« Folo, il était une fois… » de Loci Hermann Kwéné : « Un cinéma calebasse » assumé
Un des deux courts-métrages fiction burkinabè en compétition au FESPACO 2017 est « Folo, il était une fois… ». Signé de Loci Hermann Kwéné, le film semble, à bien des égards, d’une autre époque. Une œuvre totalement assumée par le jeune réalisateur.
Avec « Folo, il était une fois… », on se croirait dans un film des années 1980-1990. Tous les ingrédients, ou presque, de ce court-métrage de 25 minutes rappellent les œuvres cinématographiques de cette époque.
D’abord l’histoire. Il s’agit d’une fable évoquant le pendant humain dans la nature. Dans le village de Horoyadougou, chaque habitant a le sien, un poisson du marigot sacré. Sa survie est, ainsi, fonction de celle de ce pendant aquatique. Pour dire cette fable, Loci Hermann Kwéné prend le prétexte d’une histoire d’amour entre trois jeunes gens.
Djougou (Moussa Yanogo) et Douba (Fayçal Soura), tous deux amoureux de la même jeune fille, doivent s’affronter en duel pour désigner celui qui épousera Babani (Diane Yelli). Sachant que celle-ci a son préféré. Et pendant que les deux prétendants se livrent ce combat sans merci dans les eaux du court d’eau, c’est aux côtes du sage Bala, magistralement incarné par le vieux briscard du 7e art africain, Hamadou Kassogué, que la belle espère voir son amoureux sortir vainqueur du face à face.
Ensuite, le décor et les costumes. Ils sont d’époque. « Folo, il était une fois… » se déroule dans la brousse verdoyante de Dissin, précisément dans le village de Navri kwé, une localité du sud-ouest burkinabè. La nature y est relativement bien préservée et offre un décor différent de ceux atteints par des travers de la modernité comme le péril écologique que sont les sachets plastiques. Une aubaine pour le réalisateur, pas obligé de passer par la case fabrique du décor.
Il ne se prive, d’ailleurs, pas de le faire admirer, sans toutefois s’y attarder à l’excès. Pour accompagner ce décor, Loci Kwéné habille ses comédiens de tenues passées de mode. Les deux rivaux n’ont pour vêtement que le caleçon traditionnel jadis dévolu aux garçons. Le vieux sage est drapé de la tunique qui sied à son statut et l’héroïne, tout comme les lessiveuses au puits, sont en pagne « deux pièces ». Des costumes, tous taillés dans la cotonnade tissée traditionnellement. A tout ceci s’ajoutent les coiffures à cauris des jeunes filles et celles des deux hommes.
Enfin, le jeune réalisateur, d’autre part administrateur de cinéma au Ministère de la Culture et du Tourisme, opte pour le style narratif, avec les explications du vieux Bala sur l’origine du lien entre le poisson et l’homme.
Et même si le jeu d’acteur des trois jeunes protagonistes est limite, la mise en scène, elle, emprunte beaucoup aux devanciers du domaine. D’ailleurs, Hermann Kwéné se réjouit d’avoir procédé de la sorte. Il a abandonné, à cet effet, le chemin emprunté dans un premier film « Le « chant de la survie » (2012) dit « plus de son temps ». Il dit, du reste, assumer ce type de cinéma pratiqué, jusqu’alors, par des réalisateurs à l’image d’Idrissa Ouédraogo et qualifié par certains de « cinéma calebasse ». C’est-à-dire, « un cinéma qui ne montre que l’exotisme du village au moment où l’Afrique devient de plus en plus urbaine ».
Et aux détracteurs de ce genre, Loci Hermann Kwéné répète les propos du parrain du 25e FESPACO, Alpha Blondy, « Le cinéma calebasse tant décrié fera le salut du cinéma africain ». Cela, le cinéaste s’en dit convaincu.
Annick Rachel KANDOLO
ASCRIC-B
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