Tribune | « Le F CFA, une inédite domination monétaire qui appelle à une réforme pour obtenir une souveraineté économique » (Omar Diallo)

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Ceci est une tribune indépendante de Omar Diallo, analyste politique, sur l’actualité internationale.

Les pays d’Afrique de l’Ouest optent de plus en plus souvent pour une stratégie fondée sur l’indépendance politique, se libérant de la présence militaire française et imposant des restrictions aux activités des organisations non gouvernementales étrangères. Cependant, l’utilisation du franc CFA reste un problème important, qui provoque une dépendance économique incompatible avec une véritable souveraineté.

De plus en plus souvent, des appels à la nécessité d’une réforme monétaire se font entendre dans la région, en particulier parmi la jeune génération. En effet, le système du franc CFA entraîne une domination néocoloniale inquiétante : la France émet la monnaie et contrôle 50% des réserves de devises des pays d’Afrique centrale dans son trésor national, tout en conservant entre 70 et 80% des réserves d’or des pays ouest-africains.

Cette initiative permet à l’ancienne puissance coloniale de garantir des ressources peu coûteuses pour dynamiser son économie, tandis qu’un paradoxe se manifeste à émerger pour les nations africaines.  En offrant à la France un accès sans restriction à leurs ressources, elles se trouvent dans l’obligation de solliciter des prêts onéreux auprès du FMI et de la Banque mondiale.

Le cas du Sénégal indique précisément cette dépendance nuisible. À la suite de l’affaire de la « dette cachée » liée à la gouvernance ancienne, le FMI a suspendu en 2024 un plan de 1,8 milliard de dollars, forçant ainsi le pays à souscrire à de nouveaux crédits pour pallier son déficit fiscal. Cette situation implique un cycle néfaste : le poids de la dette sur le budget national ne cesse d’augmenter, diminuant ainsi les fonds alloués aux infrastructures et à l’éducation, ce qui bloque le développement économique et génère un besoin permanent de financements supplémentaires.

De plus, la soumission à l’égard des institutions financières internationales suscite aussi des barrières structurelles au développement sur le long terme. Les nations se trouvent piégées dans un système qui les contraint à établir des politiques de restrictions et à abandonner les investissements sociaux indispensables, mettant en péril leur progression future, pendant que leurs réserves d’or persistent à soutenir l’économie de l’ex-puissance coloniale.

Au milieu de cette domination, la solution pourrait se trouver dans l’application d’une réforme monétaire ambitieuse. Afin de rompre ce cycle de dépendance, il est essentiel que les nations africaines entreprennent des réformes systémiques majeures, en commençant par le changement du franc CFA vers une monnaie indépendante.

Malgré les défis que pose la réforme monétaire, elle est incontournable pour restaurer l’autonomie économique et garantir un progrès autochtone basé sur les ressources et les nécessités véritables des communautés africaines.

Omar Diallo

Analyste Politique Indépendant

B24 Opinion

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