Boureima Maïga, l’agent de joueurs qui fait galoper les Étalons à l’international !

publicite

Du Racing et de l’USRAN de Bobo-Dioulasso en passant par un centre de formation, Boureima Maïga, aujourd’hui agent de joueurs et dirigeant du Salitas FC raconte les contours du métier d’agent de joueurs au pays de Hommes intègres. Il a, à son actif, 17 joueurs hors du pays, sans compter ceux locaux et sous régionaux. Celui-là même qui s’occupe de la carrière, entre autres, de Edmond Tapsoba, Cédric Badolo et Hassan Bandé, parle du processus de recrutement des joueurs. Un processus dans lequel il dit privilégier hormis le talent, le comportement des joueurs. Dans cet entretien sur Burkina 24, Boureima Maïga nourrit l’espoir de voir nos internationaux briller en Ligue des Champions Européenne (LDC). Il éclaire également l’opinion publique sur des questions sportives au Faso… Lisez !  

La suite après cette publicité

Burkina 24 (B24) : Veuillez vous présenter à nos lecteurs. 

Boureima Maïga (BM) : Je suis Boureima Maïga, agent de joueurs. Je suis un ancien joueur qui vient de Bobo-Dioulasso. Je jouais au Racing de Bobo-Dioulasso et après j’ai rejoint le premier centre de formation burkinabè, Planète. C’est là-bas qu’on a eu la chance de nous faire connaître en équipe nationale cadette, où d’ailleurs on a eu la chance d’aller en finale en Nouvelle-Zélande.

Après je suis devenu dirigeant de football et ensuite devenu agent. Après j’ai dirigé l’équipe nationale avec mon entraîneur que j’avais pu dénicher, Paul Put qui a réussi pour le moment, la plus grande prouesse de cette équipe c’est-à-dire jouer la Finale en 2013. Je suis devenu directeur sportif de Salitas où on est rentré dans l’histoire en jouant deux fois de suite la phase de poule en compétition africaine.

B24 : Comment Boureima Maïga est-il devenu agent de joueurs ?

BM : Quand j’étais déjà joueur, j’aimais beaucoup aider, et des joueurs comme Aristide Bansé, Madi Panentigiri, Zoundi peuvent en témoigner. J’étais quelqu’un qui avait un contact facile même quand j’étais toujours joueur. Cela m’a permis d’avoir une vision après le football.

Je voulais être entraîneur et je me suis rendu compte que je suis un homme qui est actif, qui bouge, qui cherche toujours des idées et là je me suis rendu compte que le métier qui m’irait le mieux c’était de devenir agent. Surtout que j’étais vraiment adopté par tous ces gars du milieu.

B24 : Comment devient-on agent de joueurs au pays des Hommes intègres ? 

BM : Pour devenir agent au Burkina Faso, de nos jours, il faut un test. Moi j’ai eu ce test en 2012. La Fifa avait à un moment donné fait en sorte que tout le monde puisse devenir agent, juste en allant payer les assurances et autres. Des gens confondent agent et manager qui est un entraîneur en d’autres termes. Les agents, ce sont des gens qui s’occupent des carrières des joueurs. 

Et là, ce n’est pas seulement les placer dans les clubs, mais c’est aussi gérer leurs revenus, les conseillers, etc. L’agent en d’autres mots, c’est un conseiller au fait. Que ce soit sa vie personnelle, que ce soit ce qu’il faut faire, est-ce que c’est souvent nécessaire de revenir en vacances ?, comment gérer sa santé ?, etc.

C’est comme un papa et son fils. Nous, en tant que joueurs, on avait eu à faire des erreurs, donc ils ne doivent pas les répéter. Par exemple, nous on revenait trop vite en vacances même si ce n’était pas nécessaire. Aujourd’hui on leur fait éviter cela. Être agent, c’est aussi avoir un carnet d’adresses garni. Pour le réussir, il faut aimer le métier, être dynamique.

B24 : Comment se porte ce secteur aujourd’hui ici au Faso ?

BM : Je pense qu’aujourd’hui le métier est beaucoup embrassé. Il y a des gens à part moi qui arrivent à placer de très grands joueurs. Il y a par exemple Rahim qui a placé beaucoup de joueurs burkinabè. Vous avez Issa à Marseille, Lassina à l’Ajax qui sont des très grands clubs.

