Koumdayonré/Ardt 8 de Ouaga : Des populations se victimisent, le promoteur immobilier recadre !

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Des populations, se revendiquant d’être des victimes du lotissement de Koumdayonré, dans l’arrondissement 8, secteur 34 de Ouagadougou, ont lancé un appel urgent aux autorités et à l’opinion publique, à l’occasion d’une conférence de presse, le samedi 13 juillet 2024. Le mardi 16 juillet 2024, la société Assistance technique et travaux publics Sarl (ATTP), pointée du doigt, a fait savoir sa version des faits. 

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Les conférenciers de Koumdayonré

A la suite d’un recensement des propriétaires de terrains de la zone non lotie de Koumdayonré en 2018, ayant pris en compte les habitations inachevées, les habitations virtuelles (maison dont la construction est terminée et encore vide de ses habitants), les habitations réelles (ceux qui ont construit et qui y résident), des conventions individuelles et une convention collective ont été établies pour régulariser la situation foncière dans ladite zone, a d’emblée fait comprendre Bibata Zida/Ouédraogo, représentante des femmes victimes.

La mise en œuvre desdites conventions, a-t-elle poursuivi, a révélé de nombreux dysfonctionnements, exacerbant la situation des propriétaires légitimes. Au nombre de ces dysfonctionnements, « des attributions dysfonctionnelles, des ventes injustifiées, des délocalisations forcées et des contributions financières », a-t-elle en outre cité. Point par point, s’est-elle attelée à expliquer le contenu.

S’agissant du premier point, Bibata Zida a déclaré qu’en dépit des conventions établies, de nombreuses parcelles ont été attribuées à des tierces personnes, au détriment des propriétaires initiaux. Des ventes injustifiées, elle a laissé entendre que l’ex-promoteur immobilier, la société Assistance technique et travaux publics Sarl (ATTP), a procédé à la vente de parcelles initialement destinées aux propriétaires légitimes.

Pour ce qui est des délocalisations forcées, elle a fait savoir qu’elles sont la résultante des deux premières actions. « Les propriétaires de terrains non lotis se voient contraints de céder leurs propriétés aux nouveaux acheteurs et d’être relocalisés sur un nouveau site à Gourma, dans la commune de Tanghin-Dassouri », a-t-elle indiqué.

Elle a en somme déploré les contributions financières exigées aux populations. Dame Zida a en effet rappelé que 225 000 F CFA, 625 000 F CFA et 1 500 000 F CFA, correspondant respectivement à des sommes versées par les propriétaires d’habitations réelles, les propriétaires d’habitations virtuelles et les propriétaires d’habitations inachevées ont été exigées par l’ex-promoteur ATTP.

Plan projeté des 72 ha

Une superficie de 72 hectares

Face à cette situation désespérée, les victimes ont entrepris diverses actions pour revendiquer leurs droits et attirer l’attention des autorités, a par ailleurs informé Mme Zida. Marches de protestation et recours judiciaires et administratifs. « Des plaintes ont été déposées auprès de la justice ; une saisine a été déposée auprès du ministre de l’urbanisme, des affaires foncières et de l’habitat ; la Direction générale du contrôle des opérations d’aménagement et de construction a été aussi saisie », a-t-elle listé.

Dans l’attente d’une résolution ou d’une décision de justice, les victimes se disent désespérées, car « l’ex-promoteur immobilier continue de vendre frauduleusement les parcelles malgré la loi d’interdiction votée par l’Assemblée législative de transition (ALT) en 2023 », a avancé la représentante des femmes victimes.

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La superficie du projet de Koumdayonré, selon Bilal Tiemtoré, représentant des propriétaires de terrains victimes, est de 72 hectares. Il y a eu, a-t-il ajouté, un recensement de 765 concessions. Selon un autre habitant, à l’occasion d’une rencontre avec une délégation de la société ATTP, il est ressorti que 450 concessions ont été attribuées.

