Au-delà des hommages !
Des Burkinabè d’exception, il en existe. Hier, c’était, entre autres, Yacouba Sawadogo, prix Nobel alternatif 2018 ; Iron Biby, détenteur de plusieurs records du monde dans sa discipline, Hugues Fabrice Zango, médaillé de bronze aux JO de Tokyo. Aujourd’hui, c’est au tour de Diébédo Francis Kéré, premier Africain à décrocher le prix Pritzker, l’équivalent du prix Nobel d’architecture, de rehausser la fierté nationale en faisant flotter haut le drapeau burkinabè.
Le charpentier de Gando qui est parvenu à se hisser sur le toit de l’architecture mondiale, comme les autres icônes, a reçu la semaine passée les hommages de la Nation. Accueil triomphal à l’aéroport, audience à la Primature et à la Présidence avec à la clé une autre médaille au cou, retour tout aussi triomphal dans son patelin… Le scénario est bien connu et éprouvé !
Adulées, érigées en héros nationaux, nos étoiles ont toute la particularité d’avoir commencé à briller sous les cieux occidentaux ou ont été révélées par les projecteurs occidentaux.
Iron Biby aurait-il découvert son don si particulier, si ces études ne l’avaient pas conduit au Canada ? Hugues Fabrice Zango aurait-il été « l’homme volant » qu’on connait, s’il ne s’entrainait pas en France ? Le vieux Yacouba de Gourga n’était-il pas pris pour un fou par ses semblables ? N’est-ce pas d’Allemagne que Francis Kéré a conquis le monde ?
On peut être sûr, leurs génies ne sont pas singuliers. On a plein de Hugues Fabrice Zango et de Francis Kéré dans nos villes et villages, mais qui pourraient ne jamais éclater au grand jour parce que rien ne leur permet d’éclore.
Des symboles du Burkina triomphant…
Ni les conditions matérielles, ni l’environnement et encore moins la vision n’existent. Ceux qui parviennent quand même à faire émerger la tête hors de l’eau ont dû se battre contre des moulins à vent.
Et à bien y regarder, même ceux qui, aujourd’hui, sont portés aux nues par les premières autorités n’ont pas toujours bénéficié de l’aide de l’Etat quand il le fallait ou sont vite oubliés dès que les caméras s’éteignent et que l’euphorie retombe.
On a tous en mémoire cette image insoutenable de Yacouba Sawadogo, assis le regard livide, au bord des larmes, sur les cendres de sa forêt dont une partie a été incendiée. Il aurait fallu l’indignation populaire pour que la puissance publique daigne clôturer son périmètre de 28 hectares.
Nos héros méritent bien plus, parce qu’ils sont devenus des symboles du Burkina triomphant, des « voyageurs, représentants et placiers (VRP) » qui vendent l’image du pays hors des frontières et qui peuvent se révéler de précieux atouts diplomatiques pour porter la voix du Burkina.
Faisons mieux, pendant qu’il est temps ; ne perdons plus de vue les héros nationaux !
La Rédaction
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