J’ai beaucoup de respect pour leur travail, eux qui se donnent à fond pour y arriver. Il a quelques-uns qui sont en train de venir aussi. Moi particulièrement ma chance, c’est que j’ai beaucoup joué en Europe et je me suis fait beaucoup d’amis. J’ai eu cette facilité d’avoir la confiance à l’extérieur. Aussi avec le succès des joueurs que j’ai fait sortir, cela m’ouvre encore d’autres portes.

Actuellement les gens sollicitent Edmond et quand on le sollicite, je le suis aussi. C’est d’ailleurs à cause de ça j’ai connu les Mendes, les Déco et beaucoup d’autres figures. J’ai fait le travail de base mais aujourd’hui c’est eux aussi qui ont fait un travail énorme pour me placer à ce niveau.

B24 : Quelle est la technique pour détecter ces différents talents ?

BM : Détecter un talent c’est un travail qui dure. J’ai beaucoup de gens qui travaillent avec moi dans la sous-région parce que tout seul, on ne peut pas arriver à grand-chose. On les appelle des scouts. Et lorsque le talent est détecté, on l’envoie à mon niveau pour que je valide.

C’est ainsi parce que, des fois, il y a des joueurs qui sont bons mais qui ne répondent pas au profil. Moi je travaille en fonction de cela et c’est ça qui m’aide à trouver les preneurs aussi facilement. Il faut ajouter que la première qualité d’un joueur, c’est son comportement et après vient le talent.

S’il est indiscipliné, c’est difficile. On essaie juste de les gérer pour qu’il change de comportement car sans la discipline, un joueur ne peut pas aller loin. Il m’arrive souvent de lâcher un joueur lorsqu’il ne veut pas se donner à 100%.

B24 : Quel est le secret de Boureima Maïga ?

BM : Le succès aujourd’hui de mes poulains, je le dois à mon travail qui s’accompagne aussi avec la chance. Ce que j’appelle chance ici c’est que Dieu m’a donné cette qualité d’avoir le contact facile, donc d’avoir beaucoup de relations. Il faut aussi dire que ces relations, sans de bons joueurs, cela n’allait servir à rien.

Il y a tout un processus derrière les joueurs que nous recrutons. Il a un préparateur physique, un docteur, les repas sont contrôlés, etc. Pour que le joueur soit performant, il y a vraiment un travail à faire. Souvent on m’envoie leur vidéo pour que je voie leurs performances. Mais je mets d’abord l’accent sur la détection, le travail individuel et après le travail collectif.

B24 : Qu’en est-il de votre écurie aujourd’hui ? 

BM : Aujourd’hui, rien qu’en Europe j’ai 17 poulains sans compter ceux qui ne sont pas là-bas. Mon travail ne se limite pas à là-bas. J’ai envoyé beaucoup dans d’autres clubs. Et je vous dis que ce n’est pas seulement les joueurs burkinabè. J’envoie aussi des joueurs togolais, des Sénégalais et beaucoup d’autres nationalités. J’en parle moins mais j’ai des transferts que je fais qui n’ont rien à voir avec nos internationaux. 

Mais je mets l’accent sur nos nationaux pour que le football burkinabè atteigne un certain niveau. Moi mon rêve, c’est que nos joueurs puissent aussi maîtriser l’hymne de la Ligue des Champions (LDC) ou de l’Europa Ligue, c’est-à-dire qu’ils soient des habitués de ces compétitions. Je pense que cela vient de commencer et ça y est sur le bon chemin même s’il sera long. J’ai beaucoup de joueurs encore et je vous assure qu’ils seront plus forts. 

B24 : Peut-on gagner sa vie, juste avec ce métier, quels sont les contours financiers ?

BM : Les agents des joueurs, ils gagnent, surtout quand tu as l’occasion d’avoir de bons joueurs. Quand tu as la chance d’avoir des joueurs qui sont bons c’est vraiment encourageant et ça peut permettre de faire beaucoup de choses. Chez les joueurs, nous on ne prend rien, c’est avec le club que nous discutons et des propositions comme 5% ou 10% du transfert sortent de ces discussions.

B24 : Après la polémique qu’a créée votre récente sortie, quel est votre mot ?

MB : J’ai été mal compris. Aujourd’hui avec notre carte d’agent on n’a pas la possibilité d’aller signer un joueur en Europe, cela n’est pas possible. Mon combat c’était qu’on puisse aussi reconnaître notre carte. On est obligé de collaborer avec des agents français, belges, soit avec un avocat. Alors que quand eux ils viennent, ils ne passent pas par nous.

