Nouveau consommateur de drogue, il l’a échappé belle face au juge
Au tribunal de grande instance de Ouagadougou (Ouaga 1), en fin janvier 2024, c’est un jour comme les autres où des présumés criminels et délinquants de tous ordres sont passés devant le juge pour laver leur réputation ou se voir condamnés pour des faits qui leur sont reprochés. Ce jour-là, c’était au tour de Tambila Kaboré (nom d’emprunt) de s’expliquer. Il a été pris avec en sa possession 58 boules de drogue de type chanvre indien.
Pris en flagrant délit avec en sa possession 58 boules de drogue par la police, Tambila Kaboré n’a eu d’autre choix que d’acquiescer la citation des faits énoncés par le juge. “Vous avez été pris avec en votre possession 58 boules de chanvre indien, c’est bien cela? », a demandé le juge au prévenu après tout protocole judiciaire respecté.
Oui, répond l’accusé de façon moribonde. Le regard hagard, la barbe fournie et les dreads descendant jusqu’aux oreilles et la nuque, le prévenu a, sans ambages, reconnu les faits. Le juge pour mieux caractériser l’infraction, lui a demandé ce qu’il faisait justement avec la drogue. Il s’agit pour le juge de savoir si c’est un consommateur ou un vendeur de drogue. Il s’agit là en effet de deux infractions différentes n’ayant pas la même peine.
Mais le filou a flairé le danger. Intuition ou connaisseur des textes juridiques en la matière, il a semblé avoir compris que la lourdeur de sa peine va dépendre de ses réponses face au juge et au procureur. À la question du juge, Tambila a répondu donc de façon mesurée en ces termes : “je consomme. Je suis orpailleur. Je prends de la drogue pour rentrer dans le trou et chercher de l’or”.
Tout de même, le procureur est intrigué par la quantité de drogue prise avec l’accusé qui se dit simple consommateur. “58 boules de chanvre indien juste pour votre consommateur personnel ?, a interrogé le procureur. « Oui oui », a-t-il répondu.
Depuis quand consommez-vous la drogue ?, a poursuivi le juge. “Depuis le mois de janvier 2024”, répond l’accusé. “Janvier et vous êtes déjà à 58 boules ?”, s’est étonné le juge. L’accusé se défend et dit qu’il a juste payé pour 5.000 FCFA de drogue. “Vous avez payé avec qui ? », a rétorqué le juge. “Avec Masta, un Ghanéen qui vient au site d’orpaillage vendre”.
Trêve de débats, l’affaire est assez simple pour le procureur. “Depuis l’enquête jusqu’à sa comparution, il ne nie pas les faits. Il n’y a plus lieu de s’éterniser sur la vente”, a indiqué le procureur. Pour lui, le prévenu n’est qu’un consommateur de drogue et non un vendeur. Sa réquisition ne s’est donc pas fait attendre. Il a ainsi requis une peine d’emprisonnement de 24 mois, dont 12 fermes et une amende de 500 000 F CFA”.
Le juge dans sa magnanimité a prononcé contradictoirement et en premier ressort une peine de “18 mois et une amende de 500 000, le tout assorti de sursis” contre l’accusé. Cela, non pas sans commentaire. « Vous savez ce que ça veut dire ?”, interpelle le juge au prévenu qui s’empressait déjà de se soustraire de ce jugement qui ne l’avait visiblement que trop usé psychologiquement.
“C’est une chance qu’on vous donne, c’est pour cela qu’on vous condamne avec sursis”, a déclaré le Juge au jeune homme qui laissait déjà entrevoir son soulagement après la sentence. « Si vous revenez ici avec les mêmes faits vous verrez. Bonne journée ! Courage !”, a lancé le juge au désormais disculpé qui a vite fait de libérer les lieux. Comme quoi, la justice est aussi conseillère !
Hamadou OUEDRAOGO
Burkina 24
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