Drame de Yirgou : A la justice de « s’assumer pleinement »
Cela fait un peu plus d’un mois et deux semaines que Yirgou et ses environnants sont devenus tristement célèbres en raison des tueries qui s’y sont déroulées. Comme toujours, attendue par les populations, la justice tarde à éclairer l’opinion publique sur le sujet. Et pourtant, renvoie l’exécutif, c’est à elle de « s’assumer pleinement » sur le sujet.
Le porte-parole du gouvernement était ce mardi 12 février 2019 dans les locaux de Burkina24. La visite a cédé place à un entretien au cours duquel, il a été questionné sur certains sujets de l’actualité dont le drame de Yirgou et la relecture prochaine du code pénal pour prendre en compte d’autres types d’infractions et de délits en lien avec la cybercriminalité et l’usage qui est fait des réseaux sociaux par les internautes.
Des actes concrets dans le sens de faire la lumière ?
Le porte-parole du gouvernement, qui défend l’exécutif en se référant au déplacement du chef de l’Etat sur le site et les actions entreprises à travers le ministère de la solidarité nationale à Yirgou, renvoie la balle dans le camp du pouvoir judiciaire. Le nombre de victimes annoncé par l’exécutif est loin de correspondre à celui donné par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC).
L’organisation lors de sa dernière sortie médiatique informait de la mort de 210 personnes à la suite au massacre commis à Yirgou et dans les villages environnants dans la commune de Barsalogho dans le Sanmatenga. « A un certain moment, la justice est rentrée en branle. Il y a des enquêteurs qui sont allés sur le terrain. Les associations disent il y a eu 210 victimes. Nous ne pouvons pas dire c’est vrai ou c’est faux. Ce n’est pas au gouvernement de le faire. C’est la justice », redirige le porte-parole du gouvernement.
« C’est à notre nôtre justice de s’assumer pleinement sur cette question. Il n’est effectivement pas normal qu’un mois après, les populations attendent de savoir le nombre exact de victimes », s’étonne le ministre tout en invoquant la séparation des pouvoirs et la « mise à disposition des moyens » au profit à travers les « actes pris par le gouvernement », en référence aux textes de lois qui confèrent aux magistrats des « facilités » pour enquêter et dire le droit.
« Donc à la justice de se mettre en branle et d’apporter des réponses », a déclaré Remis Dandjinou.
« Dans la concertation »
Le code pénal a connu une relecture l’année dernière. Mais une autre relecture se profile à l’horizon. Elle portera sur, entre autres, des infractions relatives à la cybercriminalité, au cyber-harcèlement et sur bien d’autres délits et infractions dans l’espace virtuel.
Certes, « il est clair que dans le livre VII du code pénal, il y a certain nombre d’éléments qui sont liés à la cybercriminalité ». Mais justifie le porte-parole du gouvernement, « il est apparu aujourd’hui nécessaire de regarder un certain nombre de délits, d’infractions qui n’avaient pas été pris en compte et qui se sont révélés dans la pratique ces derniers mois et ces dernières années ».
Cette relecture, l’exécutif presque toujours retoqué devant les juridictions de recours, indique ne pas vouloir le faire dans la « précipitation ». Le gouvernement veut « prendre le temps pour que cette relecture ne porte pas atteinte à la liberté de la presse, d’opinion, d’expression des opinions ». Pour bien de raisons qui vont de soi, à écouter Remis Dandjinou.
L’une d’elles, c’est l’apport des réseaux sociaux dans l’avènement d’une autre ère que celle du président déchu Blaise Compaoré. « On ne peut pas réguler les réseaux en oubliant ce que ça a été pour nous. Dans l’insurrection, dans la résistance au coup d’Etat, ça a été important. Dans l’expression des populations, c’est important. Pour les lanceurs d’alertes, pour les activistes, c’est important », énumère-t-il.
Cependant, relativise-t-il, « il faut que nous puissions avoir ce juste milieu pour que la liberté des uns ne vienne pas empiéter sur celle des autres » et ce, tout en s’assurant de l’adhésion des justiciables aux modifications qui seront apportées au texte qui sera envoyé devant la représentation nationale.
« Cela se fera dans la concertation » dans l’optique d’aboutir au « consensus nécessaire pour que tous ceux à qui cela va s’appliquer puissent l’accepter » afin que les citoyens n’aient pas « l’impression que cette une brimade, une oppression, une violation d’un plus fort sur un autre », rassure le porte-parole du gouvernement.
Le tout, termine-t-il, en prenant le « soin de faire en sorte que les éléments de valeurs telles que l’intégrité et la défense de nos forces de défense et de sécurité, la vie privée etc. soient mieux protégées au niveau des réseaux sociaux ».
Oui Koueta
Burkina24
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