Pour les 315 concessions restantes, le promoteur, des dires de cet autre habitant, a proposé de les reloger sur le site de Gourma, dans la commune de Tanghin-Dassouri, à environ 20 Km de Koumdayonré. Ce que les victimes ont rejeté, soutenant que la proposition n’est pas prévue dans les conventions qui ont été signées en 2018.

Version de la société Assistance technique et travaux publics Sarl (ATTP)

Roger Nikiéma, Directeur des aménagements de la société ATTP

Contactée par l’équipe de Burkina 24 pour avoir sa version des faits, la société d’Assistance technique et travaux publics Sarl (ATTP) a jugé nécessaire d’organiser une conférence de presse. Ainsi, le mardi 16 juillet 2024, dans ses locaux, à Ouagadougou, Roger Nikiéma, Directeur des aménagements de la société a reconnu être dans une impasse avec seulement une poignée d’habitants de la zone non-lotie de Zongo ou de Koumdayonré (ndlr selon l’appellation des populations).

S’il a reconnu que le projet de Zongo s’étend sur 72 ha, il a cependant fait remarquer, après une enquête foncière réalisée par sa structure, que trois grands groupes de propriétaires terriens ont été identifiés à savoir la famille du Chef de Zongo (Zong-Naaba), la famille Compaoré et la famille Tiemtoré. Cette dernière famille, à en croire M. Nikiéma, propriétaire de 16 ha, a vendu ses propriétés aux résidents de la zone non lotie. Face à pareille situation, il dit avoir, avec son équipe, décompté toutes les maisons se trouvant sur les 16 ha.

« On s’est rendu compte qu’à l’intérieur, il y a avait des équipements tels que des écoles privées érigées bien longtemps avant qu’on ne vienne sur le terrain. Nous avons approché tout le monde. Nous avons échangé lors d’une Assemblée générale (AG). Nous avons présenté le projet avec une condition que nous avons déposée.

La même condition, avant qu’on n’échange avec les habitants de la zone non lotie, on l’avait déjà présentée aux propriétaires terriens pour leur dire que nous pouvons aménager (ndlr, la zone non lotie), mais à la seule condition qu’une partie des gens qu’on ne pourra pas satisfaire, accepte se déplacer. Cette condition a été acceptée de tous avant que nous ne commencions l’aménagement », a-t-il confié.

Roger Nikiéma et des collaborateurs

A la date d’aujourd’hui, a fait savoir Roger Nikiéma, sur les 16 ha, 768 personnes ont été recensées. De ces derniers, dit-il, 664 personnes ont pu être relocalisées à Zongo, à Zongo Nabitenga et à Gourma. Des 104 personnes restantes, a-t-il fait comprendre, 36 personnes s’opposent au projet de relocalisation ; et ce sont ces personnes qui ont animé la conférence de presse, a-t-il laissé entendre. Pour lui, ce refus s’explique par le fait que ces personnes, propriétaires de plusieurs logements pour la plupart, veulent se voir attribuer tous leurs logements dans la même zone.

S’agissant du propos l’accusant de « vendre frauduleusement les parcelles malgré la loi d’interdiction votée par l’Assemblée législative de transition (ALT) en 2023 », la société ATTP a plutôt parlé d’allégations. « Ce sont des allégations de dire qu’ATTP continue de vendre des parcelles », a répondu M. Nikiéma.

La société ATTP, après avoir formulé d’autres propositions, dit toujours rencontrer un refus des populations.  Elle s’est, somme toute, toujours montrée ouverte au dialogue afin de trouver une issue favorable à cette situation. « Nous avons fait ce que nous pouvons faire dans notre responsabilité sociale en tant que société. Nous sommes ouverts au dialogue », a indiqué Roger Nikiéma.

Tambi Serge Pacôme ZONGO

Burkina 24

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Serge Pacome ZONGO

Tambi Serge Pacome ZONGO, journaliste s'intéressant aux questions politiques et de développement durable.

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