Je me rappelle le premier transfert de Bandé au Malines, on m’avait dit que c’était impossible et il a fallu que je passe par un ami belge. Comme j’ai la double nationalité je suis allé payer les taxes et autres pour recevoir la carte qu’on renouvelle chaque année. Ce que j’essaie de dire, c’est que nous n’avions pas tous eu cette chance de pouvoir avoir la double nationalité pour avoir cette opportunité.

C’est dire que nous, agents burkinabè, nous sommes mal barrés avec cette histoire de licence. Sinon je n’ai jamais voulu manquer de respect mais interpeller sur la situation. Mais Dieu merci en cette année 2023-2024, la FIFA a décidé d’une licence unique pour tous les agents. Nous qui étions là depuis 2012, on part juste s’inscrire pour la récupérer.

B24 : Que pensez-vous de la réponse de Kamou Malo sur votre sortie ? 

BM : Malo c’est quelqu’un que j’admire beaucoup pour son travail. J’ai beaucoup de respect pour lui, c’est un compétiteur comme moi. Je voulais juste le motiver à aller chercher ce qui manquait. Je sais que par ces paroles, il va chercher à le prouver.

On le compare à d’autres entraîneurs d’Afrique qui ont prouvé, je pense, que ce côté lui manque. Pour qu’on le qualifie comme un super entraîneur en Afrique, il faudra qu’il arrive à faire ça (prouver dans les compétitions CAF, ligue des champions…). Il l’a même dit à la fin de ses propos que c’est son objectif personnel ; donc je n’ai pas menti, au fond. C’est son objectif qu’il va aller chercher et j’ai confiance en lui.

B24 : Et que dire lorsqu’il dit que Boureima Maïga manque d’humilité et est connu plus en tant qu’agent que joueur ? 

BM : J’ai amené mon entraîneur jouer la finale de la coupe d’Afrique des nations pour la 1re fois au Burkina Faso. Comme dirigeant, j’ai dirigé Salitas sur 3 participations en campagne africaine. J’ai eu la chance avec l’accompagnement de toute l’équipe. Je n’ai pas eu la chance de tout faire et je pense que comme joueur je n’ai pas eu la chance d’écrire une grande histoire.

Tout le monde reconnaît que j’avais un grand talent, mais ce n’est pas forcément là où tu es fort que tu réussis. L’humilité qu’il a dite, je n’ai pas voulu dire qu’on est deux agents au Burkina. Ce que j’ai bien précisé, j’ai dit qu’on a eu la chance qu’on avait des possibilités de voyager et cela nous a permis d’avoir la licence hors d’ici pour faciliter notre travail. Tous n’ont pas eu cette chance.

Je lui ai envoyé un texto d’ailleurs pour le féliciter après sa victoire. Mais dans son interview, il a dit que j’ai attendu après la victoire, mais il fallait une victoire, il fallait qu’il soit champion avant que je le félicite, je ne pouvais pas lui envoyer un message avant pour le féliciter. On s’écrit bien, je n’ai aucune rancune contre lui, je le respecterais pour toujours mais il ne faut pas qu’il oublie, qu’en tant que dirigeant j’ai fait peut-être plus.

   B24 : Deco au Barcelone, un impact sur l’avenir d’Edmond Tapsoba ?

BM : Deco, quand il est venu chercher Edmond, l’objectif c’était qu’il arrive au Barcelone. Il disait à l’époque que dans 3 ou 4 ans, Piqué aura besoin d’un remplaçant. Et il disait qu’il avait observé partout, mais il trouve que c’est Edmond qui a ce profil, s’il continuait à progresser.

Au moment où Edmond devait aller, cela a coïncidé avec la crise du club. Aujourd’hui, il (Deco ndlr) est là-bas et il avait même invité Edmond à Barcelone pour un dîner. Il va tout faire pour arriver à son objectif. 

  B24 : Un mot pour clore ? 

BM : Je demande aux autorités de miser beaucoup sur les compétitions dans les différents secteurs parce qu’il y a beaucoup de talents à l’intérieur qui n’attendent qu’une opportunité pour briller. Le football burkinabè est à son meilleur moment et nous devons tout mettre en œuvre pour maintenir le cap et même faire mieux.

Propos recueillis par Abdoul Gani BARRY

Burkina 24

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×