qu’on maintienne les mêmes prix », fustige-t-il.
Souvent pour faire fonctionner son entreprise, il est obligé de postuler pour les appels d’offres. Cela n’enlève pas l’épine du pied. Depuis qu’il postule, c’est une fois qu’il a été attributaire et même là, après la livraison du matériel, il a fallu attendre plus d’un an avant de rentrer en possession de son dû.
« Nous n’avons pas encore eu de financement pour notre métier. J’ai déjà eu à travailler pour l’Etat lors de l’« opération 100 milles charrues ». A chaque fois qu’il (l’Etat) lance cette commande, il ne donne aucune avance. Et nous sommes obligés de nous débrouiller avec nos fournisseurs afin de trouver des matières premières pour faire notre travail. Parfois, lorsqu’on finit le travail et qu’on livre, il peut nous faire patienter pendant au moins 8 mois sans nous payer alors qu’il n’a même pas donné d’avance », déplore-t-il.
Un service après-vente apprécié
Abdoulaye Traoré, président de l’Union des coopératives de productrices de produits karité du Houet (UCPPK-H) fait partie du portefeuille client de Odou Sangaré. Très satisfait de ses réalisations, il confie avoir effectué plusieurs commandes avec ce dernier. Abdoulaye Traoré révèle la facilité à utiliser les outils de Odou Sangaré et surtout son implication dans le service après-vente.
« Je trouve bien ses fabrications. J’ai pas mal de partenaires. Quand ils viennent visiter et que je leur dit que c’est fabriqué localement ici, ils sont épatés. Je l’encourage vraiment à la persévérance. Le plus important, c’est le suivi après-vente. On a pas mal d’équipementiers quand ils livrent un produit, ils ne passent plus. Et vous pouvez avoir des pannes et ça devient compliqué. Mais lui au moins, il est disponible pour ça. Et je l’encourage beaucoup dans ce sens », notifie-t-il avec satisfaction.
« Nous sommes capables de fabriquer 50% des machines importées »
En termes de perspective, notre artisan espère être une référence dans le domaine ferronnier. « On aurait voulu que les personnes de bonnes volontés nous soutiennent davantage. Nous sommes capables de fabriquer pratiquement 50% de tout ce qui concerne les machines des semences, des récoltes qui viennent de l’extérieur.
Nous voyons que c’est fatiguant de faire venir des machines de l’extérieur. Donc d’ici 5 ans, nous saurons déjà fabriquer beaucoup de choses dont les gens n’auront plus besoin de faire venir de l’extérieur. C’est à ce niveau que nous nous voyons dans 5 ans », espère-t-il.
A l’endroit de la jeunesse, Odou Sangaré explique que l’analphabétisme n’est pas une fatalité et ne devrait pas être un frein mais doit plutôt être une force. Pour les jeunes diplômés, il les incite à suivre des formations dans la perspective d’entreprendre également car c’est un secteur prometteur.
« Il faut penser aux jeunes car aujourd’hui, lorsque vous n’avez pas étudié, c’est comme si vous étiez dans le noir. Mais les apprentissages ne se font pas seulement à l’école. Lorsque vous apprenez un peu à l’école, il faut que vous sachiez aussi apprendre de vous-même. Donc nous encourageons les jeunes à suivre des formations », argue-t-il, fixant au coin d’un bois l’un de ses motoculteurs prêt à vrombir…
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Aminata Catherine SANOU
Burkina 24
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From my view most remarkable action by Mr. Odou Sangare is he shared his knowledge by creating school. His methods plus knowledge of creation of useful tools plus equipment is not receiving attention it should receive in Africa. I hope soon Ubuntu Beliefs Religion UBR Julu are able to assist in making African communications on useful tools, equipment plus conditions known throughout Africa in real time. Thereafter businesspeople may manage that condition.
Needless to say mere fact Mr. Sangare proclaim he is able to manufacture 50% of farming equipment entering Africa give cause to approach him about like manufacturing. With good sales team like Julu are able are farming all useful productive equipment he may manufacture in assembly line fashion will be sold. Total operation would be conceived in Africa plus managed by Africans. It is realistic to conceive that he could even make necessary adjustments to manufacture solar power equipment that efficiently perform plus economical to power.
We must get Mr. Sangare to societal position he should be making his business actions known from. It would be benefit throughout Africa.
Henry Author Price Jr aka Kankan