Lutte contre la corruption : Le KORAG révèle l’ampleur des dysfonctionnements dans l’administration publique

Le Comité d’Orientation de la Commission de Régulation des Dysfonctionnements (CRD), saisi par le KORAG, a présenté le jeudi 25 septembre 2025 les conclusions de neuf mois d’enquêtes. Le rapport met en lumière une persistance inquiétante de la corruption, des détournements et de nombreuses mauvaises pratiques dans l’administration publique.
Cette communication fait suite aux instructions fermes du Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, qui avait exigé en novembre 2024 une intensification de la lutte contre la corruption, les malversations et le terrorisme. Entre décembre 2024 et août 2025, une centaine de dossiers ont été étudiés, issus de dénonciations anonymes et d’auto-saisines.
Les procès-verbaux des sessions de la CRD révèlent des pratiques variées. Il s’agit de corruption et enrichissement illicite, abus de pouvoir et licenciements abusifs, falsification de documents administratifs et judiciaires, détournement de biens publics et vols de matériel.
Parmi les cas emblématiques figurent des faits de corruption au service d’hygiène de Ouagadougou, accompagnés de menaces, des malversations et rackets dans la commune de Zabré.
Ensuite, des soupçons de corruption contre un substitut du procureur dans une affaire impliquant d’anciens ministres, des irrégularités au Trésor, au foncier, à la SOCOGIB et dans certaines coopératives.
Un avocat est également mis en cause pour le détournement d’un terrain appartenant à une collectivité, un dossier marqué par des traitements jugés discriminatoires par la justice.
L’affaire des faux diplômes
Un axe majeur de l’enquête a concerné l’authenticité des diplômes utilisés pour accéder ou évoluer dans la fonction publique. Plus de 6 000 diplômes d’agents issus de la Présidence, des ministères et d’institutions indépendantes ont été vérifiés.
Des agents identifiés comme détenteurs de faux diplômes ont déjà été révoqués et devront répondre devant la justice. Toutefois, le KORAG indique qu’un allègement des sanctions pourrait être envisagé pour ceux qui se dénonceront volontairement.
Détournements dans la santé et l’humanitaire
Le rapport met aussi en évidence des cas graves dans le secteur humanitaire et médical. Des spoliations de kits pharmaceutiques et de matériel hospitalier, le détournement de vivres destinés aux déplacés internes du camp de Goudébo (Dori), redirigés vers la restauration du CHR de Dori, avec une complicité présumée d’agents hospitaliers, de fournisseurs et du PAM.
Un appel à la vigilance citoyenne
Le KORAG souligne que ces pratiques « entachent sérieusement l’image de marque et la respectabilité de nos administrations », dans un contexte où les populations subissent déjà les effets du terrorisme.
Des sanctions administratives et judiciaires sont promises à l’issue du processus.
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Le Comité invite les citoyens à dénoncer tout cas de corruption ou dysfonctionnement, notamment via le numéro vert 199 du Centre national d’appels.
Enfin, il met en garde contre les tentatives de manipulation de la part de ceux qui perdraient leurs privilèges, et réaffirme l’objectif : bâtir une société intègre, juste, prospère et souveraine, conformément à la vision du Chef de l’État.




